Quatre filles du Docteur March (les) : Critiques

Meg, Jo, Beth et Amy sont les quatre ravissantes filles de la famille March, et chacune d'elles occupe son temps dans une certaine insouciance, mais également plus ou moins avec la rigueur que leur statut oblige. Mais à une époque où les Etats-Unis sont marqués par la guerre de Sécession, leur père le Docteur March est appelé au front, laissant épouse et filles seules derrière lui. Néanmoins, pas question pour les filles de la famille March de se laisser aller: leur vie et leurs évolutions se poursuivent, en étant notamment marquées par la rencontre avec leurs voisins, dont le fils Laurie, avec qui elles vont partager certaines péripéties.

La collection des Classiques en manga s'attaque ici à un classique de la littérature américaine du 19è siècle. Publié en Amérique en 1868 et paru pour la première fois en France en 1880, Les quatre filles du Docteur March est un roman de Louisa May Alcott qui a plutôt facilement su asseoir sa popularité au fils du temps, en ayant même droit à plusieurs suites dès les premières années de sa parution. Depuis, l'oeuvre a connu d'autres dérivés conçus par d'autres auteurs au fil des décennies, ainsi que des adaptations sur différents supports et a su conserver jusqu'à aujourd'hui sa popularité, y compris au japon où elle a connu deux séries animées en 1981 et 1987. Le rêve de Jo March, l'un des romans dérivés que Louisa May Alcott a écrits, a lui-même connu aussi en 1933 une série animée nippone, que l'on connaît en France sous le titre Petite bonne femme.

Malgré son succès, Les quatre filles du Docteur March est un roman qui a été parfois un peu critiqué pour son contenu en apparence un brin insipide, où l'on se contente essentiellement de suivre le quotidien et les petites péripéties des filles March en attendant le retour de leur père parti à la guerre. Il y a en effet de ça, l'essentiel de la lecture se résume à suivre les filles de cette manière, mais résumer l'oeuvre à ça serait une erreur, car on y trouve aussi, en filigranes, une certaine évocation de la guerre de Sécession, et d'autres petits problèmes d'époque: le fait que la famille March soit sur le déclin, des aléas comme la maladie... Il s'agit également d'un roman d'évolution, où les 4 filles, épaulées par leur mère, par Laurie, par leur acariâtre tante et par d'autres visages, tentent plus ou moins de devenir meilleures et de bien grandir.

En cela, cette adaptation manga dessinée par nev s'avère plutôt réussie, dans la mesure où elle respecte toutes les grandes lignes du roman pendant ses 290 pages (même s'il y a quelques éléments occultés ou raccourcis), et qu'elle parvient suffisamment à faire ressentir l'ambiance de l'époque ainsi que les personnalités bien différentes des filles. Ainsi, on retrouve le côté sage et un peu romantique et frivole de la plus âgée Meg, le côté caractériel et garçon manqué de la cadette Jo, la profonde gentillesse de la douce Beth, et l'aspect un peu plus capricieux et égoïste d'Amy, la plus jeune. Rapidement, on ressent bien le statut de Jo en tant que personnage le plus en vue, et pour cause: tout laisse penser qu'elle s'inspire en grande partie de Louisa May Alcott elle-même. D'ailleurs, bien d'autres éléments laissent deviner que la romancière a puisé en bonne partie dans sa propre vie pour écrire son oeuvre. Mais cela, les pages bonus en fin de tome l'expliquent suffisamment bien.

Visuellement, l'oeuvre et très agréable à parcourir, sans être riche de détails. Les décors et costumes sont suffisamment travaillés pour rendre le tout plus immersif, les personnages sont tous bien expressifs et différents physiquement... nev offre une copie soignée.

Comme toujours avec la collection des Classiques en manga, on retrouve une charte graphique claire, un côté "beau livre" réussi pour ce prix, un papier de bonne qualité. La traduction de Julia Brun est d'une clarté exemplaire, tout en collant suffisamment bien à l'époque.