Pink Ribbon - Manga

Pink Ribbon : Critiques

Fenhong Duandai

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 29 Décembre 2023

Au mois de juillet dernier, pile pour Japan Expo, les éditions Nazca ont publié Pink Ribbon. De son nom original Fenhong Duandai, ce one-shot aux accents yuri a été édité dans son pays d'origine par Tong li Comic en 2018. Il s'agit du premier manhua de la carrière de Monday Recover, autrice taïwanaise que vous avez peut-être déjà croisée sur le stand de Taïwan lors de certaines éditions du FIBD d'Angoulême, et qui est déjà connue en France pour les titres 9 Lives Man et Contes merveilleux du printemps qui sont tous deux parus dans notre langue aux éditions Mahô. Pink Ribbon a permis à l'autrice de remporter en 2019 le grand prix de la BD de l’année et celui de la meilleure BD pour jeunes adolescentes lors de la 10e édition des Golden Comic Awards.

Tout commence ici par la découverte d'une lycéenne du nom de Xu Zhian mais qui préfère se faire appeler Lou Minou. L'univers de cette jeune fille, c'est le port de robes à froufrous et autres noeuds et ruban choupis, car elle est une fan inconditionnelle du style lolita. C'est son monde à elle, elle l'assume parfaitement et ça lui convient très bien, même si certaines personnes dans la rue la regardent parfois de travers ! Mais un jour, quand elle croise furtivement une jeune fille à lunettes, à cheveux courts et au tout petit gabarit, son coeur ne fait qu'un bond: l'inconnue a, selon elle, le physique parfait pour porter des tenues aussi mignonnes qu'elle, si bien que Lou se met en tête de la retrouver dans l'espoir de de la convaincre d'essayer un nouveau look et de lui faire porter des vêtements de lolita. Grâce à Azhe, un pote de classe membre du club de volleyball, Lou apprend que sa cible, Yuxuan, est elle-même une talentueuse volleyeuse du club. Elle voit alors en scène une adolescente qui compense sa toute petite taille par une vraie détermination et de grands talents en sport, quand bien même ça enlève beaucoup de féminité en elle, ce qui lui vaut d'ailleurs d'être traitée par Azhe comme un pote. Et ça tombe plutôt mal puisque la pauvre Yuxuan a secrètement le béguin pour Azhe... Le prétexte est alors tout trouvé pour Lou: si Yuxuan veut avoir une chance de plaire à Azhe, il faut qu'elle devienne plus mignonne, et donc qu'elle porte des tenues à froufrous et des rubans ! Mais comment cette relation naissante entre les deux jeunes filles va-t-elle évoluer, à partir de là ?

Adorable: tel est le premier mot qui vient à l'esprit pour qualifier cette lecture, et cela pour une raison en particulier, à savoir le style visuel de Monday Recover qui fait tout pour accentuer la mignonnerie des choses. Il faut dire que, même s'il faudra accepter l'apparence quand même très juvénile des deux héroïnes pour des lycéennes (concrètement, on dirait à tout casser de jeunes collégiennes, voire des écolières), la dessinatrice a à coeur de leur offrir des designs tout ronds et expressifs qui fonctionnent très bien. Après ça, il suffit d'ajouter les tenues de style lolita, avec différents sous-styles bien travaillés puisque l'autrice avoue être elle-me^me assez fan de ce genre vestimentaire, pour que le charme opère facilement, comme un petit bonbon acidulé.

C'est en s'appuyant sur ce rendu visuel assez craquant que Monday Recover déballe une petite intrigue sentimentale assez classique dans son déroulement, et pourtant assez efficace dans la multitude de sujet qui sont tout juste esquissés. En effet, si sur le pur plan sentimental il sera question de déception amoureuse puis de découverte de l'autre, derrière ça l'autrice évoque des choses comme les complexes (Yuxuan a-t-elle raison de se reprocher son manque de féminité et son absence de "gros nichons" pour plaire à Azhe ?), l'altruisme (consciente que son comportement est au départ égoïste, Lou changera bien vite en voulant alors réellement aider sa nouvelle amie), l'importance d'aimer l'autre comme il est, et surtout l'importance de s'aimer soi-même tel qu'on est. Monday Recover, certes, ne pousse pas les réflexions beaucoup plus loin, mais elles ont le mérite d'être là et de ne pas alourdir un récit qui veut avant tout rester très lumineux.

Dans l'ensemble, on a donc ici une petite lecture résolument mignonne, rafraichissante et attachante, qui vaut assurément le coup qu'on y jette un oeil si l'on aime le genre ! Et qui plus est, l'édition française est dans l'ensemble satisfaisante avec un grand format, une douce jaquette rehaussée d'un vernis sélectif, un dépliant en couleurs nous gratifiant d'une craquante illustration des héroïnes, un papier souple et assez opaque, une qualité d'impression très correcte, un lettrage propre que l'on doit à Dorian Pregnolato, et une traduction suffisamment claire de la part de Hsu Ming-chu et Thomas Lahousse.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs