Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 10 Avril 2024
Ce début de mois d'avril fut important pour Ocean Rush, les éditions Akata ayant particulièrement mis en valeur l'excellente série de John Tarachine avec une superbe jaquette alternative réversible exclusive au premier tirage du tome 5, un bel ex libris offert pour l'achat de n'importe quel volume de l'oeuvre jusqu'à rupture des stocks, et surtout la venue de la mangaka à la Foire du Livre de Bruxelles où elle s'adonna à plusieurs séances de dédicaces et conférences. Une belle actualité, donc, pour cette série qui ne cesse de nous séduire et dont on avait hâte de découvrir la suite puisque le tome 4 nous avait laissé sur un événement assez marquant !
Nous avions effectivement laissé Umiko alors qu'elle venait de s'effondrer en plein pendant le festival de cinéma. Notamment grâce à la rapidité de réaction de Sora, notre héroïne a rapidement pu être amenée à l'hôpital et a pris soin de se reposer, mais suite à cet événement pas mal de questions se bousculent dans sa tête. D'un côté, elle ne veut pas que son entourage (surtout Kai et Sora) pense que ce malaise est dû à son âge, et préfère estimer que c'est parce qu'elle était tout simplement fatiguée à force d'enchaîner les heures de travail pour la réalisation de son film. Mais de l'autre côté, elle se questionne de plus belle sur ce qui la pousse à vouloir réaliser un film: si elle est vouée à ne pas avoir son diplôme avant ses 69 ans, et étant donné que voir tout son jeune entourage et leurs oeuvres lui apporte déjà beaucoup de joie, peut-être qu'elle n'a pas besoin d'aller plus loin ? Ce n'est pourtant pas l'avis de Kai, qui souhaite lui réaffirmer de plus belle qu'elle est faite pour le cinéma, quand bien même Sora lui dit que si Umiko n'a plus envie de tourner il vaut mieux la laisser tranquille et attendre qu'elle se décide par elle-même. Alors, Umiko retournera-t-elle derrière la caméra ?
Evidemment, on vous laisse découvrir la réponse à cette question, mais l'on peut au moins évoquer, sans risque de spoiler, tout ce qui découle du malaise vécu par Umiko, ce malaise amenant évidemment différents doutes en elle au fil du volume, en premier lieu parce qu'elle se questionne pas mal de différentes manières.
Sur un plan purement personnel, elle s'interroge sur elle-même, sur la façon dont elle se voit à son âge, sur le temps qui lui reste pour éventuellement accomplir certaines choses et simplement profiter de moments de vie précieux (comme les fêtes en famille), tout en se remémorant un peu sa jeunesse où elle ne voulait pas se faire remarquer, alors même qu'aujourd'hui elle est dans une démarche où elle pourrait faire du bruit (car vouloir se lancer dans la réalisation à son âge, c'est peu commun). Son projet de film l'aurait-il alors, quelque part, libérée et rendue plus impulsive ?
Sur le plan de son projet, au-delà de la question de savoir si elle reprendra la caméra ou pas, John Tarachine pousse à nouveau assez loin les petites réflexions de son héroïne: Pour qui veut-elle faire un film ? Que veut-elle transmettre dans celui-ci ? Comment gérer les espoirs placés en elle ? A partir de là, au fil d'une écriture toujours aussi vite, l'autrice continue d'aller plus loin en se demandant, à travers son héroïne, ce qui rend un film intéressant, et par extension elle poursuit sa mise en valeur de ce que peut nous apporter le cinéma puis, de façon plus large, étend ses réflexions à l'acte de création.
Enfin, c'est aussi sur un plan plus relationnel que le tome brille, tant l'entourage d'Umiko continue d'être important. Que ce soit Kai avec qui elle a un lien si fort et qui continue de la pousser de l'avant, Sora dont le côté cash peut avoir ses vertus afin de remuer notre héroïne dans le bon sens et qui pourrait être un modèle par sa façon d'avancer malgré les critiques et les commentaires, les toujours aussi sympathiques Takashina et Yamaguchi, ou la famille de notre héroïne avec en particulier sa fille Yûmi qui a des paroles très belles et stimulantes, il y a autour d'Umiko des figures assez inspirantes, chacune à leur manière, et ayant assurément un impact sur ses réflexions, ses décisions et ses progressions.
Appuyé par un dessin toujours aussi doux et sensible et par les habituelles petites métaphores océaniques, Ocean Rush reste alors, à nouveau, un vrai petit régal de lecture au fil de ce cinquième volume. L'écriture de John Tarachine fait encore et toujours mouche, la mangaka n'oubliant aucune des différentes facettes de son oeuvre.