Roji ! Vol.1 - Actualité manga

Roji ! Vol.1 : Critiques

Roji !

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 23 Novembre 2012

Après nous avoir enchanté dans la trilogie Kamisama, le mangaka Keisuke Kotobuki revient enfin en France avec, cette fois-ci, une collaboration directe avec les éditions Ki-oon, qui récidivent donc ce type de collaboration après l'avoir fait avec Tetsuya Tsutsui pour Prophecy. Mais cette fois-ci, l'éditeur officie dans un tout autre genre, en nous offrant un manga principalement adressé aux plus jeunes.

Roji ! nous plonge dans la ville de Kamishiro, où vivent plusieurs enfants aux caractères bien marqués. Yuzu, plutôt déjantée et toujours prête à partir à l'aventure, a pour petite soeur son exacte opposée, Karin, une petite frimousse faussement taciturne, plus posée, et sans doute plus digne de confiance que sa frangine. Elles ont pour amis, entre autres, Marika, une fille de bonne famille lente et dans la lune, ou encore Juzo, gamin bagarreur toujours en train de provoquer en duel Yuzu. Avec quelques autres amis qui viennent s'ajouter au fil des pages, la bande de gosses s'invente de véritables petites aventures pour animer leur quotidien dans la ville entourée d'immeubles, qui serait sans doute un peu plus terne sans cela. Se créer une piscine sur le toit d'un bâtiment abandonné, chercher un foyer pour des chatons abandonnés, rechercher une mystérieuse librairie qui n'ouvrirait qu'à minuit...

Au fil de courts chapitres indépendants, les petites péripéties s'enchaînent, d'ingénieuses trouvailles comme la piscine sur le toit montrent l'ingéniosité des gamins, tandis que des escapades aussi folles que la recherche de la librairie prouvent leur soif tout enfantine de se faire une joyeuse aventure de tout. Pour des enfants le merveilleux n'est jamais loin, ce que les différentes histoires font très bien ressortir. Alors quand ce merveilleux pointe vraiment le bout de son nez, on peut s'attendre à tout !

Ce vrai merveilleux est, à vrai dire, encore assez discret. Il est là, on le ressent bien, par exemple en voyant nos héroïnes dotées d'oreilles de chat, en les retrouvant en train de courir après d'étranges lapin-bus, ou en voyant tourner autour d'elles quelques petites déesses rappelant fortement Kamisama. Mais les enfants n'en font encore que peu de cas. Pire, ils ne remarquent même pas les déesses qui leur tournent autour. Comme si tout était naturel pour eux, ou sorti tout droit de leur imagination. Le récit s'applique d'ailleurs à garder un certain flou entre ce qui est vrai ou non, au gré de légendes locales où il est parfois difficile de séparer le vrai du faux.

Ainsi les jeunes héros de Roji ! vont-ils de découverte en découverte, d'aventure en aventure, explorant les recoins d'une ville qu'on n'aurait jamais cru aussi riche en surprises. Le flou autour des éléments merveilleux est intéressant, et devrait intriguer facilement l'imaginaire des plus jeunes... à condition que ceux-ci parviennent à s'immerger dans l'univers de Kamishiro, ce qui n'est pas gagné d'avance.
En effet, le bât blesse du côté de la continuité de l'oeuvre. Tout d'abord, l'absence de la moindre petite introduction oblige à se plonger très vite dans l'univers de la série, chose qui peut être rendue un peu plus dure par la brièveté de chapitres qui n'ont aucun rapport les uns avec les autres et changent régulièrement de héros. Ainsi, il n'est même pas rare de voir l'une des deux soeurs présentées comme les héroïnes totalement absentes d'un chapitre. En changeant comme ça de personnage d'un chapitre à l'autre dès le départ de la série, il peut aussi être dur pour les jeunes lecteurs de s'identifier à un protagoniste en particulier.
Egalement, la brièveté des chapitres entraîne des petites histoires qui restent foncièrement très lisses. Parfois l'aventure donne l'impression de se terminer alors qu'elle a à peine commencé, à quelques reprises on reste même sur sa faim avec une fin en queue de poisson, et dans tout ceci, le petit côté merveilleux est parfois difficile à apprécier, disparaissant aussi vite qu'il est apparu.
Il peut donc être difficile de se plonger dans l'univers de Roji !, parfois maladroit, mais bourré de bonnes idées. Néanmoins, le merveilleux, sous-exploité dans ce premier tome qui semble ne vouloir que l'introduire, devrait vite décoller par la suite, comme le laissent penser certains éléments : la découverte faite par les enfants en fin de tome, ou encore l'omniprésence de Zanzibar, le chat des deux soeurs, gros matou blasé que l'on retrouve régulièrement dans d'étranges situations, et qui semble en savoir beaucoup sur les mystères de Kamishiro...

Visuellement, Keisuke Kotobuki, après nous avoir offert des planches bourrées de magie dans Kamisama, reste ici fidèle à son style coloré et doux, proche de la peinture, et porté par des bouilles simplistes, à la limite du SD, qui sont du plus bel effet et communiquent bien les émotions des gamins en les rendant mignons tout plein. Attention, toutefois, à ne pas trop abuser de ce petit côté SD, car parfois on se demande un peu pourquoi tel personnage tire telle tête. Pour certains, la déception viendra peut-être des fonds : ils contribuent bien à l'ambiance et collent à l'univers assez enfantin de par leur simplicité, mais cette simplicité est parfois trop poussée au point de décevoir, et certains décors peuvent paraître trop froids.

En somme, ce premier tome a ses défauts, il peut paraître trop lisse et l'on peut avoir du mal à s'immerger dans l'univers de Kamishiro, mais il y a de bonnes bases, qui ne demandent qu'à décoller. Une affaire à suivre !

Par contre, plutôt qu'une vague comparaison à Hayao Miyazaki comme le fait l'éditeur (comparaison devenue tellement facile qu'elle n'a plus aucun sens), on pense plutôt à Chi - Une vie de chat en voyant le schéma de Roji !. La comparaison ne s'arrête d'ailleurs pas là, et va jusqu'à la fabrication du livre, qui rappelle fortement celle de Chi : sens de lecture occidental, pas de couverture retirable, même type de petit bandeau en haut de la tranche, même qualité d'impression (très correcte avec un papier bien épais)... Au moins, le produit ne ment pas quant au public visé.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs