Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 23 Septembre 2025
Après Sokuiki en juin 2020 et Okasu Hito - Coupable de Viol en septembre 2024, Kabuki Shigeyuki s'est offert, le mois dernier, une troisième incursion en France dans le catalogue des éditions Hot Manga avec Nukinin Rin - La Shinobi prédatrice, un ouvrage sorti au Japon en 2020 chez l'éditeur ti-net après une prépublication de ses chapitres au sein du magazine Comic Mujin.
Riche d'un peu plus de 190 pages, cet album se compose de deux histoires dont la première, riche d'une grosse vingtaine de pages, n'est vraiment qu'un avant-goût rappelant d'emblée l'attrait de l'auteur pour la domination féminine, ce récit se révélant même frustrant tant il aurait pu aller un peu plus loin avec son concept de sorcière. Mais au moins, il a le mérite de nous mettre dans le bain avant la deuxième histoire qui, le temps de ses cinq chapitres pour un total d'environ 170 pages, va voir l'auteur se faire un plaisir de poursuivre sur la voie du femdom qu'il affectionne tant.
Cette histoire, elle nous immisce dans un futur indéterminé où Rin, une shinobi ayant déserté l'organisation secrète "Sato" logée dans les montagnes de Hakone, a rejoint Tôkyô et plus spécifiquement le district des casinos, un quartier sans foi ni loi où règnent les crimes en tout genre, du meurtre jusqu'au proxénétisme. Le but de notre héroïne est assez simple sur le papier: pour amasser de l'argent et fuir à l'étranger avant que Sato ne la retrouve pour l'éliminer elle compte traquer, éliminer et dépouiller tous les criminels passant à sa portée. Cependant, dans sa quête, elle devra forcément composer avec des adversaires plus retors que d'autres, mais aussi avec un jeune garçon jouant les justiciers et un professeur masochiste qui se révèle être un efficace assassin une fois la nuit tombée.
En nous propulsant dans une jungle urbaine où tout semble permis, l'auteur nous propose une histoire dans le fond assez sombre, violente avec un parfum de mort souvent présent, et forcément immoral au vu de la plupart des exactions criminelles commises. En somme, il s'agit d'un bon terreau pour que Kabuki Shigeyuki, tout comme il l'avait fait dans ses deux précédents ouvrages parus en France, s'adonne à son goût du femdom sous différentes coutures, avec des femmes qui sont généralement badass et très entreprenantes, des hommes qui tombent de gré ou de force dans leurs filets, et de ce fait des pratiques qui pourront aller assez loin: SM classique porté par des miss insatiables et des mecs éprouvés, jouets mettant à rude épreuve le popotin et l'urètre de ces messieurs, futanari... le tout sous le dessin typique de l'artiste, avec des cadrages et positions assez soignés ainsi que des designs féminins à la fois généreux dans les anatomies et incisifs dans les visages.
On regrettera juste que les avancées du petit scénario soient ultra rapides et que, finalement, certains aspects de ce microcosme corrompu et immoral soient sous-exploités. Mais si l'on fait fi de cela, Nukinin Rin - La Shinobi prédatrice reste un bon cru à-même de satisfaire les fan de ce type spécifique de hentai, et porté par l'expérience de l'auteur dans ce domaine.
Côté édition française, rien de spécial à redire: les quatre premières pages en couleurs sur papier glacé sont appréciable, la qualité de papier et d'impression est très convaincante, la traduction d'Eric Naud fait bien le job, le lettrage effectué par Madeline Hermant est soigné, et les onomatopées ont bien été sous-titrées. Egalement, n'oubliez pas de retirer la jaquette pour découvrir, sur la couverture, la postface de Kabuki Shigeyuki, qui se confie sur la malheureuse maladie incurable qui le touchait alors, en rendant de plus en plus difficile sa pratique du dessin. Souhaitons simplement le meilleur à l'auteur qui, à première vue, n'a plus fait grand chose depuis 2020...