Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 02 Novembre 2012
Quelques mois après la fin de H2, Mitsuru Adachi revient avec ses deux nouvelles séries : Q and A et Idol A. Malgré le manque de succès injuste en France de cet auteur culte au Japon, les éditions Tonkam poursuivent donc sur ce mangaka coup de coeur. On ne peut que les en remercier.
Q and A, c'est l'histoire d'Atsushi Ando, surnommé "A" depuis toujours. Après avoir déménagé six années auparavant, le jeune garçon, qui rentre tout juste au lycée, revient vivre dans sa ville natale, dans son ancienne maison, en compagnie de ses parents et de son chien, Dero. En se promenant, il retrouve peu à peu ses petites habitudes, même si la bourgade a pas mal changé, que ce soit du côté des boutiques ou des habitants. Ainsi, il redécouvre les paysages, les rues, les magasins de son enfance, puis reprend contact avec les personnes qu'il côtoyait auparavant, et qui ont elles aussi bien changé, à l'image du petit caïd Riki Jinno qui fait désormais sa loi dans le club d'athlétisme du lycée, ou de Yuho Maezawa, une camarade de classe du primaire qui a bien changé et est devenue un très charmante demoiselle...
Bref, tout aurait dû se passer pour le mieux, tranquillement. Atsushi aurait dû pouvoir retrouver ses marques facilement, si quelques petits événements embêtants n'étaient pas arrivés : un mauvais coup est joué à Jinno comme par magie, la jupe de la charmante Yuho vole sans explication, et tout retombe sur Atsushi. La raison de ces petits problèmes ? Hisashi, surnommé "Q", le grand frère de notre héros, plutôt facétieux et gamin, et qui a gardé un physique d'enfant. Pourquoi donc ? Parce qu'il est mort six ans auparavant dans un accident, et que son fantôme est toujours là. Atsushi devra apprendre à vivre avec lui, et supporter ses petites blagues d'écolier... qui aboutissent souvent sur de gros problèmes.
Q and A pose avec une grande facilité les bases de son intrigue, si simples, si efficaces. Au fil des pages, c'est tout naturellement que l'on s'immisce dans le quotidien d'un Atsushi qui redécouvre sa ville et ses habitants. Les choses s'écoulent tranquillement, on prend le temps de s'attacher à cet adolescent assez simple, puis on découvre son entourage. Le bon pote Ken, souvent dans les bons coups. Le bad boy Jinno, sorte de faux méchant plus amusant qu'effrayant, mais qui devrait quand même poser quelques problèmes à notre héros. L'athlète Yuho, jolie, très jolie, tellement jolie que tous les garçons ont les yeux rivés sur elle, ce qui ne l'empêche pas de montrer un caractère affirmé. Le genre d'héroïne assez nuancée, naturelle et bourrée de charme, comme les affectionne l'auteur.
Et au milieu de ce petit monde vient s'immiscer "Q", le fauteur de trouble, la pointe de fantastique qui vient chambouler un peu tout, mais pas trop non plus, car Mitsuru Adachi n'insiste pas encore trop sur lui, prend le temps de bien l'amener, et de montrer les influences qu'il a pu avoir sur certains personnages comme Yuho et Jinno avant de mourir.
Cette fois-ci, pas de baseball, voire peu de sport, ce qui est relativement rare avec Adachi. Pour le moment, un tout petit peu d'athlétisme, et c'est tout. Pour le reste, le récit s'écoule calmement, au gré des redécouvertes et mésaventures d'Atsushi, au fil d'un quotidien normal, tout juste bousculé par la présence de "Q". Nous sommes dans de la pure tranche de vie, un genre où l'auteur s'est toujours montré à l'aise, ce qu'il prouve ici plus que jamais, en exploitant bien ce quotidien pour mettre en place son humour typique, facétieux quand "Q" est de la partie, plus fin quand il s'agit de confronter des personnages comme Atsushi et Yuho les uns aux autres, tout à fait unique quand on retrouve le goût de l'auteur pour se moquer gentiment du métier de mangaka, de ses responsables éditoriaux ou de lui-même.
En résulte une lecture savoureuse, qui, hormis le baseball, réunit tout ce qu'on adore chez Adachi. De ce fait, les habitués de l'auteur ne devraient pas être très dépaysés et se délecteront de cette lecture aussi paisible que rafraîchissante et amusante. Quant aux néophytes, ils ont peut-être là la série parfaite pour découvrir l'auteur, car quasiment tout son univers est dans cette oeuvre (hormis le baseball), et celle-ci ne fera que six volumes.
Côté édition, à cause du manque de succès de l'auteur en France, il faudra accepter de payer le petit format un peu plus cher. Continuer d'avoir du Adachi en France est à ce prix-là, mais pour compenser, nous avons au moins une édition très satisfaisante : première page en couleur, traduction et papier de qualité satisfaisante.