Pavillon des hommes (le) Vol.12 - Actualité manga
Pavillon des hommes (le) Vol.12 - Manga

Pavillon des hommes (le) Vol.12 : Critiques

Ōoku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 10 Juin 2016

Du fait de son rythme de parution assez lent au Japon, le Pavillon des Hommes nous revient enfin après plus d'un an d'absence, et quand on connaît la complexité de l'uchronie de Fumi Yoshinaga, on peut se dire qu'il sera difficile de se souvenir de tout ce qui se déroulait. Fort heureusement, l'habituelle présentation des nombreux personnages en début de tome permet toujours de se remémorer ce qu'il faut, même s'il y manque un petit résumé. Et une fois la lecture entamée, le talent narratif de Yoshinaga est tel qu'on se replonge très vite ans les événements.

L'horrible Tokugawa Harusada, à force de comploter sournoisement, est parvenue à placer son fils Ienari sur le trône, celui-ci devenant ainsi le premier Shôgun masculin depuis l'apparition de la variole du tengu. Mais Ienari, jeune homme assez faible, ne s'avère être qu'un pantin pour sa mère, cette dernière continuant en réalité de diriger le pays derrière son dos, d'une façon aussi autoritaire que fourbe,où elle n'hésite pas à manipuler et éliminer encore et toujours quiconque la contrarie, y compris ses propres petits-enfants. La situation est telle que la princesse Shige, la précieuse épouse d'Ienari, a fini par sombrer dans la folie en voyant ses enfants succomber. Ienari le sent, quelque chose ne va pas... mais est-il seulement capable de faire face à sa mère ? Une piste semble s'ouvrir alors dans la volonté du jeune shôgun d'éradiquer la variole du tengu. Et, à l'insu de Harusada, il part à la rencontre de Kuroki Ryojun et d'Ihê, les deux hommes qui furent autrefois les disciples d'Aonuma le médecin en sciences hollandaises qui avait trouvé un remède contre la variole du tengu avant d'être condamné à mort...

Les suppliques d'Ienari envers Kuroki en début de tome marquent le début de nouvelles avancées capitales. Même si l'on pourra trouver que Fumi Yoshinaga s'éternise légèrement sur certains passages, la précision de sa narration fait à nouveau des merveilles pour nous captiver dans les lentes avancées : manigances d'Ienari dans le dos de sa mère pour permettre à Kuroki de reprendre officiellement sa recherche d'un vaccin, découverte de nouveaux personnages comme Mme Takahashi, avancées qui se font doucement mais sûrement dans la recherche du vaccin, tentatives d'éloignement de Harusada, prise de confiance d'un shôgun qui s'impose un peu plus... sont autant de pistes que la mangaka parvient à retranscrire richement, pour nous amener dans la dernière partie du tome vers de très nets changements qui marquent à nouveau une fin de cycle et qui semblent nous diriger droit vers la dernière ligne droite de la série.

Dans toutes ces avancées, Yoshinaga parvient toujours à travailler comme il se doit ses personnages. Ainsi Kuroki reste-t-il un plaisir à suivre, notamment dans sa relation forte avec son épouse Rui. Leur fils, Seishirô, prend lui aussi une certaine importance, tandis que l'on apprécié de découvrir Takahashi, passionnée dans ses recherches. Du côté de la Cour, la relation d'Ienari avec son épouse Shige devenue folle touche sans en faire trop, tant le shogun tente de la préserver, tout en restant également tiraillé dans l'a crainte et l'amour filial qu'il ressent en même temps pour Harusada. Evidemment, quand les années continuent de passer en amenant certains visages dans la mort, nous n'en sommes que plus touchés, tant certains visages avaient à nouveau su se faire familiers.

Tout ceci permet également à Yoshinaga d'approfondir le contexte de l'époque, abordant par exemple en filigranes la place de l'astronomie ou de la géographie dans le Japon d'alors, un vague début d'ouverture vers l'étranger avec l'import d'ouvrages d'autres pays et leur traduction, et l'arrivée imminente de ces étrangers, ce qui devrait apporter beaucoup de choses par la suite.

Il semble également que l'autrice, décidément fine et habile, veuille commencer à raccrocher son uchronie à notre monde réel, via l'évocation d'une volonté de cacher aux étrangers ce qui s'est déroulé ces derniers siècles dans le pays, avec cette variole ayant décimé la population masculine. Ca parle notamment de fausser les écrits historiques, et cela promet beaucoup pour la suite.

En marquant de nouveau une fin de cycle et, surtout, en amenant de très importantes évolutions tout en soignant toujours autant la richesse et la cohérence de son récit ainsi que ses personnages, Fumi Yoshinaga nous régale, une fois de plus.

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction