Nom pour nous deux (un) Vol.1 - Actualité manga
Nom pour nous deux (un) Vol.1 - Manga

Nom pour nous deux (un) Vol.1 : Critiques

Bokura ni Namae wo Tsukerunara

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 05 Octobre 2020

Début septembre, la collection Hana des éditions Boy's Love s'est enrichie d'une nouvelle série en 2 tomes: Un nom, pour nous deux. Prépubliée au Japon en 2019 sous le titre Bokura ni Namae wo Tsukerunara (littéralement "Si vous nous donnez un nom") dans le magazine ihr HertZ de Taiyô Tosho, il s'agit de la première publication française d'Ito Agata, une mangaka qui a commencé sa carrière en 2015. Classée 3e meilleur scénario au Chil Chil BL Award 2020, cette oeuvre nous immisce dans une relation parmi les plus taboues...

Izumi et Kaoru sont frères. Enfants, le grand frère Izumi était du genre toujours sérieux, tandis que son petit frère Kaoru était un peu plus dissipé. Deux caractères bien différents qui ne leur auraient peut-être pas permis de bien s'entendre s'ils n'avaient pas été frères. Mais hélas, dès leur plus jeune âge, leurs parents ont décidé de divorcer, et tandis qu'Izumi est resté avec son père, Kaoru, lui, est parti avec sa mère. Depuis, sept années sont passées. Izumi est désormais lycéen dans un établissement où il est également hébergé. Toujours aussi sérieux en grandissant, il est même devenu le responsable des dortoirs. Quant à son frère Kaoru, il continuait avant d'avoir des nouvelles de lui via des échanges de lettres, mais voici trois ans que ces échanges se sont soudainement arrêtés. C'est alors que, pour la rentrée des classes où il arrive en terminale, le jeune homme a droit à un nouveau "colocataire" dans son dortoir, un certain Yano. Malgré ses cheveux teints en rouge, ce garçon n'a pas l'air méchant pour un sous, et se sociabilise même facilement avec les autres contrairement à Izumi. Et tandis qu'il s'interroge sur ce nouveau coloc', le terminale ressent comme une étrange nostalgie en sa présence, notamment en sentant son odeur qui lui rappelle quelque chose. La vérité ne tarde pas à tomber: Yano n'est autre que le petit frère d'Izumi ! Mais là où ce dernier aurait simplement pu se réjouir de cette nouvelle devant être gardée secrète dans le lycée, il se met à ressentir des choses qu'il ne devrait pas...

Ce manga nous plonge donc dans la possible naissance d'une histoire d'amour entre frères de sang, Agata Ito jouant donc sur une idée tabou qui n'est pas forcément rare dans la fiction (notamment érotique, entre autres le boy's love) mais qui n'est pas toujours très bien exploitée. Ici, la mangaka semble avoir à coeur d'en faire quelque chose de joli et même d'assez doux la plupart du temps, en se focalisant exclusivement sur le ressenti d'Izumi en retrouvant son frère, un frère dont on ne découvre jamais les pensées dans ce premier tome (sauf dans le petit bonus de fin de 5 pages). Les choses passent en premier lieu par les souvenirs qu'Izumi a de ce frangin qu'il n'a pas vu depuis dix ans. Cela passe en premier lieu par une douce odeur que Kaoru dégage, en évoquant quelque chose de nostalgique à Izumi alors qu'il n'a toujours pas reconnu son frère. Puis il y a diverses petites observations: certains sourires qui rappellent à Izumi le Kaoru enfant, sa petite dent pointue, certains traits de son caractère qui n'ont pas beaucoup changé, certaines situations lui remémorant des petits souvenirs... Puis il y a la difficulté d'Izumi, garçon plutôt discret, pour trouver comment parler à ce frère, à qui il ne sait pas forcément toujours quoi dire, mais heureusement son ami Nobara est là pour l'aiguiller un peu. Le lien entre frères qui ne se sont pas vus depuis l'enfance est ainsi bien abordé, mais déjà d'autres choses s'immiscent: Kaoru se montre bien plus bienveillant avec Izumi qu'avec les autres, Izumi s'interroge forcément et ne peut bientôt plus réfréner des sentiments qui naissent en lui, qu'il peine à accepter et qu'il aimerait voir vite disparaître... Mais Kaoru, lui, qu'en pense-t-il ? La réponse ne tardera pas à arriver... et c'est peut-être là que le bât blesse un peu dans le récit, car concrètement l'évolution sentimentale va finalement très vite dans les grandes lignes, même si Izumi doute toujours un peu. Une impression de rapidité peut-être accentuée par le fait qu'on ne suive rien du ressenti de Kaoru.

Visuellement, c'est vraiment plaisant. Portée par des décors essentiellement scolaires (les salles, les dortoirs, les couloir) bien présents, clairs et joliment tramés, la mise en scène se veut propre et assez profonde, tandis que le découpage jouit d'une sobriété fluide. Les designs de personnages, un brin arrondis, sont assez classiques hormis quelques petits détails (la dent pointue et la grande taille de Kaoru, le grain de beauté et le physique plus "frêle" d'Izumi), et son suffisamment nuancés dans les expressions teintées de doutes ou de mélancolie. Surtout, l'ensemble dégage bien souvent une certaine douceur... qui se voit uniquement brisée dans les dernières pages, bien plus érotiques, non censurées et jouant sur un côté charnel efficace sans être trash.

La curiosité est donc bien piquée au fil de ce premier volume convaincant, peut-être un brin rapide dans l'évolution sentimentale, mais soignée dans l'aspect "lien entre frères", dans la nostalgie qui s'en dégage et dans les dessins. Il n'y a plus qu'à espérer que le deuxième et dernier tome saura continuer d'aborder avec soin cette relation interdite.

Côté édition, je ne sais pas si c'est commun à tous les tomes 1 de la série, mais mon exemplaire souffre d'un gros problème: sans doute est-ce à cause d'un décalage chez l'imprimeur, mais la jaquette était très mal pliée, et surtout l'ensemble de mon volume a le haut des pages tout blanc (sur peut-être 1/2 centimètre), et de nombreuses bulles largement coupées sur les bords extérieurs, faisant que plusieurs d'entre elles sont illisibles (puisqu'il y a manque une grande partie des textes). Vérifiez donc vos tomes avant l'achat ! Pourtant, à part ça, le papier est très correct, la qualité d'impression est bonne, et Aline Kukor livre une traduction très propre et faisant bien ressortir les émotions d'Izumi et la pointe de nostalgie.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs