Papa est une Licorne - Actualité manga
Papa est une Licorne - Manga

Papa est une Licorne : Critiques

Unicorn Otôsan

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 08 Juin 2021

Que ce soit via des récits "bourrins/extrêmes" (Mitochon Armageddon, Magical Girl Holy Shit, Ladyboy Vs Yakuzas, Aime ton prochain, Magical Girl of the End...), des oeuvres utilisant le décalage pour un portrait de société réaliste voire tragique (comme les oeuvres de Minoru Furuya), ou encore des mangas plus "calmes" ou colorés avec un humour farfelu (Chevalion, Magical Girl Boy...), la collection WTF?! des éditions Akata s'est développée sur des créneaux assez variés depuis son lancement il y a quelques années, et cela a continué fin avril avec la publication d'un one-shot de 140 pages, Papa est une licorne. Prépublié d’abord sur le web, ce manga a rencontré un vif succès, au point de connaître par la suite une publication au format papier en 2017 chez Frontier Works, sous le titre Unicorn Otousan. Il s'agit de la toute première oeuvre professionnelle d'un duo se faisant appeler Monaka Suzuki, également connu dans le milieu amateur sous le nom Wagashi Kenkyuukai, et actif sur Pixiv.

Lycéen de son état, Issei Uno menait une vie adolescente très classique jusqu'à présent... mais ça, c'était avant qu'il ne soit contraint de se renommer Issei Uno Plaskett, suite au remariage soudain de sa mère, remariage qu'il n'avait clairement pas vu venir, et qui n'a pas fini de mettre la zizanie dans sa vie puisque son nouveau beau-père, Masaru Plaskett Osiris, est... une licorne. Ou, plus précisément, hybride issu de l'union entre une licorne et Pégase, ce qui est plutôt peu commun comme pedigree. Ce dernier, serviable à souhait, et bien décidé à devenir un bon papa aimant et attentif, mais ça risque quand même d'être un peu délicat parfois, d'autant que l'adolescent ne parvient pas à accepter que sa maman se soit remariée avec un être pareil...

L'idée de base, via ce remariage de la mère du héros avec une créature fantastique, est aussi simple qu'elle est décalée, et justifie à elle seule la place de l'oeuvre dans la collection WTF?!. Et à partir de ce pitch joyeusement improbable, Monaka Suzuki déballe un court récit qui, avant tout, se veut léger et humoristique. Il ne faut donc pas forcément attendre de traitement profond de l'oeuvre. Et d'ailleurs, à part Issei, les gens ne semblent pas trop s'étonner de voir débarquer dans leur entourage un être censé être légendaire et pouvant prendre des formes différentes (totalement licorne, totalement humain, ou mix variés des deux), ce qui accentue gentiment la part décalée.

C'est donc dans cette ambiance assez gentillette et rigolote que l'on suit ces premiers instants de la nouvelle vie quotidienne d'Issei avec ce beau-père pas comme les autres. En même temps que l'adolescent, on découvre donc un Masaru capable de prendre apparence humaine (ce qui le rend super beau gosse, en plus) ou mi cheval mi-humain (mais n'osez surtout pas le prendre pour un indigne centaure !), qui se veut résolument positif et bienveillant dans son nouveau foyer... mais Masaru l'acceptera-t-il pour autant ? On sourit tout simplement face à certaines situations, comme quand Masaru ne cuisine à Issei que du foin et des légumes. Et dans son optique humoristique, le duo de mangakas s'amuse aussi à exploiter brièvement quelques mythes et légendes sur la licorne, notamment celles disant qu'il apprécierait les jeunes filles vierges (mais dans ce cas, pourquoi aurait-il épouse la mère d'Issei ?) ou que sa corne aurait des vertus purificatrices. Et autour du duo principal viennent assez bien se greffer quelques personnages secondaires réussis, comme la mère bien sûr (qui régale surtout via son côté un peu à l'ouest dans les petits chapitres bonus de fin), la voisine Madame Otokawa, présidente du conseil syndicale de la copropriété qui est très à cheval (sans mauvais jeu de mots) sur les règles, et sa fille Kurumi, adolescente ne rêvant que de beaux princes sur leur cheval blanc (elle sera servie).

Néanmoins, au-delà de l'humour et de la légèreté, il est facile de distinguer dans le récit des thématiques assez appréciable, bien que rapides, autour de l'acceptation, des différences, et de la reconstruction familiale. Masaru a beau être parfois décalé, il fait de son mieux, et tâche d'apprendre et de s'adapter vis-à-vis de la société et des goûts humains, ne serait-ce qu'en finissant par comprendre qu'Issei, à son âge, a besoin d'une alimentation plus équilibrée (parce que le foin, bon...). De même, il montre bien souvent ses bons côtés, comme quand il rend des services aux mères du voisinage ou qu'il sauve un bébé. Et puis, lui-même sait voir le bon côté des gens, comme pour Otokawa qui cache sûrement un grand coeur derrière sa sévérité. Alors Issei, peu à peu, parviendra-t-il lui aussi à voir les bons côtés de ce beau-papa pas banal, voire à l'accepter ? Au bout de tout ça, il y a une chouette petite leçon sur le vivre-ensemble, malgré des natures et modes de vie différents.

La principale limite de l'oeuvre est sûrement sa brièveté: avec seulement 140 pages, Papa est une licorne est une lecture qui défile très vite, et qui aurait sans doute pu donner plus si elle s'étaient poursuivie plus longtemps. Néanmoins, pas de frustration à l'arrivée puisque la fin amène quand même une certaine concrétisation dans l'acceptation de Masaru par Issei, même si c'est très rapide. Et à l'arrivée, on a donc un petit divertissement décalé et léger pas forcément inoubliable mais faisant honnêtement le job.

L'édition française, elle, attire d'abord l'oeil pour sa jaquette ponctuée d'effets brillants, dignes d'une licorne ! On a également droit à un logo de couverture bien imaginé par Clémence Aresu. A l'intérieur, le papier et l'impression sont de bonne qualité malgré une très légère transparence, la traduction d'Aline Kukor est inspirée, et le lettrage effectué par Tom "spAde" Bertrand est soigné.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
14 20
Note de la rédaction