Nos voisins les yôkai Vol.3 : Critiques

L'hiver s'installe dans le village de Fuchigamori où humains et yôkai cohabitent, certains dieux entrent alors en hibernation, en conséquence de quoi des imprévus risquent d'arriver encore plus qu'avant, parfois dangereusement. Néanmoins, cela n'empêche pas les habitants de continuer de vaquer à leurs occupations et de profiter du quotidien. Ici, une chasse dans une forêt sans gardien aurait pu virer au drame sans l'intervention de Hayachiyo. Là, Rain arrive à l'école avec un très gros coup de froid. Puis Jirô prépare une nouvelle barrière sous l'oeil de la petite Natsumi, une sortie au restaurant est l'occasion de discuter joyeusement, Buchio se fait une virée en voiture avec Chiaki... Les petites situations s'enchaînent au gré des très courts chapitres, en semblant généralement assez enjouées et bienveillantes. Et pourtant, de fil en aiguille, certaines de ces situations amènent des personnages comme Jirô ou Chiaki à révéler encore un peu plus leur passé, et certains visages à douter.

C'est là le nerf de ce troisième tome. D'un côté, on ne pourra qu'apprécier de découvrir tout un aspect du passé de Jirô avec la dénommée Haru, ce qui explique de plus belle son attachement mutuel fort avec la petite Mutsumi. De même, on suit avec intérêt ce que Chiaki dévoile sur son lien avec Kazuhiko ainsi qu'avec sa défunte femme Namiko, et l'on entrevoit avec attachement toute la pureté des sentiments que l'attachante kappa Rain a développés pour son camarade humain Ryô. Mais ces éléments sont aussi, précisément, ce qui va pas mal plonger dans le doute les principaux concernés: Natsumi s'agace de voir Jirô toujours se mettre en danger au point d'avoir des mots durs à son égard, Buchio se morfond en réfléchissant à l'idée d'être un jour séparé de ses proches, Ryô adopte un comportement différent vis-à-vis de Rain quand des rumeurs commencent à courir sur eux... et ce sont là des axes qui, régulièrement, vont venir animer les chapitres de ce tome à tour de rôle, en permettant à la mangaka Noho d'évoquer différentes choses parfois très sérieuses et douces-amères: les inévitables différences entre humains et yôkai, les appréhensions différentes face à la vie et à la mort, le sentiment de solitude à l'idée d'être éloigné temporairement ou à tout jamais des êtres que l'on aime... Pourtant, ce qui ressort toujours le plus joliment de tout ceci, ce sont les relations que les différents personnages, qu'ils soient humains ou yôkai, continuent de bâtir et d'entretenir, au gré des confidences, des souvenirs et des moments de partage.

Ainsi la lecture reste-t-elle toujours assez belle et touchante, d'autant plus que l'autrice ne perd rien de ses qualités graphiques ici. Tout en sachant esquisser des sujets plus sérieux, Noho ne laisse aucunement son oeuvre perdre en saveur, ce qui nous laisse sur de bonnes promesses pour le quatrième et dernier tome de la série.