Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.4 - Actualité manga
Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.4 - Manga

Nos temps contraires - Je ne te laisserai pas mourir Vol.4 : Critiques

Kimi o Shinasenai tame no Monogatari

Critique du volume manga

Publiée le Mardi, 17 Août 2021

Chronique 2 :

Deux ans se sont écoulés depuis la mise à mort profondément injuste de Marie, jeune malade de Daphné que Gigi côtoyait et qui était exploitée par le docteur Lalique à des fins immondes. Tandis que Gigi a désormais atteint les 12 ans sur les 16 années de vie qu'on lui donne, les néotènes ont désormais 40 ans mais, du fait de leur particularité, paraissent en avoir à peine une vingtaine. Le nouveau drame d'il y a deux ans semble avoir encore chamboulé certaines relations, à commencer par celle entre Louis et Caesar qui ont rompu leur contrat de partenaires secondaires pour entamer une relation que les lois totalitaires de ce monde réprouveraient assurément. Gigi, elle, continue d'affirmer sa passion à sens unique pour Caesar, quand bien même ce dernier pourrait être touché. Quant à Tara, elle déplore qu'Arata ne s'intéresse toujours pas vraiment à elle alors qu'elle éprouve pour lui des émotions franches et que tout les désigne comme le couple idéal. Mais il faut dire qu'Arata semble avoir la tête largement ailleurs, encore plus quand Lucas, de l'entreprise spatiale indépendante Nana, fait un nouveau pas dans leur projet commun aussi secret qu'interdit: la création d 'une navette qui permettrait de rejoindre le patrimoine de la Terre que les technocrates tâchent de cacher...

Une nouvelle ellipse de deux ans ayant lieu ici, tout un aspect de ce quatrième volume vise à reposer les bases, au travers de certaines relations qui ont changé, et cela passe aussi par des remises en cause et par nombre de discussions qui en disent parfois long sur l'état d'esprit des personnages. De ce fait, le tome est très bavard, ce qui fait que le rythme en pâtit clairement parfois et que la lecture se veut exigeante à plus d'une reprise. Mais dans les faits, ces nombreuses phases de dialogues ne sont jamais gratuites et ont toutes des choses à véhiculer, en particulier sur différentes exigences du système de ce monde totalitaire (l'accent est un peu plus mis sur le concept de contrat social via lequel les personnages nouent leurs amitiés, ou encore sur l'obligation de faire attention à toujours s'exprimer en des termes qui ne soient pas répréhensibles aux yeux de la loi) où décidément rien n'apparaît naturel ni humain, sur la manière dont certains se révoltent discrètement contre ce système comme un pied de nez (à l'image de Louis et Caesar qui ont décidé de se passer du fameux contrat pour se fréquenter), ou sur la condition décidément cruelle des enfants de Daphné. Et sur ce dernier point, la petite Gigi nous déchire peut-être plus que jamais le coeur, elle qui, à l'instar des autres malades, est traitée comme si elle était invisible, comme si elle n'était même pas humaine, par une société qui la prive même de ses rêves et face à laquelle elle ne peut absolument rien changer, même en se débattant de tout son coeur.

Directives très strictes quant aux relations et aux mots que l'on peut dire ou non, système veillant à garder un nombre d'habitants constants en sacrifiant les personnes jugées inutiles quand une nouvelle vient au monde, etc, etc... La mangaka brasse encore beaucoup de choses, en nous faisant toujours autant ressentir les nombreuses injustices de cette forme de régime totalitaire. Et au milieu de tout ça, il reste le cas d'Arata. Il a beau être engagé dans le même projet secret que Lucas, continuer d'être un vrai père de substitution pour Gigi, garder en mémoire les récits terriens de sa grand-mère, le chercheur reste très ambigu dans d'autres facettes: il refuse de montrer des relations qui iraient à l'encontre du fameux "contrat social", dit que les gens comme lui doivent avant tout soutenir les technocrates... Peut-être que cette ambivalence du personnage cache des projets précis, mais en attendant de le savoir Arata devient l'élément perturbateur principal des toutes dernières pages. Car face au projet secret qu'il a avec Lucas, il va de soi que les fameux technocrates ne resteront aucunement inactifs, entrainant alors une soudaine et tragique accélération de rythme dans les dernières dizaines de pages.

Au bout d'un volume certes très bavard mais toujours intéressant tant Gin Toriko pense bien son univers, la mangaka nous offre alors, comme à la fin du tome 3, un climax aussi étonnant que tendu, qui semble devoir faire franchir ne nouvelle étape importante au récit. Alors, il est plutôt difficile de ne pas attendre la suite avec impatience !


Chronique 1 :

Les relations au sein du petit groupe de néotènes ne sont pas au beau fixe. Tandis que Tara aimerait que sa situation avec Arata aille de l'avant, l'entente entre Caesar et Louis n'est pas au beau fixe. Leur lien de partenaire est aujourd'hui rompu, ce qui n'empêche pas les deux jeunes gens de se fréquenter, de cette manière en toute illégalité. Aucune de ces idylles ne semble se concrétiser, tandis que la petite Gigi rêve d'un avenir dont la maladie de Daphnée la prive.
Et dans tout ce petit théâtre de personnages, les jumeaux des technocrates veillent au grain. Tous deux ne prônent qu'une chose : La procréation, pour l'avenir du genre humain. Et gare à celui qui enfreindrait les règles, car le duo se montrerait sans état d'âme...

Suite à l'évènement injuste et dramatique qui a conclu le tome précédent, les personnages de Nos Temps Contraires retrouvent leur routine. Un quotidien marqué par des relations qui n'évoluent pas, le règlement qui régit les interactions ne laissant que peu de marge à chacun. C'est ainsi que toute la première partie du volume va insister sur les différents duo de personnages de la série, la démarche de Gin Toriko étant de nous faire comprendre comment cet univers empêche ses protagonistes d'aller de l'avant. Jamais cette société humaine ne nous aura parue totalitaire, et par conséquent inhumaines. Et mettre en avant de manière si vive la problématique de l'œuvre a un coût : Son rythme. Clairement, il y a de quoi y revenir à plusieurs fois sur un début d'opus très centré sur les discussions entre personnages, des échanges longs et denses mais essentiels pour mettre en exergue les enjeux qui se profilent. Il n'y a pas mal d'informations à digérer en terme d'évolution de relationnel, et c'est ce point qui pourra en déstabiliser plus d'un.

Mais à côté, force est de constater que l'intrigue présentée par l'autrice est particulièrement intelligente. Son univers de science-fiction parvient à appuyer sur les dérives là où il faut, tout en se montrant nuancé quant il le faut, avec notamment un apport sur l'acceptation des différences. En ce sens, cette hiérarchie des relations humaines est-elle foncièrement mauvaise ? C'est cette question que nous pose sans cesse la mangaka, tout en ne niant jamais l'extrémisme de son monde régit par des technocrates toujours rendus effrayants à chacune de leurs apparitions. Si le texte est assez abondant, toutes ces réflexions sur l'humain profitent d'un relief pertinent, ce qui nous interpelle forcément lorsqu'il s'agit de traiter le cas de la petite Gigi, une victime de la maladie de Daphnée que la société relègue à l'arrière-plan.

Néanmoins, ce quatrième volume voit son rythme accéléré sur son dernier tiers qui revient à l'une des pistes les plus intéressantes du titre : La collaboration entre Arata et Lucas pour la conception d'une navette qui permettrait de renouer avec le patrimoine terrien, un plan ô combien en dehors des lois. Forcément, cette trame ne pouvait évoluer sans heurt. Celle-ci atteint même un cap au terme de cet opus, aussi le final est d'une efficacité similaire à celui du précédent tome : Cette société totalitaire sonne injuste, et il est difficile de ne pas vouloir son renversement. La bataille est loin d'être gagnée, notamment parce que le sort des personnages principaux devrait énormément évoluer, comme le montrent les dernières pages plutôt choquantes en ce qui concerne Arata. En ce sens, on a l'impression que Nos Temps Contraires a atteint un tournant dans son histoire, ce qui ne serait pas surprenant puisque nous en sommes maintenant à la moitié de la série. Alors, malgré un début d'opus au rythme un peu plus exigeant, nous aurons rarement été aussi impatients de découvrir la suite de l'œuvre de SF de Gin Toriko, tant celle-ci se montre plus captivante et subtile que jamais.
   

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
Koiwai

15.5 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
15.5 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs