Route End Vol.8 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 22 Juillet 2020

Critique 1 :

Alors que tout désignait End, alias Masato, à être purement et simplement un meurtrier, les investigations ont fini par mettre à jour une vérité beaucoup plus complexe: hormis les triplés dont le cas reste partiellement un mystère, les victimes se sont en réalité suicidées, et Masato s'est "contenté" de maquiller leurs suicides en meurtres atroces. La raison ? Le traumatisme lié au suicide de sa mère quand il était enfant. Depuis ce drame, le frère de Taji ne peut s'empêcher de penser qu'il n'y a rien de plus impardonnable que le suicide, chose encore plus impardonnable qu'un meurtre à ses yeux... Même s'il reste coupable de crime, Masato pourrait alors bénéficier de circonstances atténuante à son procès... mais toute l'affaire est-elle résolue pour autant ? Le cas des triplés reste encore un peu nébuleux, tout comme la disparition du frère d'Igarashi autrefois, ou tout simplement la raison ayant poussé toutes les "victimes" d'End à se suicider. Bientôt, entre d'un côté ce que Masato a à dire à la police sur la façon dont il repérait les futurs suicidés, et d'un autre côté une étonnante visite de Taji en un certain lieu, tout semble converger vers un personnage en particulier, pour, au final, une vérité risquant d'être étonnante...

Étonnante ? Eh bien, pas forcément: au vu des indices ayant pu être disséminés assez tôt dans la série, il était prévisible que ce personnage en particulier soit impliqué, mais cela n'est en rien un défaut: ça montre simplement que l'auteur Kaiji Nakagawa avait bien pensé cet aspect-là. En revanche, il sera possible de ressortir un brin dérouté voire insatisfait au bout de la lecture sur certains aspects, on pense ici à certains éléments vraiment trop vite passés en revue comme le cas du frère d'Igarashi, ou plus encore à ce que l'auteur a finalement décidé de faire concernant le cas des triplés et de "Tachibana". Sur ce dernier point, l'idée est intéressante, mais la part "fantastique" du truc fait un peu tâche dans une série qui en était jusqu'à présent dépourvue, et surtout le final punitif envers le "vrai tueur" a beaucoup trop des allures de deux ex machina permettant au mangaka de résoudre les derniers problèmes de manière simpliste. Il y a bien la petite portée symbolique concernant "Tachibana", son rapport unique (c'est le cas de le dire) à la vie en contraste avec la mort omniprésente dans la série et l'antagonisme qu'il oppose au vrai coupable se sentant "divin", ainsi que le petit épilogue 30 ans plus tard qui est sympathique, mais ça ne suffit pas à enlever le petit goût amer restant une fois la dernière page tournée.

Et pourtant, avant cette dernière partie du récit, tout ce qui a lieu dans ce volume est vraiment intéressant voire captivant, car malgré une certaine linéarité où l'enjeu principal est de trouver comment coincer le vrai coupable qui ne s'est pas directement sali les mains, Nakagawa continue d'y aborder avec une certaine profondeur tout un questionnement autour de la mort et du rapport que l'on peut avoir avec elle. Cela passe par le coupable lui-même, ayant une certaine fascination à se prendre pour une sorte de dieu en poussant les autres à la mort, mais aussi par Taji qui comprend la vérité justement grâce à la partie de lui qui désire mourir, sans oublier Masato au début bien sûr, ou tout simplement les différents suicidés qui furent auparavant déjà poussés à bout par les aléas de leur entourage: abus sexuel, violence, divorce... Le portrait est assez complet.

Au bout du compte, si tout ne satisfait pas dans la conclusion de Route End qui est ici plutôt linéaire et très facile par certains aspects, le récit de Nakagawa brille en revanche jusqu'au bout pour son rapport à la mort, thématique centrale de l'oeuvre depuis ses tout débuts. Il en résulte, dans l'ensemble, un thriller psychologique, mystérieux et macabre réussi, même si l'on pouvait attendre un peu plus de son final.


Critique 2 :


Masato a été arrêté pour les multiples meurtres commis avec sauvagerie, l'identité de END est donc révélée au plus grand désespoir de Taji, le frère du meurtrier !

Mais il semblerait, que cette enquête, déjà complexe, soit encore pleine de surprises: en effet, Masato n'aurait pas tué lui même les victimes, il se serait contenté de maquiller des suicides en meurtres, pensant que le suicide est quelque chose de plus difficile à accepter que le meurtre pour les familles! Derrière ce geste morbide, se cache une volonté de bien faire et de soulager les familles.
Tout ceci, devrait jouer en faveur de Masato pour éviter la peine capitale, bien qu'il ne nie pas avoir bel et bien tué les triplés...

Et c'est bien là que ce situe le problème essentiel de cette conclusion !

Encore un titre dont la fin ce sera fait attendre du fait des conditions de parution bien particulière qu'on connaît, et l'attente était d'autant plus forte que la conclusion du volume précédent dévoilait une incroyable surprise totalement inattendue !

On sait maintenant que Masato n'est pas réellement le tueur End...mais on ne sait pas pour autant comment il repérait les personnes sur le point de se suicider et quelles étaient leurs liens... Et bien cela sera dévoilé ici, car il y a bel et bien une responsable de ces morts, même si là encore on peut difficilement parler de tueur puisqu'il se contentait de pousser les victimes au suicide sans se salir lui même les mains !
La révélation n'est pas aussi frappante qu'on aurait pu le souhaiter, on l'a vu venir depuis quelques chapitres, d'autant que l'introduction du personnage en question ne se justifiait pas pour d'autres raisons.
Mais ce n'est pas bien important puisque la construction de la révélation nous tient en haleine, elle se fait par deux biais en parallèle que l'on doit aux deux frères: d'un coté Masato dévoile à la police ce à coté de quoi ils sont passés et de l'autre, Taji, recherchant de l'aide comprend les mécanismes mis en place par cette personne, son rapport à la mort étant tel que cela ne fonctionne pas avec lui !
En cela c'est une approche intéressante, et tout le rapport à la mort tout au long de la série à quelque chose de fascinant !

Tout va bien alors, la conclusion est réussie? Et bien pas du tout !
Il reste des questions sans réponse, on ne comprend toujours pas l'histoire du frère de l'inspectrice Igarashi! Que vient faire un sosie dans cette histoire? Clairement un élément que l'auteur n'a pas su développer et qu'il a du abandonner en cours de route !
Mais le pire, et clairement ce qui vient tout gâcher et nous laisse un goût terriblement amer, c'est la résolution (qui n'en est pas une) concernant les triplés !

Sans qu'on le voit venir, sorti totalement de nulle part, l'auteur nous propose une explication fantastique dans ce qui a toujours été un thriller! A ce moment précis l'auteur vient trahir la diégèse de son titre, il vient rompre le contrat avec le lecteur qui depuis huit tomes essaye de trouver des pistes, des indices réalistes pour au final avoir une explication fantastique !
C'est comme ci demain on nous expliquait que John Wick est un extra terrestre! Ça n'a aucun sens et cela trahit le reste de l’œuvre !

Et c'est d'autant plus dommage que tout ceci débarque au tout dernier moment car c'est ce qu'on va retenir, c'est sur cette note amer qu'on va rester, au détriment de toute la construction fascinante qui nous a été proposée jusque là !
On se retrouve avec un titre excellent, pour lequel on peut deviner que l'auteur lui même n'a pas su comment le conclure et nous pond alors des Deus Ex Machina pour facilités scénaristiques !
Quel dommage, quel gâchis! Le titre réunissait tellement d'éléments intéressants, de réflexions profondes et pertinentes...

Un volume prenant, qui aurait mérité de nous laisser dans le doute sur certaines questions plutôt que d'apporter des réponses à l'encontre de sa diégèse !
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

11 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction