Par-delà les étoiles - Actualité manga

Par-delà les étoiles : Critiques

Oruto no Kumo kara

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 06 Décembre 2018

Déjà bien connue en France aux éditions Akata pour son succès Perfect World qui aborde le sujet du handicap en société avec un certain réalisme, la jeune mangaka Rie Aruga, avant son oeuvre phare, a dessinée au Japon en 2013 pour le magazine Kiss de Kôdansha Oruto no Kumo kara, une courte série en 6 chapitres. Désireuses de suivre de près ce que fait l'autrice, les éditions Akata ont proposé, en cette année 2018, de d'abord découvrir cette première série de la mangaka en format numérique uniquement, et sous le titre Par-delà les étoiles. Le fait de ne l'avoir d'abord proposée qu'en numérique peut sûrement s'expliquer par le fait qu'au Japon, ce titre n'est jamais sorti en volume relié. Mais l'éditeur ayant plus d'un tour dans son sac, le voici qui peut nous proposer Par-delà les étoiles en version papier en cette fin d'année, en tant que one-shot shôjo de l'automne. Et l'oeuvre n'étant jamais sortie en version papier ailleurs, il convient de bien souligner qu'Akata nous propose ici une exclusivité mondiale !


Dans ce récit d'environ 200 pages, on suit Hana Manabe, jeune fille qui s'apprête à faire son entrée à l'univers pour y suivre des études d'enseignement. L'avenir semble donc s'offrir à elle, mais elle cache en elle une douleur sentimentale: Yû, un voisin qu'elle aime éperdument et secrètement depuis longtemps, s'apprête à se marier et à déménager. Elle se doutait bien que cet amour inavoué était impossible, d'autant que Yû a 12 ans de plus qu'elle, mais le souvenir de ces sentiments la hante tant qu'elle se demande si elle pourra retomber amoureuse un jour. C'est donc avec le vague à l'âme qu'elle s'apprête à entamer une vie étudiante qui démarre de façon étonnante, puisque rapidement elle croise la route d'Izumi, un étudiant en médecine qui est aussi le président du club d'astronomie. Observer le ciel le passionne, et à son contact Hana risque de voir sa vision des choses changer, de se prendre d'intérêt pour l'astronomie, de faire de nouvelles rencontres au sein du club, et peut-être même de retomber amoureuse.


Partant d'une idée de base on ne peut plus classique avec une jeune femme ayant le poids d'un chagrin d'amour sur les épaules et se mettant à côtoyer un club, Par-delà les étoiles arrive très bien à exploiter ses différents sujets que sont la romance, la vie en club (et donc dans une micro-société) et l'astronomie.


Concernant l'aspect romantique, bien sûr il n'y a pas de surprise concernant les deux personnages principaux, mais cela n'empêche pas Rie Aruga d'assez bien aborder les choses, essentiellement en montrant bien toute l'évolution de Hana dans sa manière de considérer Izumi: elle le trouve d'abord souvent assez froid, égoïste et un peu déconnecté, mais peu à peu elle pourra cerner un garçon qui est surtout passionné par l'astronomie et qui, à sa manière, pourrait montrer ses bons côtés... et c'est alors tout naturellement que les sentiments évoluent du côté de la demoiselle. En revanche, les avancées sentimentales peuvent sembler un peu rapides concernant Izumi, garçon restant souvent opaque (notamment parce que la narration passe uniquement par Hana).


La vie en club permet à la jeune fille de faire la connaissance des autres membres: Chikori, Asahina et Narita, qui eux aussi campent assez bien leur rôle, et en les découvrant Hana constatera qu'elle n'est pas forcément la seule à connaître des tourments, notamment sentimentaux... Chacun de ces trois-là a droit à sa petite mise en avant, même si Narita est tout compte fait un peu plus en retrait. De plus, les activités de club permettront à notre héroïne d'élargir encore son horizon en faisant d'autres rencontres, et cela permettra à la mangaka d'esquisser certains sujets sociétaux qui restent très d'actualité, comme la difficulté pour des enfants d'accepter entièrement un remariage.


Enfin, le sujet de l'astronomie n'est pas là pour faire beau, et sert réellement à quelque chose, Rie Aruga sachant offrir à chaque chapitre une jolie petite métaphore où l'observation du ciel peut être riche en petits enseignements sur les sentiments ou sur la vie de manière plus générale. De plus, la mangaka offre de nombreuses petites informations sur le milieu de l'astronomie, en citant des personnalités importantes, des astres emblématiques... Il est possible d'y apprendre différentes petites choses en même temps que Hana, ce qui rend la lecture d'autant plus sympathique.


Finalement, le petit bémol vient de la conclusion de l'oeuvre: même si les toutes dernières pages achèvent tout de même quelque chose et marquent bien le renouveau de Hana, c'est très rapide, et on sent bien que la série aurait pu durer plus longtemps et qu'elle a peut-être été un brin écourtée pour x raison. Il n'y a pas de frustration, mais plutôt un petit goût de trop peu, d'autant plus que les personnages autres que Hana et Izumi ne connaissent pas de réelle évolution alors que ce qui était esquissé autour d'eux s'annonçait intéressant.


Visuellement, Aruga s'en tire très bien pour sa toute première série. Son trait n'est pas très différent de celui de Perfect World, c'est assez classique dans les designs, mais très clair, avec de belles expressions, des trames soignées, des décors présents quand il le faut, quelques jolies vues sur le ciel et l'espace...


L'édition, elle, est tout aussi satisfaisante, avec un format shôjo typique, un papier souple et sans transparence, une bonne impression, et une traduction efficace de Chiharu Chûjo qui sait offrir des dialogues réussis, faisant bien ressortir ce que les personnages peuvent ressentir. Saluons aussi la jolie jaquette, et le logo-titre bien travaillé.


Malgré son arrière-goût de trop peu, Par-delà les étoiles est donc un joli one-shot, qui ne manque pas d'intérêt en offrant une histoire plaisante, en jouant bien sur ses différents axes et en laissant apparaître certains éléments sociétaux tels que ceux que la mangaka développera beaucoup plus dans Perfect World.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs