Renard et le Petit Tanuki (le) Vol.5 : Critiques

La situation est devenue particulièrement critique depuis que Senzo a vu ressurgir en lui ses plus douloureux souvenirs, en laissant alors éclater sa colère. Tandis que Hisame, Kogarashi et leurs compagnons tentent de contrer les miasmes qui s'emparent des animaux, Shizukaze et Tachibana accourent auprès du loup noir pour essayer de le faire revenir à lui... mais est-ce seulement possible ? Les uns après les autres, ils se retrouvent blessés, sous les yeux d'un Manpachi qui se sent impuissant. Et pourtant, c'est bien du candide petit tanuki que la solution pourrait venir, dès lors qu'après une bataille ardue et non sans conséquences, apparaît devant lui un « humain » qui a eu une profonde importance pour Senzo...

Comme le laissait présager la fin du tome précédent, c'est un 5e volume à la fois intense et riche qui nous attend, dès les premières dizaines de pages marquées par de l'action non seulement assez léchée visuellement, mais aussi et surtout loin d'être gratuite en permettant pas mal de petit développements comme le désir de tous d'empêcher le pire d'arriver à Senzo, ce qui arrive à Shizukaze, la fonction de Mikumo auprès du renard noir, ou encore l'indéfectible lien qu'a Manpachi avec lui. Et c'est bien ce lien qui, au bout du compte, risque d'être salvateur.

Une fois cette petite séquence mouvementée finie, la suite du tome atteint effectivement un étape très importante, avec l'arrivée devant nos héros du fameux Homei, l'autre Manpachi. Qui était-il aux yeux de Senzo ? Que fait-il là ? Quelle force obscure aliène Senzo depuis si longtemps en le condamnant depuis toujours à être rejeté et détesté bien malgré lui ? Pourquoi la Déesse du Soleil a-t-elle préféré l'emprisonner pendant longtemps ? Toutes les réponses, déjà dites à demi-mot auparavant, se confirment enfin pour mieux placer Manpachi face à une mission capitale : pour avoir la moindre chance de sauver Senzo des griffes de l'infâme Gyokumen, il va falloir pénétrer en son for intérieur, pour veiller sur lui pendant qu'il se confronte à tous les souvenirs de son passé.

Le prétexte est alors parfaitement trouvé pour que Manpachi découvre enfin pleinement le si douloureux parcours de Senzo, un parcours marqué dès sa naissance par la présence malfaisante de Gyokumen. Sa naissance sous l'oeil avisé des parents de Koyuki, ses premiers moments de vie auprès de parents aimants qui n'hésitèrent pas à se sacrifier pour le protéger, son enfance où il fut ensuite sans cesse rejeté sans trop savoir pourquoi à cause de Gyokumen, sa rencontre avec le fameux Manpachi humain qui a montré tant de bonté envers lui, la manière tragique dont s'est achevée cette amitié (même si elle a toujours perduré au-delà du drame)... Mii Tagawa nous dépeint avec émotion le fond d'un Senzo meurtri par l'injustice, qui fut sans cesse marqué par la solitude et par la peur d'être rejeté au point d'avoir fini par bâtir une coquille autour de lui, et dès lors on comprend mieux ce que l'adorable petit tanuki représente pour lui, ainsi que toute l'importance du nom « Manpachi » qu'il lui a donné. Mieux encore, la mangaka n'oublie pas ses autres personnages, à commencer par Koyuki dont on cerne mieux la façon dont elle voit sûrement Senzo, grâce au petit passage de Shizukaze avec les parents de la renarde blanche.

Mii Tagawa nous offre donc ici un très beau volume. Non contente de nous offrir des événements assez intenses, la mangaka en profite surtout très bien pour confirmer différentes révélations et pour enfin dévoiler plus en profondeur le passé tourmenté de Senzo. Le tout, en n'oubliant jamais de mettre en lumière le lien fort construit entre le renard noir et Manpachi ainsi que d'autres personnages.