Nobles Paysans Vol.1 - Actualité manga
Nobles Paysans Vol.1 - Manga

Nobles Paysans Vol.1 : Critiques

Hyakushô Kizoku

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 20 Décembre 2013

Après avoir conquis le public avec FMA et Hero Tales, Hiromu Arakawa prouva de belle manière sa capacité de renouvellement avec Silver Spoon, série s'ancrant dans un lycée agricole de Hokkaido pour un savant mélange de tranche de vie, d'humour et de pédagogie sur le milieu agricole de cette île du Japon, avec évidemment un petit fond autobiographique. Carton au Japon, la série est l'un des plus beaux lancements de l'année en France, témoin d'un pari réussi pour les éditions Kurokawa. Un pari tellement réussi qu'ils prennent le risque de publier dans nos contrées Nobles Paysans, une oeuvre encore plus atypique, où Arakawa revient de façon plus précise sur son quotidien avant de devenir mangaka : une vingtaine d'années pendants lesquelles elle a apporté son aide à la ferme familiale !

Oeuvre à forte portée autobiographique, le tome 1 de Nobles paysans se partage en 13 chapitres de 8-10 pages abordant la jeunesse agricole d'Arakawa sus divers aspects : tout ce qui concerne le lait, les régulières séparations cruelles mais nécessaires avec les bêtes, le problème des animaux sauvages comme les ours, les journées-types dans le lycée agricole qu'elle a fréquenté... La lecture possède ainsi une forte portée pédagogique et culturelle, en faisant prendre conscience au lecteurs des avantages du travail agricole, mais aussi de ses limites et de ses nombreuses difficultés (ne pas s'attacher aux bêtes, les longues journées de labeur, savoir faire la part des choses pour rester économiquement stable...). On oublie souvent le travail que demande ces métiers de paysan, et la mangaka s'applique, en quelque sorte, à lui redonner ses lettres de noblesse (pour le coup, le titre français est bien trouvé !).

Pour éviter d'être trop pesante ou rébarbative, l'auteure adopte un ton constamment humoristique. Déjà visible dans FMA et omniprésent dans Silver Spoon, l'aspect comique explose ici en étant de la partie à chaque page, Arakawa n'ayant pas son pareil pour raconter de façon hilarante des petits éléments quotidiens pourtant pas toujours joyeux ou rassurants. Par exemple, il faut voir les adieux aux animaux partant pour l'abattoir, ou la rencontre avec un ours, ou encore les répliques sadiques que peut sortir la mangaka à son éditrice... Mais Arakawa, c'est aussi de l'humour purement et simplement loufoque ou débile, qui nous offre ici de grands moments, comme la baston de regards entre chien et vache, ou le côté complètement warrior de papa Arakawa, qui n'a pas peur de braver la météo en... caleçon (Chuck Norris peut se rhabiller).
Histoire de varier les plaisirs, on peut également compter sur des chapitres à la conception assez diversifiée. Dans certains Arakawa se contente de raconter les choses au passé, dans d'autres elle se met en scène dans le présent en train de parler avec son éditrice... Le tout offrant un résultat qui évite la redondance.

Visuellement, c'est du bonheur. Pour se dessiner elle-même ainsi que toute sa famille, la mangaka adopte son fameux look de vache, qui renforce évidemment le comique. Le trait se veut assez relâché, véhicule de la plus simple des manières un humour résolument efficace, notamment grâce aux nombreuses mimiques caricaturales ou exagérées des personnages, aux dégaines de certains animaux (la baston de regards chien/vache, vous dit-on), ou à la petite humanisation de ceux-ci à travers les nombreux textes qui leur sont accolés (par exemple, un veau qui se demande où il va).

Chaque chapitre étant assez dense aussi bien dans l'humour que dans les informations, le format de 8-10 pages par chapitre semble parfait. De même, le côté indépendant de chaque chapitre permet d'y revenir comme on le souhaite, d'ouvrir le bouquin au pif, juste histoire de rigoler un bon coup quand on en a envie. Noble paysans est d'ailleurs une lecture qui s'appréciera sans doute plus en lisant les chapitres de manière un peu espacée et comme on le veut, un peu à la manière des Vacances de Jésus et Bouddha.

Débutée au Japon en 2006, soit 5 ans avant Silver Spoon, Nobles paysans ne compte pourtant à ce jour que deux volumes au Japon, où la série est publiée de manière irrégulière (seulement quelques chapitres par an). Le premier tome y est sorti en 2009, le deuxième est paru en 2012. Bref, il ne faudra pas attendre la suite avec impatience... ce qui n'est clairement pas grave, chaque chapitre se dégustant comme une petite friandise biographique et humoristique, sur laquelle on reviendra avec grand plaisir de temps en temps, ne serait-ce que le temps de quelques pages !

L'édition de Kurokawa est de grande qualité. Si le prix peut sembler élevé pour seulement 130 pages, il faut souligner la longueur de la lecture (Arakawa est très bavarde), l'excellence de la traduction, le grand format et les 8 pages en couleur.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs