Reversible Man Vol.1 - Actualité manga
Reversible Man Vol.1 - Manga

Reversible Man Vol.1 : Critiques L’affaire Runa Kitahara

Reversible man

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 28 Mars 2014

Continuant de diversifier leur catalogue encore jeune, les éditions Komikku nous invitent cette fois-ci à découvrir pour la première fois en France l'auteur Nakatani D., via une série à la parution assez lente, mais qui se finira au Japon cette année avec son troisième volume : Reversible Man, qui vient s'inscrire à la croisée de plusieurs genres, pour un cocktail à ne clairement pas mettre entre toutes les mains. Car si vous en voulez en gore, vous allez être servis...

Tout commence dans une ville qui, depuis quelque temps, est la proie de morts atroces et de rumeurs complètement folles. De plus en plus de cadavres sont retrouvés complètement retournés, ce qui leur vaut très vite d'être nommés ainsi. Aucune explication logique ne semble possible, les rumeurs d'une épidémie vont bon train, d'autres pensent qu'il s'agit d'un trafic d'organes géré par les mafias d'Asie du sud-est. Mais la vérité pourrait bien se cacher derrière la légende urbaine voulant qu'une fille cachant sur son corps un millier d'orifices erre dans le quartier de Kabuki-cho. Un soir, un groupe de trafiquants de drogue piégé par un mail racoleur se retrouve face à une lycéenne recouverte de bandeaux. Ils pensent profiter d'elle, ils se retrouvent tous massacrés. La jeune fille se nomme Runa Kitahara, elle n'est plus totalement humaine, et, accompagnée d'un mystérieux allié Yakuza nommé Roku, elle cherche à étancher sa soif de vengeance, directement liée aux "retournés"...

Dès le début, Reversible Man donne le ton. Après des dialogues plein de délicatesse des trafiquants, Nakatani D. dévoile le potentiel gore de sa série : une jeune fille qui sort une arme de ses entrailles à mains nues et un pénis arraché suffisent pour savoir d'emblée à quoi s'en tenir, tandis que les questions finissent très vite par se bousculer : quelle est exactement la nature de Runa et quel est l'objet de sa sanglante vengeance ? Quel est le but recherché par le yakuza Roku et ses acolytes ? Que sont exactement les retournés ? L'auteur ne cherche pas à entretenir longtemps le mystère sur tout ça, les réponses arrivant rapidement en quantité pour nous plonger dans un récit toujours glauque et se divisant ici en trois parties distinctes. La première où l'on découvre Runa, ses alliés et l'horrible et tragique raison qui la pousse à vouloir se venger de l'un des retournés. La deuxième, qui nous invite dans le passé de Jun Tsukamoto, loser qui fait la honte de sa famille, futur retourné et futur meurtrier aussi pathétique qu'effrayant une fois qu'il se retrouve le corps dans l'autre sens. Et la troisième, qui conclut déjà l'histoire vengeresse de Runa, tout en posant les bases d'un scénario plus ample.

Le récit de Runa n'étant qu'une histoire dans l'histoire, ce premier volume pourrait presque se suffire à lui-même, si D. Nakatani n'était pas aussi bien parvenu à nous donner envie de découvrir dans la suite les rouages d'une affaire plus importante qu'il n'y paraissait au départ, où l'intrigue autour des retournés n'a pas fini de nous prendre aux... tripes (c'est le cas de le dire).
Si la narration peut régulièrement sembler austère à cause de ses bonds entre passé et présent pas toujours très nets et de son non-entretien de la part de mystères, le reste fait son effet. Les raisons poussant les gens à se retourner permet à Nakatani D. une petite critique classique mais suffisamment sombre de certaines part d'ombre de la société et des pressions sociales ou familiales, mais ce que l'on retient surtout, c'est la verve que le dessinateur affiche dès qu'il s'agit de nous dégoûter avec des scènes extrêmement gores. C'est bien simple, l'auteur n'occulte rien. Les cadavres qu'il dessine sont affreusement torturés et ont de quoi soulever les coeurs, les scènes de "retournement" se parent d'un trait vraiment viscéral, ultra précis dans la peinture de boyaux qui explosent et s'échappent des corps, ainsi que de quelques délires graphiques peu ragoutants, comme les têtes et doigts qui se replient sur eux-mêmes, et qui feraient pâlir le Gyô de Junji Ito. Quant aux scènes d'action, même dans les gunfights elles sont rarement classiques, ne serait-ce que par la façon dont Runa extirpe des armes de son corps, ou via les quelques scènes dégoûtantes comme les pénis arrachés.

La combinaison des viscères de Shigurui, des cadavres torturés de MPD Psycho, et des corps grotesquement mutilés des titres les plus crades de Junji Ito, pour une oeuvre qui dépasse bon nombre de ses semblables dans le gore dégueu'. Avec ce premier tome, Reversible Man s'offre une première partie qui ne fait pas semblant. L'histoire joue peu sur les mystères, et préfère mettre mal à l'aise en s'axant sur une ambiance crade et des visuels gores qui compensent les quelques défauts narratifs. A condition d'avoir le coeur bien accroché, on plongera avec plaisir dans la suite !

L'édition française est on ne peut plus satisfaisante ! Un peu plus cher de par les 270 pages qui le composent, ce premier tome profite d'une bonne qualité de papier et d'impression, de premières pages en couleur, d'une traduction et d'un lettrage plaisants.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs