Reset - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 26 Mai 2010

One shot du très talentueux Tetsuya Tsutsui, qui fut en quelque sorte une poule aux œufs d’or pour le jeune éditeur Ki-oon à ses débuts, Reset est à l’instar de ses autres œuvres, une œuvre très mature, pour ne pas dire engagé.
Avec ce titre, on plonge de plein pied dans le monde virtuel, ses plaisirs, ses facilités mais aussi ses dérives.

Une vague de suicides s’empare d’un quartier résidentiel Japonais, personne ne semble en mesure de l’expliquer, mais très vite l’attention se porte vers un jeu en réseau auxquels sont connectés tous les habitants du fameux quartier. Une jeune femme, veuve depuis le suicide de son mari aidé d’un jeune hacker de génie vont tenter de mettre un terme à cela.

Dés les premières pages on est saisi par la violence du titre : un homme seul après avoir vu un message subliminale se suicide en se plantant un crayon dans le cou, un autre braque une banque, menace ses employés et après avoir aperçu le même message se suicide à sont tour…le ton est donné !
Ce titre, assurément mature mélange les genres, entre enquête policière classique, réflexion sur la société, récit fantastique, à la limite de l’horreur par moment…bref un condensé vraiment intense d’émotions et de sensations…
Avec son ambiance malsaine qui n’est pas rappeler celle de Gantz (même violence en apparence gratuite, même sentiment de malaise et d’incompréhension, même confusion entre jeu et réalité…), le titre pose avant tout une question clé qui est plus que jamais d’actualité : et si le virtuel nous éloignait de la réalité en nous coupant du monde ? Bon certes, Tsutsui n’invente rien ici, mais il le traite de manière assez original et plutôt réussi.
Plus on avance dans le titre et plus on constate que les « joueurs » prennent un plaisir malsain à assouvir leurs plus vils pulsions, ce qui donne des scènes assez choquantes, comme celle où des gamins décapitent un de leurs camarades pour jouer au foot avec sa tête… Certains y voit un exutoire où ils peuvent se défouler en toute quiétude sans faire vraiment de mal à qui que ce soit, mais à trop s’immerger dans ce monde, il devient difficile de faire la part des choses. Ainsi les suicidés, on simplement voulu terminer la « partie » qu’est leur vie afin de la recommencer, d’ou le titre « Reset » . Avec ça Tsutsui évoque également un fantasme vieux comme le monde : pouvoir revenir en arrière pour effacer ses erreurs et repartir de zéro. Ce fantasme a pris d’autant plus corps avec l’apparition des jeux vidéos, où justement ces héros virtuels disposent de plusieurs vies, et peuvent retenter jusqu’à la réussite. Et c’est cela que Tsutsui exploite à merveille, et si la vie n’était qu’un jeu dans lequel il suffisait d’appuyer sur Reset pour recommencer ? Cela n’est pas sans rajouter un certain malaise… C’est ici que les capacités du hacker prennent tout leurs sens : ce dernier triche en se rajoutant des pouvoirs, en modifiant son apparence…il fait cela pour se donner un avantage mais aussi pour rappeler à tous qu’ils se trouvent dans un jeu !

Véritablement passionnant, plus que jamais avec ce titre on connaît la frustration provoqué par les one shot de qualité : c’est trop court ! Si l’enquête en elle même n’est pas ce que l’on retient, car celle ci reste en soi assez classique, l’idée de fond et les possibilités qui allaient avec auraient pu permettre un développement plus important. Mais là encore se pose une autre question peu originale : vaut il mieux un one shot dense et intense ou une série plus longue qui aurait pu perdre de son intensité ?

Graphiquement c’est très réussi, le trait de l’auteur est superbe, et on apprécie particulièrement la distinction qu’il opère entre le réel et le virtuel où les personnages apparaissent quelque peu pixellisés, bien qu’il ne s’y tienne pas toujours…peut être là encore pour accentuer la confusion !

Sur le fond comme sur la forme ce one shot se montre vraiment passionnant, intrigant, mais il n’est pas à mettre entre toutes les mains !


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Erkael
18 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs