Phantom Busters Vol.1 : Critiques

Phantom Busters

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 04 Avril 2025

Annoncé par les éditions Ki-oon en novembre dernier, Phantom Busters voit son premier volume débarquer dans notre langue en ce début de mois d'avril, en se présentant comme la grosse nouveauté shônen de l'éditeur pour cette première partie d'année au vu de sa mise en avant, notamment via l'élaboration d'une édition collector qui, pour un prix de 9,95€ (soit 3€ de plus que l'édition simple), contient le tome doté d'une jaquette alternative réversible, deux badges et quatre cartes postales.

Cette oeuvre a été lancée en 2023 dans le magazine Jump SQ des éditions Shûeisha, un magazine mensuel de l'écurie Jump proposant généralement des séries un peu plus mâtures que les titres du Shônen Jump et dont proviennent, entre autres, des séries comme Platinum End, Moriarty ou encore The Bugle Call. Il s'agit là de la toute première publication française de Neoshoco (aussi appelée Shoco), une mangaka qui a vogué entre le Japon (son pays d'origine), la France (où elle a vécu pendant un an à l'occasion d'un échange universitaire à Paris) et les Etats-Unis (via un semestre en études d'art à New York), tout en se lançant en tant que dessinatrice et autrice en touchant à différents styles de mangas professionnels et amateurs: séries tout public, boy's love, manuels de dessin, gags en quatre cases, illustrations... en finissant par remporter en 2017 un prix au concours Shikishou du magazine Afternoon des éditions Kôdansha). Mais elle est également une grande fan de cinéma, et c'est en s'inspirant des célèbres films SOS Fantômes (Ghostbusters) qu'elle image Phantom Busters, en y proposant une histoire de chasseurs de spectres également, avec le même mélange d'action et d'humour, mais en ancrant les choses dans le Japon contemporain et en faisant de ses héros de jeunes lycéens.

Phantom Busters nous plonge donc à Kamakura de nos jours, où le jeune Eugene Korekishi, métis anglo-japonais, vient d'arriver depuis Londres pour poursuivre ses études. Elève studieux, largement plus intelligent que la moyenne si bien qu'on le qualifie souvent de prodige, et voué à être le délégué des nouveaux élèves après avoir obtenu les meilleures notes, il est plutôt du genre à être rationnel, et ne croit donc aucunement à des choses comme les fantômes, plus encore après un souvenir à la fois triste et précieux concernant sa défunte grand-mère. Pourtant, sur la route pour son premier jour en tant que lycéen, une rencontre complètement farfelue lui tombe dessus en la personne de Mogari Shishikuno, qu'il sauve d'une improbable noyade, comme s'il avait été tiré dans l'eau par quelque chose. Face à cet adolescent très avenant et spontané, qui est voué à intégrer le même lycée que lui, et qui lui dit provenir d'une famille d'exorcistes et exorciser les esprits en les mangeant, Eugene reste d'abord dans son déni de l'existence des spectres... du moins, jusqu'à ce que l'un d'eux l'attaque à son tour, et que Mogari le sauve avec l'aide d'un autre garçon, Kaoru Kanzaki, un médium solitaire capable de voir les spectres ! Suite à cette expérience, Mogari décide de joindre l'utile à l'agréable en voulant fonder les Phantom Busters, un club d'activité au lycée, pour à la fois profiter de ses années lycéennes et accomplir la mission que son clan lui a confiée: s'il a été autorisé à quitter son village perdu dans les montagnes, c'est parce qu'en échange il doit régulièrement envoyer à ses aïeux les comptes-rendus des chasses aux fantôme qu'il pourra faire à Kamakura. Mais encore faudra-t-il convaincre Eugene et Kaoru de se joindre à lui, et trouver un quatrième membre pour que le club puisse être créé...

Sans trop de surprise, ce premier tome suit un schéma assez simple où il est avant tout question, au gré de premiers exorcismes de spectres tantôt dangereux voire mauvais tantôt beaucoup plus amicaux et attachants (coucou Otohime), de mettre en place les quatre personnages principaux et de donner naissance au fameux club où ils pourront exercer secrètement leurs activités. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'en plus d'être bien rythmée, toute cette phase d'installation se veut aussi déjà emballante pour quatre raisons.

Tout d'abord, l'habile complémentarité que l'autrice crée entre ses quatre jeunes héros qui, quelque part, ont besoin les uns des autres pour combler leurs lacunes et tirer le meilleur de leur sixième sens spécifique: Mogari a certes la capacité d'exorciser les esprits en les dévorant mais il ne peut pas les voir, tandis que Kaoru peut justement les voir depuis toujours et partager sa vision en touchant ses camarades ayant aussi un sixième sens, et que Kotaro Tamon, le futur quatrième larron de la bande, ne peut lui non plus pas voir précisément les spectres mais a depuis toujours la faculté de discuter avec eux, pour les comprendre et, si possible, les aider en douceur à rejoindre l'Au-Delà. Quant à Eugene, s'il n'a aucun sixième sens, il a bien sûr pour lui son intelligence qui pourra être utile à de nombreuses reprises. Ainsi l'autrice parvient-elle a créer entre eux une alchimie qui est bien rodée et qui, mine de rien, a sa petite part d'originalité.

Ensuite, le background que la mangaka tâche déjà d'apporter vite et bien à chacun de ses héros pour d'emblée leur offrir plus de substance. On découvre ainsi en Eugene un garçon qui a longtemps nié toute possibilité d'existence des spectres suite à ce qui s'est passé autrefois avec sa grand-mère, en Kaoru un garçon qui a appris à rester solitaire car tout le monde le trouve bizarre quand il dit voir les esprits, en Kotaro un adolescent qui s'épanouit beaucoup plus au contact des fantômes qu'auprès des vivants qu'il fuit comme la peste (au point de vomir dès qu'il a un contact visuel avec eux) car son entourage l'a toujours rejeté à cause de sa capacité, et en Mogari quelqu'un qui, derrière sa jovialité, ne se doute peut-être pas des choses sombres qui se trament dans son clan, ce dernier élément installant déjà une menace plus ample dans les dernières pages.

Puis, l'humour omniprésent qu'entraînent ces personnalités bien exploitées: jouant habilement sur les traits de caractère de ces garçons (Mogari est un fonceur qui ne réfléchit pas toujours, Kaoru cache derrière son allure de solitaire insolent un vrai fanatisme d'otaku envers Slam Dunk, Kotaro est quasiment asocial envers les vivants tout en vénérant quasiment - voire en tombant amoureux - des esprits...) et leurs interactions, pour un résultat où il n'est pas rare qu'ils enchaînent les petites gaffes.

Et enfin, la patte graphique soignée: sans forcément rechercher une grande originalité, Neoshoco parvient à offrir quelques particularité au design de chacun de ses héros et, surtout, à les rendre très expressifs, tout en soignant aussi ses spectres et ses décors contemporains de la ville de Kamakura.

A l'arrivée, il y a de quoi passer un très bon moment à la lecture de ce premier tome ! Il s'agit d'une volume de mise en place particulièrement rythmé, amusant et haut en couleurs, au fil duquel la mangaka peaufine fort bien sa recette, tout en apportant déjà suffisamment de substance à ses héros et en esquissant soigneusement ses enjeux. On suivra alors cette oeuvre avec un réel plaisir !

Cette chronique ayant été réalisée à partir d'une épreuve (donc une version non-définitive) du tome, on ne donnera pas d'avis sur l'édition.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs