Réimp' ! Vol.4 : Critiques

Après avoir décliné le soutien de Kurosawa, la mangaka débutante Kinu Agarie a finalement accepté l'offre de Yasui qui lui a proposé une adaptation en manga d'un roman dont la version live est grandement attendue. Enthousiasmée par la proposition, Agarie tombe de haut quant elle se frotte à l'absence de scrupule de son nouvel éditeur qui lui demande de refaire ses planches par simples caprice de l'ayant-droit.

De son côté, Kurosawa pousse toujours plus vers l'avant son poulain, Nakata, qui progresse à vue d’œil tout en assurant son travail d'assistant pour M. Mikurayama. Mais ce talent n'est pas du goût de l'un de ses collègues qui, lui, n'a jamais pu passer la transition d'assistant à auteur...

L'opus précédent se dédiait à l'entrée en scène d'Agarie et Nakata, deux graines de mangaka bien différentes l'une de l'autre, et de leurs chemins respectifs au contact de la pétillante Kurosawa. Un tome qui s'achevant sur un certain suspense de pas la situation d'Agarie, sur le point d'être poussée à bout par la politique de Yasui, un éditeur briseur de rêves. Avec ce quatrième volume, cet arc narratif atteint son dénouement, l'entièreté du tome étant consacré aux parcours parallèles des deux jeunes auteurs qui, de manières différentes, font leurs premiers pas.

Et si les trois premiers tomes nous parlaient du monde de l'édition avec la passion véhiculée par le prisme du rêve, difficile de ne pas voir la note plus sombre de cette suite qui n'hésite pas à développer des notes plus noires du milieu. De la jalousie de certains jusqu'aux éditeurs qui ont mis leur morale de côté pour porter leur carrière, la quatrième opus de Réimp' ! offre quelques portraits peu reluisants, et ce sont nos deux mangaka en herbe qui en feront les frais. Pourtant, la série de Naoko Mazda garde son infinie humanité en nuançant avec justesse ces personnages plus sombres, en évoquant la rudesse d'un milieu loin de l'idéal imaginé par certains. Le portrait du secteur établi par la mangaka dans cet opus est particulièrement triste, mais permet à l’œuvre de ne jamais dépeindre l'édition comme une utopie naïve.

Et dans un tel opus, Kurosawa est presque absente, la jeune éditrice faisant à peine quelques apparitions pour que les honneurs soient donnés à Agarie et Nakata dont les parcours s'avèrent toujours aussi appréciables. Tandis que l'artiste au style atypique fait son bonhomme de chemin et que sa petite aventure humaine finit par nous toucher, le cas de la jeune femme est plus fort dans le sens émotionnel. Son opposition avec Yasui constitue un point dramatique assez intense, dont l'autrice profite pour apporter au passage quelques petites précisions juridiques. En sommes, Réimp' ! s'avère toujours aussi instructif en plus de développer différentes intrigues de passionnés qui s'épanouissent dans leur milieu de prédilection ou, au contraire, comprennent que tirer sa révérence est ce qu'il y a de mieux pour leurs profils...

C'est donc un volume plus nuancé et mélancolique que nous propose Naoko Mazda, toujours aussi captivante dans ses histoire et dans sa manière de dresser un portrait global du monde de l'édition du manga, sans jamais idéaliser le secteur. Un quatrième tome aussi excellent que les précédents, pour une série qui parvient superbement à se renouveler et à réinventer ses optiques à chaque fois. Réimp' ! reste malheureusement un titre dont on n'entend que trop peu parler, ce qui est bien dommage dans l’œuvre n'a rien à envier à un Bakuman, pour citer le représentant du genre le plus connu.