Persona 3 Vol.1 - Actualité manga

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Mars 2019

Saga de J-RPG de plus en plus populaire dans le monde, Persona jouit pourtant toujours d'un succès d'estime plus grand que son succès commercial, notamment en occident. Dans sa volonté de proposer différentes adaptations manga de jeux-vidéo, les éditions Mana Books s'intéressent cette fois au chouchou d'Atlus, avec l'adaptation de Persona 3, jeu initialement sorti en 2006 au Japon, sur Playstation 2. Toujours très apprécié des fans et des joueurs de RPG de la console, Persona 3 a déjà eu droit à une petite mise en avant ces derniers temps avec le jeu Persona 3 : Dancing in Moonlight, titre de rythme sur les musiques phares du jeu original, parfois remixées.
Un pari en soi, Persona n'ayant jamais connu un immense succès, bien que plus de la moitié des adaptations animées aient été proposées légalement chez nous. La série de quatre films tirée du troisième opus n'en fait malheureusement pas partie, aussi la version manga est une bonne occasion de profiter d'une manière différente du jeu-vidéo, sans avoir à courir chez un revendeur pour se procurer une PS2 et le jeu d'époque, celui-ci commençant à bien coter. Toutefois, avis aux amateurs, la version PSP reste disponible sur Vita, et la version FES de Persona 3 sur Playstation 3, ce via le Playstation Network.

Parlons du manga en lui-même. Prépublié entre 2007 et 2016 dans le Dengeki Maoh des éditions ASCII Mediaworks, et terminé en 11 tomes, Persona 3 est le premier manga de Shûji Sogabe, un illutrateur habitué à travailler dans le domaine du jeu-vidéo, jusqu'à la moitié des années 2000. L'adaptation du jeu d'Atlus est son premier manga, et le résultat plaira au développeur à tel point que le manga Persona 4 lui sera aussi confié dès 2009, une double publication qui feront connaître aux deux séries un rythme de parution compliqué.

En avril 2009, le jeune Minato Arisato retourne dans sa ville d'enfance, dix ans après la mort de ses parents. Orphelin, il doit donc être hébergé dans un dortoir pour les étudiants du lycée Gekkoukan, qu'il est amené à fréquenter. Malgré les phénomènes curieux qui ont lieu lors de son trajet jusqu'à dortoir, Minato ne remarque rien, et s'apprête à connaître une rentrée scolaire classique. Mais ses colocataires semblent bien lui cacher quelque chose : Dans la nuit existe une heure secrète, l'heure des ombres, durant laquelle des créatures du nom de Shadows sévissent. Et ça, Minato va le découvrir malgré lui...

Persona 3 est un jeu long et au scénario riche, dont la recette n'est pas forcément évidente à adapter au format manga. Et dès le départ, c'est la confusion qui semble régner : Pour son premier manga, Shuji Sogabe opte volontairement pour une approche différente et chaotique, présentant une scène d'action dramatique portée par une belle poignée de personnages qui semblent bien se connaître. Une entrée en matière compliquée pour quiconque n'aurait jamais joué au jeu, mais qui permet de présenter une ambiance et, surtout, un narration des scènes de combat assez spectaculaire. Et une telle présentation, le manga Persona 3 en avait sûrement besoin pour attirer l'attention du lecteur, de telle sorte à ce que celui-ci accepte de donner sa chance au titre, qui a beaucoup à montrer. Car Persona 3, comme tous les épisodes depuis le troisième, met un certain temps à se lancer, et la série ne fait pas exception. Alors, si l'intrigue reprend le début du jeu dès le premier vrai chapitre, l'introduction étant volontairement appelée « Prologue », ce n'est qu'une mise en bouche que constitue ce premier tome.

Car tout ce qui suit n'est que l'introduction, l'entrée en scène de Minato et la découverte de son nouvel environnement, jusqu'à ce que le héros decouvre son pouvoir : la Persona. La transposition en manga de toute cette séquence d'introduction n'est honnêtement pas idéale pour le nouveau venu qui découvrirait l'histoire par ce biais : la rentrée scolaire de Minato se mêle à la découverte de son dortoir, ses camarades lui cachant volontairement un certain secret, et aucun enjeu n'est véritablement planté dans ce premier volet. Et pour cause, la séquence d'éveil de la Persona, véritable moment de lancement de l'intrigue dans tout volet de la série, n'a lieu qu'à la toute fin du tome. Clairement, ce premier opus n'est pas le vrai début de l'histoire, ce n'est qu'un commencement et un teasing de ce que pourra découvrir le lecteur par la suite. En ce sens, Mana Books a fait un excellent choix en publiant les deux premiers tomes en simultanée. Ainsi, ce n'est qu'avec la suite qu'un véritable aperçu du potentiel de Persona 3 sera donné, difficile alors de se faire un premier véritable avis avec ce tome de départ.

Pourtant, s'il y a bien quelque chose qui accroche rapidement, c'est le style de Shuji Sogabe en ce qui concerne les scènes d'affrontement. Le mangaka manie très bien les ombres et les teintes de noir, donnant lieu à de belles planches quand nos héros sont amenés à affronter leurs ennemis. Quelques confusion côté de chorégraphies de combat, certes, mais le rendu visuel est très étonnant, surtout pour un tout premier manga. Le reste de la mise en scène peut manquer d'envergure mais, fort heureusement, l'auteur évoluera de manière positive au fil de la série, un gain d'expérience qu'il doit sans doute à la double parution de Persona 3 et Persona 4.

Côté édition, le travail de Mana Books est de très bonne facture:un format seinen appréciable, et un papier épais qu'on apprécie toujours autant.
La traduction, confiée à Nesrine Mezouane, est globalement efficace et ponctuée de bonnes idées. Ce que les fans ont connu sous le nom de « Dark Hour » est ici nommé « heure des ombres », un excellent choix plus proche du terme original japonais. Reste un petit bémol sur l'utilisation du terme « Persona », qui devrait être au féminin et nom au singulier selon sa construction latine. Ca reste du chipotage et du chipotage de fan, votre serviteur en étant un, ce reproche pouvant d'ailleurs être fait à toutes les adaptations françaises des versions animées.

Un bilan mitigé pour ce premier tome de Persona 3, donc. L'intrigue n'est pas encore véritablement lancée, Shûji Sogabe nous ayant juste offert une introduction, un rythme justifié quand on connaît la structure des débuts d'intrigue des jeux Persona. Reste un univers qui est déjà présent et de sacrées promesses visuelles, qui pourront convaincre la plupart de donner sa chance au récit, qui le mérite.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
14 20
Note de la rédaction