Persona 5 Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 03 Octobre 2019

Il est aujourd'hui de coutume que chaque jeu principal Persona soit accompagné par différentes adaptations. Ainsi, à peine quelques jours après la sortie du cinquième épisode au Japon, une adaptation manga de Persona5 a été lancée. Dessinée par Hisato Murasaki, un mangaka en activité depuis le milieu des années 2000 mais qui n'avait encore jamais été publié en France, la série est proposée sur la plateforme Ura Sunday de l'éditeur Shôgakukan. Son rythme est plutôt lent, puisque seulement 5 volumes sont parus en trois ans, le titre étant toujours en cours.

En France, l'année 2019 est celle de Persona aux éditions Mana Books. Aussi, après la sortie de l'artbook du cinquième épisode et de l'adaptation manga du troisième, c'est au tour du manga Persona5 d'intégrer le catalogue de l'éditeur.

L'intrigue, celle du jeu, est inchangée, exception faite du protagoniste qui s'appelle ici Akira Kurusu. Ce dernier, condamné pour avoir blessé l'agresseur d'une femme à qui il venait en aide, doit changer d'établissement et emménage à Tokyo, seule ville où un lycée a accepté son transfert, logeant dans le grenier du Café d'un certain Sôjirô Sakura.
Akira entame sa nouvelle scolarité avec une douteuse réputation liée à sa condamnation. Mais, surtout, le premier jour, il se perd lors de son trajet vers le lycée. Accompagné par Ryûji Sakamoto, un camarade de son nouvel établissement, il atterrit dans un château où Kamoshida, professeur de sport du lycée Shûjin, règne comme un roi despotique. A priori, les deux compères ne sont plus dans la réalités, et ne pourront s'en tirer qu'en tirant partie de la Persona, un mystérieux pouvoir qui vient de s'éveiller en Akira...

Le premier constat de cette adaptation manga de Persona5 est surtout graphique. Hisato Murasaki a un trait éloigné du character-design de Shigenori Soejima, ce qui se ressent dès les premières pages. La patte du mangaka ne sera peut-être pas du goût de tous, et méritera un temps d'adaptation. Néanmoins, force est de constater que l'auteur fait sienne l'esthétique du RPG d'Atlus. Son trait dégage un côté très manuel, un peu hésitant parfois, mais qui rend aussi une certaine authenticité. C'est assez spécial pour du Persona5, mais force est de constater que le manga propose, dès ce premier tome, un cachet indéniable et une petite personnalité en tant qu'adaptation manga d'un jeu-vidéo. Il reste une petite réserve sur quelques scènes d'action qui manquent cruellement de détail, surtout pour l'adaptation d'un jeu aussi stylisé que P5, mais on remarque une petite amélioration dès la fin de volume.

Car Hisato Murasaki ne s'accapare pas seulement le visuel de Persona5, mais aussi son histoire. Celle-ci, très fidèle au jeu, est parfois réarrangée pour davantage convenir au format manga. L'introduction est rendue un peu plus succincte, ce qui n'a rien d'un mal. Pour autant, l'artiste ne fait pas de coupe dramatiques : il parvient au contraire à étendre toute l'étape d'introduction sur un tome entier, ce qui permet de présenter les différentes mécaniques de l'univers d'Atlus de manière tout à fait digeste. Là où le manga Persona3 peut perdre sans mal les nouveaux venus, l'adaptation de Persona5 prend davantage son temps, et prend surtout la peine de présenter son décor.

Le scénario étant fidèle à celui du jeu, avec des micro-libertés tout à fait crédibles, l'intrigue de ce premier opus est globalement prenante. Si l'entrée dans l'univers peut s'avérer délicate dans un premier temps, le récit dégage des thématiques sociétales en filigranes assez bienvenue. S'il fait d'une part dans l'action surnaturelle en développant un côté shônen à pouvoir, le début de Persona 5 prend aussi la peine de parler de harcèlement scolaire, du clivage entre les générations, et de l'esprit de révolte face à une société corrompue. Des idées juste effleurées pour l'instant mais qui, si le manga continue de s'avérer aussi conformes au jeu, prendront de plus en plus d'ampleur et de sens par la suite.

Si les adaptations mangas de jeu ou d'anime laissent toujours planer le doute tant elles font très souvent office de pur produit promotionnel, le manga Persona5 par Hisato Murasaki prend un très bon chemin dès ce premier tome. Une fois la patte graphique du mangaka acceptée, on apprécie le rythme de ce premier tome qui atteste un manga qui prend son temps. Et, surtout, Hisato Murasaki semble avoir parfaitement intégré les codes d'un récit, rendant ce premier volet plus proche d'un manga originale que d'une pure transposition sans âme du jeu-vidéo. On apprécie le parti pris, et on espère que le titre évoluera dans cette voie.

Côté édition, Mana Books nous sert une bien belle copie. Le papier est épais, l'adaptation graphique par Clair Obscur cohérente par rapport à l'univers Persona, et la traduction de Julien Favereau très honnête. Si on veut pinailler, on regrettera que ce soit le masculin qui soit utilisé pour le terme Persona, le mot étant d'origine latine et à considérer au féminin. Mais rien de bien grave en soi, pas de quoi nous sortir de la lecture.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15 20
Note de la rédaction