Peste (la) Vol.2 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 17 Novembre 2021

Il est désormais admis qu'une épidémie de peste envahit la ville d'Oran. Les frontières de la cité doivent ainsi fermer, ce qui ne tarde pas à déclencher la colère des citoyens parqués dans dans ce véritable enfer. S'échapper est vain, une réalité à laquelle le journaliste parisien Raymond Rambert se confrontera bien assez tôt. De son côté, le docteur Rieux se sent impuissant. Face aux récupérations du fléau et à la maladie qui se propage, le médecin sent son efficacité amoindrie. C'est alors que le mystérieux Jean Tarrou lui fait une proposition audacieuse...

Le premier tome de la version manga du roman La Peste par Ryôta Kurumado a su se montrer glaçant, que ce soit par ta tragique résonance avec l'actualité ou la manière dont le trait de l'auteur amenait un sentiment d'effroi dans le début de l'histoire. Pour le non lecteur de l’œuvre de Camus, il demeurait la curiosité de découvrir la suite de cette intrigue, voir si celle-ci se dirigerait vers un récit encore plus noir. A ce titre, les développements peuvent étonner.

Car finalement, ce ne sont pas les cumuls de cadavre qui sont montrés mais bien la manière dont les différents personnages introduits jusqu'à présent réagiront face à la gravité des événements. Tout ce second volume est un habile jeu de croisement entre les protagonistes, chacun allant de sa propre initiative (égoïste ou altruiste) en réaction à cette peste qui s'étend massivement dans la ville d'Oran. L'intrigue évolue de manière humaine à ce sujet, ces différents personnages phares représentants plusieurs comportements possibles dans un tel cas, et le tout avec nuance et sans réel manichéisme. L'écriture est donc convaincante et le récit en lui-même prenant. Il faut donc bien accepter le parti-pris initial d'Albert Camus de ne pas tomber dans le sensationnel pour aborder ce récit humain aux idées sociétales.

Ces parcours de personnages ont aussi pour but de dessiner des représentations de la société d'époque, marque de la patte engagée de Camus. Le plus violent sera le portrait dressé de l’Église et sa réaction inadéquate sur une telle période. A une période où la foi chrétienne demeurait un poil plus importante qu'aujourd'hui, le discours est censé bien que violent. Pour le reste, c'est surtout l'idée de la force du peuple qui jaillit de ces pages, celui-ci se dressant comme l'ultime rempart pour endiguer l'épidémie. Pour le non connaissance du roman, difficile de savoir ce qu'il adviendra de ce plan, de même pour les tentatives risquées du journaliste Rambert de quitter le pays. En ce sens, la fin du deuxième tome de La Peste nous laisse sur un suspense certain, tant il est difficile d'imaginer le déroulement de la seconde moitié du récit si on n'a jamais touché à l’œuvre littéraire de Camus.

Et encore une fois, il faudrait passer le cap graphique pour adhérer à cette adaptation. Moins ancré dans l'effroi, le style de Ryôta Kurumado pourra montrer quelques limites, notamment sur certaines planches qui manquent de précision. La patte reste particulière, laissant à chacun le loisir d'y adhérer ou non.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14.5 20
Note de la rédaction