Peleliu Vol.1 - Actualité manga
Peleliu Vol.1 - Manga

Peleliu Vol.1 : Critiques Guernica of paradise

Peleliu - Rakuen no Guernica

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Janvier 2019

Critique 2


L’une des séries qui a lancé la nouvelle édition Vega, Peleliu retrace de manière réaliste et étonnante le difficile quotidien d’un régiment japonais devant tenir coûte que coûte une île stratégique, perdue dans le Pacifique. 


Nous rencontrons Tamaru, un jeune aspirant mangaka qui a été incorporé dans l’armée impériale. Lui et son ami Koyama ont débarqué avec leur régiment sur l’île de Peleliu dans l’archipel de Palaos, une base stratégique pour la défense des Philippines. Il participe aux travaux de fortifications de l’île en vue de la défense de celle-ci face à un débarquement américain. Pourtant notre jeune illustrateur ne trouve pas facilement sa place, étant inapte à beaucoup d’activités physiques. Son supérieur trouve un habile ersatz à son incorporation, à partir d’aujourd’hui il sera « attaché au mérite ». Ce poste lui confère la douloureuse mission d’annoncer aux familles la mort de leur fils tombé au combat, mais dans un sens il doit tronquer la réalité et romancer la mort de ses camarades pour satisfaire l’honneur de leur famille.


L’honneur a en effet une place importante dans l’armée impériale nippone. Le combat, et en particulier la mort sont guidés par l’honorabilité des actes du soldat. Il n’y a jamais de défaites, seulement des « honorables effacements », fuir ou être fait prisonnier est impensable et les soldats japonais préfèrent se suicider dans une dernière charge honorable pour éviter le déshonneur sur leur famille restée au pays. Tamaru va vite être confronté à cette dure réalité lorsque les Américains lancent finalement leur assaut sur l’île de Peleliu. Son escouade doit tenir sa position coûte que coûte et la retraite est inenvisageable. 


En cela, le récit de Kazuyoshi Takeda est empreint de réalisme. La violence des escarmouches entre Américains et japonais sur l’île est habilement retranscrite, les hommes tombent :es un après les autres, souffrent de blessures lourdes quant ce n’est pas de la soif ou de la chaleur du climat de l’île. La beauté paradisiaque de celle-ci se transforme soudain en un no man’s land jonché de cadavres et de mouches. Pourtant à première vue, le style très minimaliste, parfois chibi de l’auteur démarque par son sujet fort. Ce choix graphique n’est pourtant pas anodin lorsqu’il permet de déshumaniser une large troupe de soldats et cela renforce toute l’horreur de la guerre quand ces nombreux soldats viennent à succomber sous les obus ennemis. Le réalisme est aussi poussé sur la finesse de reproduction des différents équipements militaires, entre le barda japonais, les chars M4 Sherman américains et les différents navires de guerre de la Flotte du Pacifique et ne renforce que davantage cette dichotomie avec le character-design des personnages.


Mais ne nous trompons pas ! Il s’agit d’un récit fort et poignant ; celui de la jeunesse japonaise enrôlée dans un appareil militaire viscéralement structuré autour du sens du sacrifice et de l’obligation de mourir en héros national en retardant le plus possible la victoire américaine. Cette jeunesse parfois insouciante et naïve qui rêve déjà de l’après-guerre comme notre bon Tamaru, est aussi une jeunesse qui embrasse les dogmes impériaux et qui galvanise les troupes avant le combat et c’est encore cette jeunesse prise au dépourvu et qui cherche inlassablement à survivre en évitant les combats. Ainsi Takeda nous livre un témoignage exhaustif de la condition de vie de ces soldats perdus dans un coin du Pacifique tout en dévoilant la réalité, parfois cruelle, des combats. 


Critique 1


Au mois d'octobre 2018, les jeunes éditions Vega ont officiellement lancé leurs trois premiers titres. Parmi eux, un certain Peleliu qui ne manquent pas d'attirer l’œil par son esthétique à priori bon enfant. Œuvre de Kazuyoshi Takeda, mangaka qui a quelques mangas à son actif, mais que nous découvrons en France, Peleliu compte actuellement cinq tomes au Japon et est toujours prépublié dans le magazine Young Animal des éditions Hakusensha à l'heure où ces lignes sont écrites. Un récit son léger, si on le juge par quelques visuels, dans la même revue que Berserk, Detroit Metal City et d'autres titres assez coquins ? L'expression « ne pas juger un livre à sa couverture » aura rarement été si avérée.


Lors de la Seconde Guerre Mondiale, dans le Pacifique, les forces japonaises et américaines se sont affrontées. L'une des batailles, particulièrement meurtrière, s'est déroulée sur l'île de Peleliu, située dans l'archipel des Palaos. Lieu stratégique militaire par la présence de son aéroport, Peleliu est d'abord occupée par l'armée japonaise, avant d'être convoitée par l'armée américaine qui n'a pas hésité à bombarder le morceau de terre et y envoyer ses navires de guerre, avec à leur bord des milliers de soldats.


Tamaru est une jeune recrue envoyée sur l'île, se préparant à l'assaut des troupes américaines. Se destinant à une carrière de dessinateur de mangas, ce soldat peu débrouillard passe chaque minute de pause à gribouiller quelques sketchs sur papier. Espérant rentrer vivant chez lui un jour pour se destiner à sa passion, Tamaru découvrira par lui-même ce que signifie la guerre, ce qui va au-delà du simple concept de « tuer ou être tué ».


D'entrée de jeu, Peleliu surprend : le style de Kazuyoshi Takeda est très simpliste, à la limite du SD (mais plus réfléchi qu'on ne pourrait le croire, en atteste la petite postface de l'auteur), mais parle sans tabou du sujet grave de la guerre. Un constat à l'image de ce premier tome où tout est affaire de contraste, aussi bien en ce qui concerne l'esthétique que la manière dont le mangaka rythme son histoire, pour représenter tous les aspects du front.


Le manga Peleliu nous propose ainsi de suivre le quotidien de soldat d'une recrue plutôt novice, Tamaru. Un jeune homme binoclard, présenté comme doux et chétif, se destinant à une carrière de mangaka... quel meilleur choix pour s'attirer la sympathie du lecteur, et mieux l'immerger aux côtés de ce protagoniste qui s’apprête à découvrir l'horreur d'un conflit ? Ce premier tome essaie presque de nous placer dans un climat de confiance dans un premier temps : les soldats ne sont pas sur le champ de bataille et se dédient plutôt à une phase de préparatifs, tandis que les cadavres sont peu nombreux. La série cherchant à raconter la bataille de Peleliu de manière chronologique, il y a ce développement cohérent de cette ambiance factice de paix qui dévie vers le chaos total, celui qu'on redoutait.


Et « redouter » est un bien faible mot par rapport à ce qui attend le lecteur. Dans son jeu de contrastes, le mangaka oppose son esthétique légère à un traitement cru des événements d'une guerre. La mort plane sans cesse dans ce premier volume, même dans les premiers chapitres qui, pourtant, se déroulent avant le débarquement des forces américaines, et cherche à détruire toute notion d'héroïsme, esprit guerrier un poil cliché et qui, pourtant, semble exister chez ceux qui n'ont pas connu l'horreur des tranchées. Peleliu, c'est une représentation sans détour de l'horreur de la guerre qui ne se limite pas aux tirs sur les armées ennemis. La mort peut venir du plus petit incident provoqué par un concours de circonstances, plusieurs éléments du tome rappelant la fragilité de la vie humaine et à la futilité des ambitions héroïques sur le front.


Forcément, aux côtés d'un protagoniste attachant comme Tamaru, difficile de ne pas se prêter au jeu. De même pour l'ensemble des personnages de la série qui apparaissent volontairement mignons et donc la mort crue (et parfois même, malheureusement, absurde) de certains viennent apporter une secousse supplémentaire chez le lecteur. Kazuyoshi Takeda avoue lui-même vouloir représenter la guerre de façon crédible, effet réussi puisqu'on ressort de ce premier tome assez chamboulé, attristé tant l'immersion dans le titre est saisissante, mais aussi plein d'espoir à l'idée de lire une suite où tout irait pour le mieux pour le héros, bien qu'on se doute que plusieurs expériences traumatisantes l'attendent encore.


La Seconde Guerre Mondiale étant le conflit le plus meurtrier, il subsiste un devoir de mémoire qui peut se faire de différentes manières, par différents supports, en s'orientant sur des axes parfois peu traités de cette triste période historique. Peleliu répond précisément à cette catégorie et se présente comme une série qu'il est nécessaire de lire, ne serait-ce pour ne pas prendre la notion de guerre à la légère, et pour éviter les erreurs du passé. Une lecture sensible et touchante dont on attendra les prochains opus comme on les redoutera.


Critique 2 : L'avis du chroniqueur


16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs