Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 06 Septembre 2024
Hayato, l'aîné et pilier de la fratrie Yuzuki, aimerait parfois pouvoir profiter de moments de répit dans son quotidien... mais malheureusement pour lui, ce ne sera pas encore pour tout de suite ! En rentrant du travail et des courses faites sur le chemin du retour, il découvre devant la maison un homme évanoui sur le trottoir. Après lui avoir porté secours, il apprend que cet homme, prénommé Riku, est arrivé récemment en ville dans le but de retrouver sa femme et ses enfants, dont la vie l’a séparé il y a longtemps. Dans quel contexte a eu lieu cette séparation autrefois ? Les frères Yuzuki connaissent-ils la famille que cherche Riku ? Et surtout,combien de temps exactement cet homme compte-t-il rester chez eux ?!
Même si la réponse au sujet de l'identité de la famille de Riku n'est pas surprenante (d'autant plus qu'elle fait soigneusement sens par rapport à des choses apprises dans l'un des précédents volumes)et est dévoilée très, très tôt dans ce tome, on va quand même éviter au mieux de la spoiler. Ce que l'on peut dire en revanche, c'est que Shizuki Fujisawa n'est, à nouveau, pas avare en humour haut en couleurs via l'entrée en scène de Riku, en qui on découvre un homme particulièrement irresponsable, ayant trop longtemps compté sur son côté beau gosse pour se faire entretenir si bien qu'aujourd'hui il ne sait pas faire grand chose par lui-même, et s'incrustant sans vergogne pendant un bon moment chez les Yuzuki. Le bonhomme aurait pu juste être détestable, surtout au vu de son passif, et pourtant il a quelque chose d'attachant et surtout il sert vraiment bien le côté comique, entre sa personnalité un peu à la ramasse, la façon dont celle qui était sa femme ne décolère pas en le voyant, et son côté un peu "chiot à la rue" qui titille inévitablement le côté protecteur et maternel de Hayato ! Mais derrière tout ça,une question se pose forcément: alors que dans le fond Riku pourrait encore être facilement entretenu par des femmes, pourquoi reste-t-il chez les Yuzuki ? La réponse est évidente et nuance le personnage: on devine bien un homme qui a sûrement des regrets, qui a autrefois fait d'énormes erreurs dont il a désormais conscience... Mais il va de soi qu'il ne peut pas être si facilement et tout de suite pardonné, la mangaka ayant alors le mérite de rester réaliste sur ce point.
Le premier tiers de ce volume installe alors avec efficacité un nouveau personnage qui est désormais sans doute voué à devenir récurrent. Mais loin de mettre de côté l'impact de Riku dans la suite du tome, Shizuki Fujisawa, maligne dans sa construction scénaristique, va au contraire en profiter pour amener des approfondissements encore plus forts, dès lors que Hayato prend conscience que ce nouveau venu lui rappelle son propre père. Pour l'aîné des Yuzuki, l'heure est alors venue de se confier sur des souvenirs importants de son passé: son enfance à une époque où il était encore fils unique et où il vivait pauvrement avec ses parents dans un bâtiment de type HLM. A travers ces confidences racontées par Hayato lui-même, et non sans de régulières notes d'humour via les réactions des deux personnes à qui il raconte ça et qui sont à fond dedans, on découvre alors enfin mieux quel enfant était l'aînée des Yuzuki avant que ses petits frères ne viennent au monde, mais aussi comment étaient leurs parents à cette époque où ils vivaient beaucoup plus pauvrement que par la suite. Entre un père écrivain sans succès, qui lui semblait trop gamin et trop rêveur, et une mère en véritable femme courageuse et profondément amoureuse, qui ne cessait de travailler en enchaînant à un rythme trop soutenu les petits boulots pour subvenir aux besoins de sa famille, on découvre avec émotion la famille Yuzuki telle qu'elle était à cette époque particulière pour eux, les états d'âme que pouvait avoir le petit Hayato face à la situation de ses parents, les épreuves et moments douloureux qui ont pu en découler, et finalement la manière dont les parents et leur petit garçon ont pu en ressortir grandis et encore plus soudés. Mieux encore, ce passé explique aussi sans doute d'où viennent la maturité de Hayato en tant que frère aîné, sa volonté de toujours bien s'occuper de sa famille et même son désir de devenir un professeur à l'écoute de ses élèves, ce dernier point devant beaucoup au très réussi personnage secondaire qu'est monsieur Ichikawa, le genre d'enseignant que tout le monde voudrait avoir.
A l'arrivée, Shizuki Fujisawa frappe donc un très joli coup avec ce cinquième volume, tant elle profite bien du premier tiers de son tome, de son nouveau personnage, de son humour mais aussi de ses éléments plus sérieux, pour ensuite rebondir sur d'importants développements autour de l'enfance de Hayato (et il était temps que cela arrive, car le pilier de la famille Yuzuki restait pourtant à ce jour le moins en vue des quatre frères) et du passé des défunts parents de la famille. C'est très bien construit, ça sonne très juste dans les approfondissements et dans le ressenti des personnages, on passe sans cesse du rire à l'émotion avec le plus grand naturel... Bref, après cinq tomes, l'oeuvre reste une vraie petite merveille dans sa catégorie.