Oiseau d'or de Kainis (l') Vol.1 - Manga

Oiseau d'or de Kainis (l') Vol.1 : Critiques

Kainis no Kane no Tori

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 16 Mars 2022

Lancée au début de l'année 2021, l'étrange collection Shôjo+ des éditions Glénat s'enrichit, en ce mois de mars, d'une nouvelle oeuvre: L'oiseau d'or de Kainis, une série bouclée en 4 tomes, qui fut prépubliée au Japon sous le nom Kainis no Kane no Tori (dont le titre français est une traduction littérale) entre 2019 et 2021 dans le magazine Matogrosso des éditions East Press (un magazine dont les récits oscillent entre seinen et josei), et que l'on doit à Kazuki Hata, une mangaka que l'on découvre en France pour l'occasion mais qui est active au Japon depuis 2014 en ayant déjà signé quelques titres, généralement sur fond historique. Notons aussi que, depuis 2021, L'oiseau d'or de Kainis connaît dans son pays une suite, Kainis no Kane no Tori Sore Kara, tout juste entamée chez un autre éditeur (en l'occurrence Kindle).

Ce récit nous transporte dans l’Angleterre du début du XIXe siècle, et plus précisément dans l'est du Gloucestershire en Angleterre. C'est dans ce coin de campagne qu'une jeune fille, Lea Void, fille de pasteur, se passionne déjà pour les récits de fictions littéraires, au point de déjà écrire elle-même des romans à son jeune âge. Mais au sein de cette société où, à l'époqe, les femmes étaient souvent vue comme inférieures et moins intelligentes, personne ne croit en ces talents dans la littérature, un art "inaccessible pour son cerveau féminin" et réservé à la gent masculine. Des membres de sa famille disent que ses romans ne sont que des enfantillages, comme si une fille pouvait bien écrire ! Et quand des gens soulignent la qualité de ses textes, c'est pour mieux lui dire d'arrêter ses mensonges, tout persuadés qu'ils sont qu'elle, une fille, n'aurait jamais pu écrire ça elle-même.

Pourtant, six années passent, Lea devient une jeune femme de 19 ans qui pourrait être "bonne à marier" comme le voudraient les us de l'époque, et sa passion pour l'écriture perdure envers et contre tout, à tel point qu'elle a décidé d'envoyer un manuscrit à une maison d'édition londonienne sous le pseudonyme masculin d'Alan Wedgewood. Et quand l'éditeur accepte celui-ci, les portes d'une carrière d'auteur s'ouvrent pour Elle ! Mais pour vivre son rêve, la jeune femme va devoir prendre certaines décisions, comme se rendre à Londres, mentir à sa famille et, surtout, se déguiser en homme afin de camper un parfait Alan Wedgewood...

Comme d'autres mangas avant lui (assez récemment, on peut évoquer l'excellent Goodbye my Rose-Garden aux éditions Komikku), l'oeuvre de Kazuki Hata nous immisce donc au coeur de certaines inégalités de sexe dans l'Angleterre du XIXe siècle, plus spécifiquement concernant le milieu littéraire, et auprès d'une jeune héroïne qui n'hésitera visiblement pas à braver certains diktats de son époque en devant se faire passer pour un homme afin de vivre une passion alors réservée à le gent masculine. Comme plusieurs écrivaines réelles de l'époque qui avaient dû prendre un pseudonyme masculin avant d'être reconnues en tant que brillantes autrices féminines plus tard, Lea va donc, elle aussi, devoir suivre cette voie, en affichant une personnalité assez sympathique, à la fois simplement désireuse de simplement vivre sa passion, et décidée à ne pas se laisser imposer sa condition de femme. A ce titre, on appréciera le parallèle à faire avec son amie Katie, entre une fille qui accepte inconsciemment les règles injustes de cette société, et une autre qui les abhorre et les rejette totalement.

C'est donc ainsi que Lea va faire ses premiers pas à Londres, ses premiers pas vers son rêve, en rencontrant notamment Myles Keats, un jeune écrivain qui va devenir son ami, qui pourra lui faire découvrir certains choses, et avec qui elle pourra échanger. Pour le moment, l'atmosphère de l'oeuvre reste légère, dans gros problèmes pour les personnages, et ça se ressent d'autant plus que le dessin reste lui aussi assez léger, sans grand éclat mais propre et assez bien adapté. Mais cela n'empêche aucunement l'autrice d'entamer un petit propos sur le travail d'écrivain (sur l'écriture en elle-même, sur le partage d'expériences, sur l'inspiration), et surtout un certain portrait d'époque, essentiellement autour de la condition de femme à cette époque et sur ce que la société d'alors imposait comme diktats à celles-ci. A l'image de ces jupes/robes entravant les mouvements de notre héroïne et la plombant, comme si elle en était prisonnière. La voie toute tracée du mariage, l'impossibilité d'hériter pour les femmes à cette époque, la survie à travers la prostitution... sont autant de chose que Hata esquisse.

On suivra donc avec un certain intérêt L'oiseau d'or de Kainis, une série qui commence plutôt bien via l'émancipation, croquée avec une certaine douceur, de son héroïne. Concernant l'édition française, on soulignera en premier lieu la beauté du logo-titre sur une jaquette qui, elle pourra diviser un peu plus, l'éditeur ayant choisi de tronquer une partie de l'illustration pour offrir un fond plus sobre, sans doute dans l'idée de donner à l'objet un côté plus élégant collant à l'époque où se déroule l'histoire. A l'intérieur, on a droit à un papier malheureusement fin et un peu transparence, ce qui n'empêche pas une impression assez honnête sans être excellente. Le lettrage d'Asian Quest est classique et propre, et la traduction de Hana Kanehisa reste toujours claire.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs