Requiem du roi des roses (le) Vol.1 - Actualité manga
Requiem du roi des roses (le) Vol.1 - Manga

Requiem du roi des roses (le) Vol.1 : Critiques

Baraô no sôretsu

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 15 Avril 2015

Critique 1


Richard III fascine, c'est un fait. Depuis la pièce de théâtre du même nom du maître de la dramaturgie, William Shakespeare, ce personnage captive et ils ont été nombreux à écrire sur lui ou à l'incarner. Pour Le Requiem du Roi des Roses, c'est l'auteure d'Otomen, qui nous livre sa propre vision de l'oeuvre. Si c'est Otomen qui a été son plus gros succès, Aya Kanno n'en est pas à son coup d'essai hors du domaine de la romance et de la comédie romantique. Tout comme l'éditeur, Ki-oon, qui n'en est pas à sa première publication historique. Mais cette dernière se détache des précédentes, par son côté shojo très prononcé, bien que le manga soit catégorisé dans la collection Seinen de Ki-oon.


La famille Lancaster règne sur l'Angleterre. Après un coup d'état, ils ont remplacé la famille York, et gouvernent maintenant le pays. Mais cette révolte est loin de faire l'unanimité, en premier lieu chez les descendants du roi déchu. Le fil de l'ancien Roi veut récupérer son trône, et il est prêt à faire couler le sang pour cela. C'est dans ce contexte difficile que naît Richard, le troisième fils héritier de la famille d'York. Si ce dernier est adoré par son père, et traité avec affection par ses frères, sa mère le rejette et le méprise, le considérant comme enfant du démon. Ce traitement est dû à la condition particulière de Richard : il est né hermaphrodite. C'est avec ce fardeau que Richard va vivre la Guerre des Deux Roses, qui verra naître sa triste légende.


De par la condition de Richard, le postulat de base diverge déjà énormément de l'oeuvre originale, entraînant d'autres enjeux. Mes ces enjeux ne seront pas les sujets principaux de ce premier tome. Au contraire, nous avons ici un tome assumé d'introduction. Pour bien comprendre ce que va devenir Richard, il faut bien saisir les relations qu'il entretient avec sa famille, avec lui-même et avec le monde qui l'entoure. Et ce premier tome va se concentrer essentiellement sur ça. Le lien le plus important, étant celui que le personnage principal entretient avec son père. Traumatisé par la haine qu'à sa mère à son égard, il se raccroche à la figure paternelle, qui lui montre un amour inconditionnel. Le monde de Richard gravite autour de lui, ses actes sont conditionnés pour lui plaire, il est sa lumière dans son monde obscur, celui qui lui permet de ne pas basculer dans le désespoir. Celui à qui il veut le plus prouver sa valeur.


Car Richard est un être torturé. Il a souvent des visions cauchemardesques et voit apparaître des fantômes. Richard est-il fou, ou l'auteure inclut-elle des touches fantastiques dans son récit ? Aya Kanno fait délibérément planer ce mystère, pour rendre son héros encore plus fragile et imprévisible.


Mais c'est justement ce dernier point qui rend le récit, parfois difficile à appréhender. Entre les cauchemars de Richard, les flash-back, les changements de point de vue, il n'est pas rare de se perdre dans les événements. Le contexte de l'histoire n'étant pas au cœur de ce premier volume, il est souvent rapidement expliqué, alors qu'on le sait plus dense et complexe. Il faut être attentif pour suivre la lutte de pouvoir entre les deux familles, celle-ci n'étant pas toujours narrée de façon claire et précise. Le focus est mis sur les relations qu'entretient Richard avec les autres, au détriment de l'aspect historique.


L'autre point important est l’hermaphrodisme de Richard. Si le lecteur est au courant dès le début, la quatrième de couverture le révélant, on le découvre dans le tome assez tard. On sait que c'est un élément déterminant, celui que Aya Kanno a choisi pour traiter son personnage. Surtout à cette époque, où la moindre différence est considérée comme un signe maléfique. Perçue comme une malédiction, elle est appelée à prendre une place et des conséquences plus importantes par la suite ; instaurant déjà certaines relations ambiguës entre les personnages.


Le Requiem du Roi des Roses se veut sombre. Et c'est le cas. Même si l'influence shojo est très présente dans le dessin, l'auteure arrive à retranscrire l'ambiance pesante et un peu glauque de l'histoire. Les émotions de chacun des protagonistes sont variées et bien retransmises et les décors habillent efficacement, sans jamais tomber dans la surcharge. Richard, par son aspect androgyne, se détache parfaitement.


Ainsi, ce premier tome pose les bases de l'histoire. Se concentrant quasiment essentiellement sur la psychologie de Richard ; les autres aspects, pourtant nombreux, sont un peu oubliés ou trop vite traités. Un choix fait pour faire prendre toute son importance à l’élément déclencheur, qui nous est montré à la toute dernière page de ce tome. En espérant que toutes ces informations rendront la narration plus fluide par la suite. Cependant, il faut faire attention à bien considérer le récit. Celui-ci est bien une réinterprétation et non une adaptation. Si la nuance peut sembler mince, elle est pourtant primordiale. En tant qu'adaptation, le Requiem du Roi des Roses serait un échec. Mais en tant que réinterprétation, le Requiem du Roi des Roses présente bien des éléments intéressants, qui nous poussent à vouloir savoir la suite, malgré ce premier tome parfois confus.


 


 




Critique 2


Après Wolfsmund, Cesare et Ad Astra, Ki-oon poursuit les adaptations de fresques historiques avec ce titre qui se veut être une adaptation très libre de Richard III, pièce de Shakespeare, narrant l'ascension et le déclin du tyrannique Richard III.


Mais bien loin du ton des œuvres précitées, « Le requiem du roi des ronces » est un autre titre comme on trouve beaucoup dans le catalogue de l'éditeur, c'est à dire à la frontière des genres, entre shojo, shonen et seinen (le titre apparaît d'ailleurs dans la dernière collection), un titre nous ouvrant donc sur plusieurs horizons, par les mains d'une mangaka de talent, auteur avant tout de shojo...il fallait bien que cette patte shojo ressorte donc !


Héritier d'une puissante famille d'Angleterre, Richard, troisième fils d'un seigneur qui lui a donné le même prénom que lui, est considéré comme un enfant maudit du fait d'un secret que sa famille souhaite préserver, et malgré l'amour et la confiance de son père, il souffre du rejet de sa mère qui lui attribue tous les maux de la famille…


Mais Richard est obsédé par le pouvoir, du fait de ce rejet, il tient plus que quiconque à prouver sa valeur, et souhaite accompagner son père sur le champ de bataille, de même, il incite ce dernier à réclamer le trône, ce qui va entraîner sa famille dans une grande guerre…


De la part de Aya Kanno on pouvait s'attendre à une adaptation très personnelle de ce classique de la littérature qui a inspiré nombre de réalisateurs notamment, mais là on est servi. On a bien entendu la touche shojo, avec notamment ces personnages masculins aux allures androgynes, ce trait fin si caractéristique, loin d'être désagréable au passage, mais là elle pousse jusqu'à faire de Richard un hermaphrodite ! Le voilà son secret honteux qui fait de lui un enfant maudit… A partir de là l'ambition, la montée en puissance, la tyrannie et le déclin du personnage apparaissent presque comme des enjeux secondaires du récit, elle vient éclipser l'histoire principale en ajoutant un élément « perturbateur » à ce même récit.


A ce stade on se demande encore quel est l’intérêt de cela, si ce n'est effectivement s'éloigner de l'histoire originale et se l'approprier totalement...très bien...dans ce cas, pourquoi ne pas avoir créé une histoire totalement originale au lieu de reprendre un tel classique ?


Quoi qu'il en soit, passé ce choc (qu'on n'apprend pas tout de suite), on découvre un personnage, Richard, qui nous est présenté comme un être fragile et n'ayant pas sa place dans ce monde. Rejeté par certains, surprotégé par d'autres, on devine naître en lui ce sentiment de revanche qu'il souhaite prendre sur la vie, ce complexe qu'il va tout faire pour surmonter, et faire de sa faiblesse une force, un moteur qui le conduira au pouvoir.


Dans ce premier tome, l'auteur axe surtout le récit autour des rapports totalement à l'opposé que Richard peut avoir avec ses parents : une mère superstitieuse qui le maudit et un père qu'il prend comme modèle, ses frères prennent peu de place ici et on ressent déjà le détachement de Richard vis-à-vis d'eux.


Plus tard on découvre un autre personnage, en apparence faible mentalement, un peu perdu, et pourtant porteur de lourdes responsabilités. C'est à son contact que Richard va évoluer...bien entendu l'auteur ne pourra pas s’empêcher de créer une relation ambiguë entre ce personnage et Richard, en cela la touche shojo est bien trop présente, et viendrait presque dénaturer l’œuvre. Elle a son charme et apporte un ton particulier au titre, et la patte de Aya Kanno demeure de grande qualité, mais cela reste un parti pris assez particulier qui pourrait ne pas plaire à tous.


Après bien entendu, il y a une autre façon d'aborder ce manga, de ne pas le prendre comme une adaptation à tendance shojo, mais bel et bien le prendre comme un shojo (bien qu'il soit dans la collection seinen) qui se sert d'une œuvre classique comme base de départ, mais pour que l'auteur puisse mieux livrer sa propre vision des jeux de pouvoir en quête du trône (il est d'ailleurs amusant de faire un parallèle avec le phénomène Game of thrones, et notamment la ressemblance entre le nom de la famille ennemie de notre héros et celle détestable des romans de G.R.R. Martin : Lancaster / Lannister).


Au final on se retrouve avec un titre saisissant, intrigant, posant une ambiance à la fois lourde et envoûtante, mais avec lequel il faut s'éloigner de l'attente qu'on pouvait en avoir lorsqu'on parle « d'adaptation ». C'est peut-être une adaptation bancale, mais cela se présente comme un titre vraiment prenant et au fort potentiel !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Erkael

14 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
mokochan
14 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs