Palais des Assassins (le) Vol.1 - Actualité manga

Palais des Assassins (le) Vol.1 : Critiques

Ansatsu Kôkyû - Ansatsu Nyokan Karin wa Yuttari Ikitai

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 14 Février 2024

Si l'on voit arriver de temps à autre des mangas puisant leur inspiration dans l'Histoire des cours impériales japonaises ou chinoises, les éditions Ki-oon ont assurément su tirer le gros lot, depuis 2021, avec la série à succès Les Carnets de l'apothicaire, si bien qu'il n'y a rien d'étonnant à voir l'éditeur s'intéresser à une autre oeuvre ce déroulant dans le même type d'univers ! C'est donc le cas avec Le Palais des assassins, dont le premier volume est disponible en France depuis début février, et qui nous permet de retrouver la mangaka Tabasa Iori que l'on connaissait déjà pour la courte série Heroines Game sortie aux éditions Kana en 2019-2020. De son nom original "Ansatsu Kôkyû - Ansatsu Nyokan Karin wa Yuttari Ikitai", Le Palais des assassins suit son cours au Japon depuis 2021 dans les pages du magazine Gekkan! Spirits des éditions Shogakukan, et compte 4 volumes à l'heure où ces lignes sont écrites.

On plonge ici dans un lointain passé, au coeur de la cour impériale de l'ancien pays de Hokugi, où la situation est trouble: dans une cour gangrénée par les intrigues, le jeune Empereur actuel, Gyosei, a été intronisé à l'âge de seulement dix ans, suite aux assassinats successifs de ses deux demi-frères. Et au vu de son jeune âge, il va de soi que plus d'une personne ambitieuse compte l'exploiter, voire l'éliminer lui aussi. C'est dans ce contexte tourmenté que la jeune O Karin a décidé d'entrer comme apprentie servante au sein de la cour intérieure du palais, mue avant tout par un grand espoir: se faire des amies parmi les milliers de femmes peuplant le lieu ! En effet, la jeune fille souffre, depuis toujours, de n'avoir jamais pu lier d'amitiés, à cause de son statut de fille d'O Ko, un fonctionnaire diabolique, corrompu, craint de tous, qui tire les ficelles dans l'ombre pour accroître son pouvoir sur la cour, et qui a même appris toutes ses redoutables techniques d'assassinat à sa propre fille. Karin, elle, ne rêve que de mener une vie normale, entourée de bonnes copines... mais même parmi les autres apprenties servantes, son statut la précède, tout le monde la craint et l'évite, car tous sont persuadés qu'elle est envoyée là par son père à des fins sinistres, et la jeune fille n'est pas aidée par sa bouille et ses mimique que beaucoup trouvent sinistres avec ses contours d'yeux très noirs et ses dents pointues ! Encore et toujours esseulée, la pauvre Karin tâche de tenir bon, en espérant, un jour, pouvoir lever les malentendus et se rapprocher des autres. Elle ne pourrait alors pas imaginer que la première personne à lui accorder de la considération serait le jeune Empereur en personne, et qu'elle serait bientôt mêlée, un peu malgré elle, à des tentatives d'élimination du souverain et autres manigances où ses talents d'assassin pourraient se révéler utiles.

Sur ce premier volume, l'oeuvre suit un schéma somme toute très simple, où Karin se retrouve déjà mêlée à quelques manigances visant en premier lieu l'Empereur, manigances qu'elle va vite et bien faire capoter dans l'ombre en n'hésitant pas à se servir des techniques d'assassin que son odieux père lui a apprises. Ces premières affaires sont très vite vues et sont même légèrement simplistes par moments, à l'image d'une petite incohérence: si Karin sait imiter le cri des oiseaux pour les contrôler, elle aurait tout à fait pu se contenter de faire ça pour faire revenir dès le départ le volatile de Choko, au lieu d'échouer en escaladant des arbres. Néanmoins, elles sont d'emblée assez prenantes et immersives, pour trois raisons en particulier.

Tout d'abord, les pointes d'humour que l'autrice apporte autour de son héroïne un peu décalée, capable d'être une assassin hors-pair alors que, dans le fond, elle veut simplement et naïvement mener une vie normale et avoir des amies. Forcément, au vu de l'identité de son père et de sa tête un peu sinistre (même si en vrai, perso, je la trouve choupi tout plein), elle tend à effrayer naturellement tout son entourage, qui imagine souvent qu'elle prépare des sales coups alors qu'il n'en est rien du tout. Cette part d'humour un peu vache fonctionne plutôt bien pour le moment, même s'il risque de devenir très vite répétitif si Tabasa Iori ne le fait pas évoluer.

Ensuite, la patte visuelle de la dessinatrice, tout à fait plaisante. Si l'on a déjà parlé du design réussi de Karin, évoquons aussi le soin accordé aux autres designs assez élégants, aux costumes d'époque, et bien sûr au cadre même du palais dans ses extérieurs comme dans ses intérieurs. L'ensemble est soigné, très propre, à la fois clair et assez riche, si bien qu'on a tous les ingrédient graphiques pour se laisser happer.

Enfin, les différents enrichissements qui ont lieu petit à petit, au fil de l'apprentissage de Karin pour devenir servante, de ses errances dans la cour et des premières affaires auxquelles elle se retrouve mêlée. On découvre nombre de personnages plus ou moins intrigants, manipulateurs et ambitieux, on cerne facilement l'isolement dans lequel se retrouve le jeune Empereur, on entrevoit de manière suffisamment intéressante certaines rivalités entre dames de la cour ainsi que des choses comme la hiérarchie parmi les servantes et les différents offices...

A l'arrivée, on a affaire à un premier volume qui accomplit bien son rôle de mise en place, en étant porté notamment par une héroïne plaisante à suivre et par un travail visuel immersif. Il faut juste espérer que Tabasa Iori parviendra rapidement à tirer parti de ce qu'elle installe afin de proposer des manigances plus consistantes, mais dans l'immédiat le contrat est rempli !

Côté édition, c'est satisfaisant. A l'extérieur, on a une jaquette à la fois sobre, fidèle à l'originale japonaise, et dotée d'un logo-titre soignée, bien lisible et bien incrusté. A à l'intérieur, on a droit à une bonne qualité d'impression sur un papier assez souple et opaque, à un lettrage très propre de Clair Obscur, et à une traduction efficace de la part de Djamel Rabahi.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs