Princesse Puncheuse Vol.1 - Actualité manga

Princesse Puncheuse Vol.1 : Critiques

Saigo ni Hitotsu dake Onegai Shite mo Yoroshii Deshô ka

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 23 Août 2023

Si les adaptations de light novel en manga (et en anime) sont plus que d'actualité, les éditions Kana ne se sont que peu penchées sur le phénomène jusqu'à présent. Pourtant, cette année 2023 est marquée par l'une de ces itérations, ancrées dans le genre de la romance et de la fantasy, dans une cour royale européenne typée où il sera question de fiançailles qui tournent mal, autour d'une héroïne qui se distinguera par ses actions et son tempérament.

À l'origine, "Saigo no Hitotsu dake Onegai shite mo Yoroshii deshô ka" est un roman écrit par Sora Hoonoki et illustré par Satsuki, publié depuis 2018 aux éditions Alpha Polis et dénombrant 3 volumes à ce jour. Le manga est lancé en 2019 sur le site Regina Comics du même éditeur, spécialisé dans les parutions shôjo issues de ligne novel aux romances princières et de fantasy. Aujourd'hui, la série suit son cours avec 7 tomes au compteur, côté Japon.
Nous concernant, Kana publie le premier volume au mois de juillet 2023, et nomme sa série "Princesse puncheuse", un titre qui sied parfaitement avec le contenu de l'oeuvre, comme le prouve cet opus de démarrage. Notons que le deuxième opus paraît le mois suivant, preuve d'un éditeur qui mise sur le potentiel de l'histoire de Sora Hoonoki.

Dans Princesse Puncheuse, Scarlett El Vandimion est une jeune femme de bonne famille, dotée de pulsions qu'elle refrène afin d'honorer ses fiançailles avec Kyle, l'un des héritiers du royaume de Paristan. Celui-ci est cruel, voire sadique, mais Scarlett a toujours fait preuve d'un immense sang froid pour ne pas le cogner. Seulement, lorsque Kyle annonce rompre leur relation au milieu d'un cercle d'aristocrates, la jeune femme fait ressortir sa rage à l'aide de sa meilleure arme... ses poings ! Tandis que Scarlett vient de mettre au tapis toute l'assemblée, la nouvelle a un effet étonnant dans le pays, lançant une aventure à laquelle la "princesse puncheuse" ne s'attendait certainement pas...

À la lecture de son synopsis, Princesse Puncheuse donne l'air de figurer parmi ces séries dont le risque est celui d'un intérêt limité à son concept. Dans le manga signé Nana Otari, l'idée d'une princesse qui cogne un parterre de figures royales et bourgeoises aux moeurs strictes et patriarcales prête à sourire, mais fait aussi redouter un concept qui prendrait le pas sur l'intérêt de l'histoire. Fort heureusement, ce premier tome vient nous rassurer sur la manière qu'a eue Sora Hoonoki, l'autrice, pour exploiter son idée.

Cette idée de princesse aux poings d'acier (parfaitement suggérée par l'illustration de couverture de l'ouvrage) est pourtant bien représentée à travers un premier chapitre fort. Au programme, un prince arrogant et détestable qui vient rompre ses fiançailles avec une protagoniste qui pourrait passer pour la "vilaine", et qui clame sa propre justice tout en extériorisant sa frustration en faisant parler les coups, et en faisant couler le sang. L'habilité de ce tome de démarrage vient surtout de sa manière de rebondir en plantant progressivement des enjeux plus importants, tout en introduisant des personnages qui prendront place autour de Scarlett, afin de définir une véritable "aventure" qui débute par la remise en place du prince Kyle. Dès lors, même si la hargne de l'héroïne est souvent mise en avant, le récit raconte quelque chose de plus grand, en phase avec son univers de fantasy historique teintée de différents codes. Rivalité aristocratique, pouvoirs divins... Une véritable histoire nous est contée, et rapidement, créant une vraie hâte d'en découvrir la suite plus que découvrir les nouvelles frasques de Scarlett.

Il ne faut pourtant pas mettre de côté l'originalité du personnage principal qui aime faire parler la force physique. Son amour des coups est régulièrement traité avec humour, ce que Nana Otori met joliment en scène avec des planches qui jouent sur le comique du concept. Pourtant, on décèle dans cette idée une forme d'intelligence qui donne de la légitimité à Scarlett, fille de bonne famille qui aimerait laisser libre cours à son véritable caractère, mais qui a toujours dû se contenir pour correspondre aux normes d'une cour royale et hautement patriarcale. Alors, quand la fiancée déchue devient justicière, c'est une libération pour elle, et un plaisir presque cathartique pour le lecteur.

Princesse Puncheuse, c'est donc une idée bien trouvée et pertinente, traitée avec équilibre dans une œuvre à l'histoire bien présente, autour de personnages attachants. Le trait de la mangaka joue aussi beaucoup dans cette appréciation, tant la finesse du style de Nana Otori se couple à une certaine densité et à des planches inspirées qui nous font entrer pleinement tant dans le délire initial que dans l'intrigue. Une très belle surprise donc, en espérant que l'effet se poursuivra dans les tomes suivants !

Concernant l'édition proposée par Kana, l'ouvrage est conforme aux standards de la maison franco-belge, et dispose d'une traduction inspirée de Cyril Coppini, et d'un lettrage bien calibré signé Éric Montésinos.
On pourra néanmoins se questionner sur le choix du label Big Kana, le titre étant un shôjo de base. Un enjeu purement éditorial, sachant que la classification aurait de quoi prouver la variété du shôjo.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction