Piravit - Le dernier fantôme Vol.1 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 06 Août 2024

Après l'excellent Cicatrices en début d'année, le catalogue de créations originales des éditions Vega-Dupuis a accueilli, début juillet, une deuxième oeuvre chilienne au format manga: Piravit, série lancée en grandes pompes par l'éditeur avec la venue à Japan Expo de son auteur Kenron Toqueen, pour des séances de dédicaces qui étaient pour la plupart garnies de monde, ce qui laisse promettre un bel avenir pour cette oeuvre. Quant à l'auteur lui-même, on trouve derrière ce nom un artiste qui a acquis une certaine renommée sur internet pour ses illustrations un peu olé-olé, qui a appris le dessin en autodidacte au fil de sa jeunesse, qui est très proche des animaux en s'occupant lui-même de chiens et chats qu'il recueille (un amour des bêtes qui se ressent dans son manga où les héros tiennent un refuge, et même dès sa photo de profil rendant hommage à nombre d'animaux ayant accompagné ou accompagnant toujours sa vie), et citant parmi ses mangakas préférés One Piece en premier lieu, puis les mangas d'horreur (ceux de Junji Ito en tête), Death Note, Vagabond, Slam Dunk, Dragon Ball et Bakuman.

L'histoire nous immisce auprès de Piravit, un gentil et joyeux fantôme qui semble être le dernier représentant de son espèce nommée phantam, et qui vit avec son amie humaine Kimé pour effrayer les mauvaises personnes et s'occuper d'un refuge pour animaux. Tous deux se plaisent très bien dans ce quotidien paisible, du moins jusqu'au jour où un incident contraint Piravit à révéler la vraie nature et sa position. C'est alors le début des ennuis, car nombre de démons, mages et autres individus malintentionnés se verraient bien exploiter à leur compte les grandes capacités que renferme le statut de phantam et notre fantomatique héros...

Dans l'imaginaire collectif, les fantômes sont souvent associés à l'effroi, mais pas ici : Piravit, en plus d'être le personnage central de l'oeuvre, est un fantôme gentil qui est même épaulé par une exquise amie humaine en la personne de Kimé, et dont la gentillesse transparaît notamment dans sa façon de s'occuper d'un refuge pour animaux. Sur cette base ayant sa petite part d'originalité, l'auteur déballe un début d'intrigue qui, en revanche, suit un déroulement bien plus classique du genre du shônen d'aventure, avec des premières menaces arrivant les unes après les autres pour installer des premiers personnages secondaires tantôt alliés tantôt ennemis, et pour mettre en place les premières spécificités de l'univers. Honnêtement, quand on est un minimum habitué au genre, les rebondissements apparaissent généralement très convenus: on devine très facilement la plupart des rebondissements qui nous attendent sur ces environ 190 premières pages. Mais pour un public assez jeune ou pour un gros amateur de récits de ce type, il y a de quoi se laisser tout de même avoir pour certaines raisons.

En premier lieu, au fil de ce premier volume Kenron Toqueen a le mérite d'amener à petites doses les différents concepts, en nous laissant bien le temps de les assimiler les uns après les autres : le statut de fantôme de Piravit, l'existence de démons, le degré de pureté de ceux-ci, le fait que Piravit va être traqué pour diverses raisons, le concept de phantam, l'existence d'autres espèces ( humains, mages), les pouvoirs que Kimé renferme elle aussi sans le savoir au départ, la manière dont les pouvoirs des personnages se réveillent et gagnent en puissance en jouant sur la puissance des émotions ressenties... Par ailleurs, le concept des phantams s'annonce suffisamment intéressant : ils semblent venir d'ailleurs, peuvent voyager entre les dimensions, peuvent devenir imperceptibles, ont la vie éternelle... ce qui, mine de rien, offre pas mal de possibilités, notamment lors des moments plus orientés action, comme nous pourrons le voir dès ce premier opus.

Qui plus est, même si l'ambiance reste très typée shônen d'aventure/action avec sa part de légèreté, la série semble vouée à évoquer en filigranes nombre de sujets plus sérieux : le rejet de la différence via les moqueries que reçoit Kimé, l'obsession pour l'immortalité, le besoin de protéger coûte que coûte les personnes en qui l'ont tient, voire même la perte d'êtres chers...

Et enfin, on sent que l'auteur aime beaucoup le character design, que ce soit d'humains ou de monstres, certains fantômes un brin déglingués rappelant même un peu les spectres suivant toujours Perona dans l'arc Thriller Bark de One Piece. La régularité de son trait a beau être encore un peu perfectible, Kenron Toqueen se plaît clairement à apporter à chacun de ses personnages des caractéristiques physiques propres, tout comme il s'applique à conférer des détails spécifiques à chacune des espèces (humains, démons, mages...).

On attendra alors sans déplaisir de voir comment cette oeuvre va évoluer. Dans l'immédiat, le déroulement est assez convenu sur ce premier tome, mais certains concepts, certains éléments sur les personnages et certaines idées graphiques ont largement de quoi apporter une certaine unicité à cette série, qui a d'ores et déjà un petit capital-sympathie.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
13.5 20
Note de la rédaction