Rohan Kishibe Vol.1 - Actualité manga
Rohan Kishibe Vol.1 - Manga

Rohan Kishibe Vol.1 : Critiques

Kishibe Rohan wa Ugokanai

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 25 Avril 2016

Chronique 1 :

Rohan Kishibe est un mangaka excentrique qui vit dans la paisible ville de Morio. Grâce à son pouvoir, un Stand nommé Heaven’s Door, il est capable de lire en chaque individu comme dans un livre et de manipuler ses cibles en réécrivant leur histoire. Après les événements qui ont frappé sa ville natale, Rohan n’a pas abandonné sa carrière, celle-ci l’amène même à rencontrer certains mystères dont il ne peut venir à bout sans son Stand…

Tonkam est déterminé à présenter Jojo’s Bizarre Adventure, l’une des séries phares encore en cours de son catalogue, sous bien des angles et alors que la réédition de la quatrième partie du manga bat son plein en même temps que la publication de la fin de Steel Ball Run, l’éditeur nous livre un spin-off centré sur le personnage de Rohan Kishibe que nous venons juste de connaître si l’on suit la réédition en cours. Titre dérivé dont le nom n’est finalement que celui du personnage, Rohan Kishibe n’est pas vraiment une série parallèle. En réalité, Hirohiko Araki est régulièrement amené à dessiner des histoires courtes pour différents magazines, parfois même au cours de collaborations avec des enseignes prestigieuses, ce volume se charge alors de regrouper cinq de ces one-shot qui ont pour point commun leur protagoniste : Rohan.

Les fans de Jojo’s Bizarre Adventure ont de quoi être conquis à l’idée de retrouver un personnage bien populaire de la série au cours de péripéties dont il est lui et lui seul le héros. De nombreux éléments phares de la saga sont alors présents, à commencer l’utilisation de Heaven’s Door et le rapport aux Stand de chacune des intrigues, sans compter toute l’ambiance mystérieuse et parfois loufoque propre au mangaka qui place le passionné en terrain connu et la présence au cours d’un chapitre d’un personnage de Diamond is Unbreakable. Pourtant, il est tout à fait possible de lire ce tome sans vraiment connaître la saga jojo, car si ces cinq histoires sont liées à l’univers, le pouvoir de Rohan est souvent expliqué et il n’est que rarement fait allusion aux intrigues de la série phare, rendant le tout accessible au premier venu, même aux curieux qui seraient attirés par l’esthétique de Hirohiko Araki. Car sachant que ces histoires ont été prépubliées au Japon entre 1997 et 2011, soit après la parution des quatre premiers arcs dans leur pays d’origine, le style d’Araki était déjà bien marqué, les masses de muscles ayant laissé place à des personnages plus androgynes aux designs anguleux, cet opus est l’occasion pour les néophytes de simplement se rendre compte de l’ambiance visuelle qui règne dans les œuvres de l’auteur… pour éventuellement se plonger dans Jojo par la suite.

Et c’est précisément ce qu’il faut demander à ces cinq chapitres : des récits courts qui nous transportent dans l’univers si particulier d’Araki, attestant des codes typiques du mangaka. Celui-ci cherche bien souvent à dépeindre une atmosphère pesante, voire gore, ce qui nous replonge quelque peu dans les années Phantom Blood où l’aura du manga se voulait plus lourde. Fort de ses expériences culturelles, tant cinématographiques qu’esthétiques, Hirohiko Araki explore des mystères nés de son imagination en apportant une aura presque mystique aux enquêtes afin de relier toutes ces histoires à la saga Jojo qui repose sur la présence des Stand. Le schéma respecte d’ailleurs ce que la série phare de l’artiste fait depuis Stardust Crusaders et chaque chapitre est une énigme totale pour Rohan qui, par son inventivité et la force de son pouvoir, doit se défaire de situations inextricables. Le fait que les scénarios ne s’éternisent pas est alors une force et permet de varier les intrigues, les environnements et les ambiances visuelles, mais cela force aussi parfois l’auteur à écourter ses récits. Ce choix n’est toutefois pas anodin, car en plus du nombre de pages limitées imposées par l’éditeur, nous pouvons y voir une volonté de ne pas faire tourner les intrigues autour de Stand, ne pas apporter des développements dignes de Jojo afin de se concentrer davantage sur l’ambiance et l’univers de chaque enquête, et focaliser le lecteur sur des éléments nouveaux de l’œuvre d’Araki pour que celui-ci n’ait pas seulement l’impression de lire un spin-off de la série principale. Choix judicieux, donc, puisque tant sur le plan graphique que dans les ambiances servies, le volume se renouvelle et la lecture s’impose comme une belle curiosité, l’occasion de découvrir des travaux plus personnels de l’auteur.

Notons au passage que si certains chapitres n’ont été dessinés que pour des publications annexes des revues de l’éditeur Shueisha, comme le Shônen Jump ou le Jump Square, le dernier récit a une histoire plus importante puisque s’intègre dans la grande collaboration entre Hirohiko Araki et la marque italienne de mode Gucci, une marque dont Jolyne fut la principale égérie, mais dans laquelle Rohan a aussi joué un rôle. Certaines illustrations couleur promotionnelle sont ainsi tirées du chapitre « Rohan Kishibe chez Gucci », ce qui se ressent puisque l’aspect visuel si propre à l’auteur, notamment les fameuses « Jojo poses » comme les fans aiment les appeler, sont beaucoup plus présentes que de coutume. Anecdotique dit comme ça, ce simple chapitre montre bien que la patte de l’artiste est si particulière qu’elle lui permet de transcender les expériences et les médias, comme l’attestait aussi l’excellente histoire Rohan au Louvre, publiée en 2010. Rohan est donc un acteur récurrent dans les travaux artistiques de l’auteur, un point important quand on sait que le personnage est presque un avatar de Hirohiko Araki au sein de la saga Jojo, le mangaka se projetant beaucoup en lui.

Côté édition, Tonkam livre ici une très bonne copie. La traduction est assez minutieuse, l’éditeur ayant même renoncé à l’adaptation trop forcée de l’accent de Tonio Trussardi, le cuistot italien déjà apparu dans la partie quatre, le rendant alors moins caricatural. Il est aussi très appréciable qu’étant donné l’épaisseur du volume, le code prix reste inchangé et Rohan Kishibe ne coûte pas plus cher que n’importe quel volume de Jojo.

Spin off réussi permettant de retrouver le personnage de Rohan Kishibe tout en développant l’univers de la série, ensemble de chapitres expérimentaux prouvant l’âme de Hirohiko Araki, son esthétique et sa démarche artistiques… On peut apprécier ce one-shot (peut-être destiné à devenir une série si l’auteur poursuit ses projets autour du personnage) de bien des manières, et le point de vue ne sera sûrement pas le même selon la nature du lecteur, à savoir s’il est déjà un fervent fan de Jojo ou s’il découvre le mangaka par ce titre. Dans tous les cas, le talent de l’auteur fait mouche et les histoires fantastico horrifiques nous permettent de passer un excellent moment, nous permettant d’avoir une petite dose supplémentaire de Jojo entre deux volumes, mais un Jojo ici très particulier…


Chronique 2 :

Tonkam semble bien décidé à continuer de mettre en avant la saga Jojo, une saga incroyable, quasi interminable, que l'éditeur a sauvé des affres de l'oubli il y a quelques années après la disparition de « J'ai Lu » et a ainsi permis de faire de nombreux heureux : ceux qui comme les plus anciens et les plus chanceux ont eux la possibilité de découvrir le début de la saga à l'époque et ont pu la poursuivre ; et ceux qui sont arrivés après et qui ont eu l'opportunité de découvrir cette saga magique (bien que dans le désordre).
Donc en parallèle de la sortie de Steel Ball Run (la septième partie de la saga) et de Diamond is unbrekable (la quatrième), l'éditeur nous offre la possibilité de découvrir un recueil d'histoires courtes mettant en avant un personnage clé de la quatrième partie (ce qui est parfait pour ceux qui suivent l'édition de Tonkam), mais également un des préférés des lecteurs : l'excellent Rohan Kishibe !

Derrière ce titre éponyme se cache l'un des personnages les plus incroyables de la saga, un personnage qui bien qu'ayant œuvré avec les héros de la quatrième partie, n'est pas un « gentil » à proprement parlé, il est bien plus complexe que cela ce qui le rend d'autant plus intéressant !
Rohan Kishibe est mangaka, et pour son travail il est amené à voyager à travers le monde pour chercher en permanence de nouvelles inspirations. Il négocie avec son éditeur, reçoit des commandes d'histoires courtes pour des magazines, doit travailler en respectant les délais...Rohan Kishibe est un transfert Hirohiko Araki !
Ou tout du moins l'auteur dépose une grande partie de lui même dans ce personnage qu'il affectionne particulièrement, et qu'il choisit de mettre en avant lorsqu'il doit réaliser des histoires courtes. Il pourrait opter pour tant d'autres personnages, notamment les héros de chacune des parties de sa saga, mais il choisit systématiquement Rohan, le mangaka qui a vécu ses aventures dans une petite ville tranquille, sans grand voyage, juste dans son quotidien, il choisit le personnage qui lui ressemble le plus, celui qui lui a permis de se transposer lui même dans son œuvre !

Après l'exceptionnel « Rohan au Louvre », véritable pépite artistique, l'auteur nous propose donc un recueil de cinq récits courts, mettant en avant le génial Rohan au grès de ses aventures afin de trouver l'inspiration.
Et toujours pour rester dans le parallèle avec l'auteur, le personnage reçoit des demandes de réalisation de récits courts devant faire tant de pages...ce qui correspond à chaque fois bien entendu à la longueur du récit en question. Une mise en abyme pas banale et même assez géniale.

Rohan Kishibe est donc mangaka, un auteur de génie, rencontrant un grand succès et cherchant à se renouveler en permanence. Il habite dans la tranquille ville de Morio (ville imaginaire), mais la quitte régulièrement pour ses voyages liés à son travail. Mais surtout Rohan possède un pouvoir hors du commun : un Stand ! Une matérialisation de sa force intérieur lui accordant une capacité propre et unique...ainsi Rohan peut lire (au sens propre) chaque individu et ainsi tout apprendre les concernant, mais au-delà de ça, il peut surtout écrire et créer de toutes pièces des paragraphes dans le livre de vie des individus et ainsi altérer leurs comportements, leurs souvenirs ou même leurs intentions, ce qui lui confère un pouvoir de manipulation hors du commun !

Araki le confesse en conclusion du premier récit, on lui avait demandé de réaliser une œuvre originale qui ne soit pas une suite ou un spin-off, mais la tentation d'utiliser Rohan était trop grande. Ainsi, si à plusieurs reprises le personnage va utiliser ses incroyables capacités, aucun autre personnage ne possédera de Stands, il ne s'agit pas là de chapitres de Jojo's Bizarre Adventure, mais bien d'histoires inédites. Nul besoin donc de connaître le travail de l'auteur pour savourer ses récits (bien qu'on les apprécie davantage lorsque c'est le cas), surtout que Araki explique clairement les pouvoirs de son personnage et n'en abuse pas, même un non initié à la saga pourra comprendre et apprécier ce qu'il lira.

Le premier récit, et peut être le plus prenant, nous replonge totalement dans les ambiances glauques et malsaines des premières saisons de la saga, avec un coté horrifique renvoyant directement à Phantom Blood, la première.
On retrouve Rohan en Italie qui par curiosité va s'enfermer dans un confessionnal mais se trompe de coté et se retrouve à écouter une confession pour le moins étrange et inquiétante. Pas de Stand ici mais un fantôme, une histoire de vengeance et de destinée pour une histoire passionnante.

La seconde, éditée originalement onze ans après la première, nous plonge pourtant dans le même genre d'ambiance horrifique et sanglante. Et c'est à partir de celle ci que l'auteur opère sa mise en abyme avec un rendez vous avec un éditeur, une commande de récit avec un nombre de pages limité. On trouve encore une fois la mise en avant d'une histoire de fantôme, mais cette fois sous forme de légende s'apparentant aux yokais, et pour la première fois de l'ouvrage, Rohan va utiliser « Heaven's door », son stand.
En bonus, au tout début du récit, on retrouve deux personnages de « Diamond is unbreakable », venant demander un autographe au maître.

La troisième histoire, elle aussi malsaine et angoissante, est la première où Rohan interviendra du début à la fin et ne se contentera pas d'écouter ou de raconter un récit. Il ira, avec sa jeune éditrice, dans un village de milliardaires, perdu dans les bois en montagne. Et sera confronté à des épreuves inattendues et mortelles.
Il est intéressant de noter que celle ci commence de la même manière que la précédente et y fait d'ailleurs référence.

Dans la quatrième histoire, Rohan partagera la vedette avec Tonio Trussardi, un personnage déjà présent dans la quatrième partie de la saga mais occupant un rôle mineur. Ce dernier va demander de l'aide à Rohan pour effectuer une pêche miraculeuse mais interdite...Et rapidement il comprendront pourquoi, tant cette dernière va s'avérer mortelle.
Celle ci se veut plus réaliste, l'auteur apportant une explication logique aux événements qui n'ont pourtant rien de naturel, plus comme il le ferait dans son travail plus récent par opposition aux précédentes parties où il laissait davantage de place au fantastique.
Le ton change, mais c'est toujours un plaisir à lire.

Enfin, le dernier récit, très anecdotique, a vu le jour suite à la collaboration de l'auteur avec la grande marque Gucci, ainsi en quelques pages Rohan va vivre une étrange aventure avec un sac… Cela tient plus de la publicité que du récit d'aventure mais la patte magique de l'auteur fonctionne toujours.

Ce recueil de récit est plein de surprises et répondra aux attentes des fans qui réclament toujours plus de « Jojo », mais il saura également séduire les néophytes grâce à la patte remarquable de l'auteur, déjà au sommet de son art, et à son incroyable faculté à raconter des histoires intrigantes et surprenantes ! Indispensable !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs