Plus haut que le ciel Vol.1 - Actualité manga
Plus haut que le ciel Vol.1 - Manga

Plus haut que le ciel Vol.1 : Critiques

Sora Yori Takaku / Hareta Sora

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 12 Décembre 2017

En cette fin d'année 2017, le catalogue des éditions Black Box accueille un nouvel auteur en la personne de Saburô Ishikawa, mangaka que l'on connaît déjà en France pour les dessins des séries Aya conseillère culinaire (sorti chez Doki-Doki) et Une sacrée mamie (paru chez Delcourt). Séduit par le style de cet auteur, l'éditeur le relance en France en grande pompe, avec l'arrivée simultanée de 4 séries (qui ne seront pas les seules du mangaka chez l'éditeur) ! Paru au Japon entre 1995 et 1997 sous le titre Sora Yori Takaku, Plus haut que le ciel est le plus ancien récit des 4.


Bouclée en trois volumes, cette histoire nous plonge dans le Japon de l'immédiat après-guerre, juste après la capitulation japonaise d'août 1945. D'emblée, l'oeuvre s'ouvre sur des pages fortes, où un enfant du nom de Katsutoshi voit mourir sous ses yeux sa mère, brûlée puis ensevelie sous des décombres alors qu'elle le protégeait, lors des terribles bombardements de Tokyo de mars 1945. Quelques mois plus tard, Katsutoshi est toujours vivant, et est le chef d'une bande de 8 orphelins de guerre qui, jour après jour, tentent de survivre dans une ville dévastée en s'entraidant.


Plus haut que le ciel, c'est donc avant tout le parcours de 8 jeunes garçons qui n'ont plus de parents, et qui sont confrontés à une dure réalité que le mangaka, en se basant sur un roman de Ryô Hanmura ("Hareta sora, Un ciel ensoleillé"), s'applique à dépeindre avec un certain réalisme. An plus d'évoquer pas mal d'éléments historiques (la capitulation, l'arrivée de l'armée d'occupation, le fait que le salaire d'un ouvrier est trop faible pour vivre décemment, le marché noir se développant...), Ishikawa, au gré du quotidien des enfants, nous amène à découvrir une époque sombre pour le peuple, l'immédiat après-guerre dans un Japon et une ville de Tokyo complètement détruite par la guerre, et où survivre devient pour les plus démunis un véritable parcours où il faut se "battre" chaque jour. Il y a les menaces telles que la famine, les maladies, l'impossibilité de se laver, l'insalubrité des logements, voire la drogue (l'un des enfants, "Mémé", devient dangereusement accro aux amphétamines)... mais aussi des dangers découlant de ce que ces gosses sont contraints de faire pour vivre, par exemple revendre des vieux mégots récupérés par terre, chaparder des journaux ou chaussures, négocier avec des soldats démobilisés violents... leur entraide sera essentielle. 


Une entraide qui, assez vite, se consolide autour de deux autres personnes : une femme, Shizuko, douce, belle et qui semble venir d'une autre condition, et sa petite fille Keiko, fillette fragile et plus jeune qu'eux. Deux figures qui ne semblent pas faites pour la rudesse de ce monde-là, et que les garçons décident de prendre sous leur aile pour les aider à s'en sortir. Une bonne partie du volume va en réalité tourner autour du désir de ces gamins de toujours veiller sur ces deux "femmes" fragilisées, et alors que le contexte est difficile, il en ressort alors une très belle leçon d'humanité : ils n'ont beau être que des enfants et être eux-mêmes dans une situation terrible, tous se donnent pour protéger une Keiko qu'ils considèrent comme leur petite soeur, et une Shizuko en qui ils ne peuvent, forcément, que transposer l'image de leur mère respective qui leur manque tant. Cela donne lieu à quelques très belles scènes émouvantes sans en faire trop, et ça nous montre que même dans les pires situations, il peut toujours y avoir du bon. Et en filigranes, on devine tout doucement que Shizuko et Keiko auront un rôle encore plus important par la suite, puisque certaines personnes semblent les rechercher.


La principale petite lacune de la lecture viendra de la difficulté de s'y repérer entre les 8 enfants au départ : si l'on occulte la petite présentation des personnages (très utiles) au tout début, aucun d'eux n'est vraiment présenté pendant la lecture, ce qui fait qu'on ne les différencie pas forcément tout de suite. Heureusement, au fil de la lecture, on commencera a bien repérer chacun des différents visages et leurs quelques traits de caractère, même si on aurait aimé que leur passé respectif soit un peu plus montré, et même si certains restent très en retrait par rapport à d'autres (ici on pense surtout à Yoshinobu, "le veilleur" de son surnom).


Visuellement, on est dans un style un peu old school qui, par son expressivité, fonctionne très bien. Le mangaka soigne ses décors quand il le faut, et offre à ses personnages des designs adéquats (par exemple, pour la bande d'orphelins, des vêtements simples, des visages noirs, car ils ne peuvent pas se laver...).


Sur ce premier volume, Plus haut que le ciel se révèle être une très belle lecture, dont le ton simple sait éviter tout pathos afin d'offrir, entre autres, quelques belles leçons d'humanité à une époque sombre qui en avait bien besoin.


Grand format, présence de rabats, papier souple et sans transparence, impression très honnête, travail de lettrage correct... L'édition proposée par Black Box est dans l'ensemble satisfaisante. Mention spéciale à la traduction de Mélissa Millithaler, qui offre quelque chose de très clair et sans fautes, et qui sait très bien jouer sur le langage des enfants (leurs surnoms, entre autres) pour les rendre familiers.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs