Oshi no Ko Vol.1 - Actualité manga
Oshi no Ko Vol.1 - Manga

Oshi no Ko Vol.1 : Critiques

Oshi no Ko

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 07 Février 2022

Bien qu'il ait un petit nombre d'œuvres à son actif, Aka Akasaka est surtout connu chez nous pour la singulière comédie sentimentale qu'est Kaguya-sama : Love is War, manga toujours publié aujourd'hui et étonnant par son art de renouveler le genre. En parallèle, en 2020, l'artiste devient l'auteur d'un autre récit, Oshi no Ko. Il ne s'occupe que de la partie scénaristique de ce récit dessiné par Mengo Yokoyari, connue chez nous pour le sulfureux No Control (scénarisé par Lynn Okamoto, aka papa d'Elfen Lied), et sera prochainement de retour avec Scum's Wish qu'il chapeaute totalement, aux éditions Noeve.
Tandis que la parution japonaise du septième tome d'Oshi no Ko est imminente et que le titre paraît toujours dans la revue Young Jump, Kurokawa s'empare de cette histoire pour nous en proposer les deux premiers tomes en simultanée, dès le mois de janvier 2021. Il y a fort à parier que l'éditeur français mise gros sur ce récit qui ne pourrait être cantonner au simple registre de la comédie sur fond de show-business, tant le propos des événements du premier tome est déjà bien marqué.

Ainsi, Oshi no Ko met en avant le monde des idoles, à travers la figure d'Ai Hoshino, jeune vedette dont le docteur Gorô est particulièrement fan depuis la mort d'une de ses jeunes patientes, elle-même passionnée par la chanteuse. Alors que Ai prend une pause soudaine, le médecin la voie subitement débarquer dans son petit hôpital de campagne. Pour cause : La vedette est en réalité enceinte malgré son jeune âge, et elle attend des jumeaux ! Alors qu'il fait connaissance avec la demoiselle, Gorô s'engage à faire de l'accouchement une réussite. De cette rencontre, une succession d'événements chambouleront totalement l'existence du médecin dont la vie prendra rapidement, et malgré lui, un sens nouveau.

Ce synopsis ne concerne en réalité que les premières pages de ce tome de lancement d'Oshi no Ko, et il serait difficile d'en dire ouvertement davantage tant la situation initiale se trouve bousculée par un événement soudain et inattendu, qui mérite de faire l'objet de la découverte par l'expérience de lecture. La série d'Aka Akasaka et Mengo Yokoyari fait un choix audacieux et totalement surnaturel pour nous mener aux côtés de la jeune Ai et de ses jumeaux, autour desquels l'intrigue va véritablement se mettre en place. Et si on peut d'abord penser que le premier chapitre est une introduction, c'est le volume entier qui semble finalement occuper ce rôle d'amorce, l'auteur créant un début jouant sur deux grosses surprises scénaristiques. Et quand même bien la seconde est annoncée avec plus ou moins de subtilité via les différents moments d'entracte de l'opus, la séquence n'en n'est pas moins forte, donnant au récit son leitmotiv et le faisant basculer de comédie dans le monde du show-business au potentiel thriller, selon l'ambiance qui sera abordée par la suite. Avoir publié les deux premiers tomes en même temps est donc loin d'être une bête idée. Car derrière un lancement éditorial en grandes pompes, la découverte d'ensemble des deux premiers volumes a du sens, Oshi no Ko achevant son intense phase d'amorce avec ce premier volet.

La démarche narrative est donc assez réussie, et correspond tout à fait au choix de Mengo Yokoyari qui sait jongler entre le dessin mignonnet, propre à représenter le monde coloré des idoles, et des tons plus sombres aussi bien marqués par la véritable facette d'Ai que les retournements de situation graves qui ont ponctuellement lieu. A l'instar de l'héroïne qui évolue dans un monde empli de mensonges, la patte de la dessinatrice a, lui aussi, différents visages, l'artiste employant chacun d'eux avec efficacité au moment opportun.

Il y a donc un véritable exercice de subtilité développé par différents aspects, tout le long de ce premier tome. Et si le ton se veut souvent léger, difficile de ne pas voir les intentions sérieuses d'Aka Akasaka, a priori déterminé à pointer du doigt l'impitoyable monde du show-business, basé sur de faux semblants et dont la privation de libertés, couplée aux effets fanatiques engendrés, peut amener une véritable dégringolade. En soi, le discours n'a rien de très innovant, et il reste pour l'heure assez en surface. Mais couplé à un début de scénario plein de surprise, il fait son effet tout en ne demandant qu'à être creusé par la suite.

Finalement, le seul petit point curieux réside dans la capacité du tome à mettre en doute notre suspension consentie de l'incrédulité, sur un point tout à fait précis tournant autour des jumeaux d'Ai. L'idée les concernant est idéale et contribue indéniablement au bon développement de l'histoire, mais ce sont bien certaines réactions d'adultes qui paraissent au mieux légères, au pire à côté de la plaque. Néanmoins, du fait que l'intrigue soit vouée à vite évoluer dans le temps, c'est un défaut qui semble d'ores et déjà gommé sur la fin de ce premier opus.

Oshi no Ko nous prend presque au dépourvu via ce début d'intrigue partant avec des airs de comédie au sein du monde des idoles, pour vite tourner au récit sociétal, voir au thriller. Avec une telle conclusion et les objectifs assumés du personnage principal, assez absolus, difficile de ne pas vouloir ouvrir dans la foulée le second tome, afin de voir si cette orientation des deux auteurs constituera bien le fil rouge de l'œuvre, ou si d'autres surprises nous attendent. Une bonne surprise de ce début d'année, donc.

Concernant l'édition, Kurokawa livre un ouvrage dans ses standards : Un papier fin mais de bonne facture, réutilisation des pages couleur de la version japonaise, et une maquette française bien en phase avec l'originale. Saluons le bon lettrage de San-G, et une traduction de Nesrine Mezouane cohérente avec l'œuvre dans ses différents tons.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs