Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 02 Mai 2023
Après une série de fantasy on ne peut plus classique en douze tomes intitulée Buster Keel, une courte série en trois tomes nommée Pitch Black Ten et sa pierre à l'édifice Fairy Tail avec la Grande aventure de Happy, l'auteur Kenshiro Sakamoto revient chez Kana avec son nouveau titre, encore de la fantasy: Toah's Ark
Pour l'occasion l'éditeur a fait une sacrée promo, annonçant une grosse sortie, d'autant plus importante qu'on apprend dans ce premier opus que l'auteur s'est vu rejeté son scripte au Japon et qu'il est donc venu en France pour se faire publier sa nouvelle série!
Un petit événement donc que tout fan de fantasy devait sans doute attendre, pas forcément avec impatience mais certainement avec curiosité.
Rappelons tout de même, que malgré les annonces vendant le titre "Par l'auteur de Buster Keel", comme si c'était un gros événement, que Buster Keel était un titre tout juste moyen, sans grande originalité.
Et justement, de l'originalité, va t-on en trouver ici? Pas sur...
Toah est un jeune garçon qui parcours le monde avec à ses cotés un livre étrange et un oiseau qui l'est tout autant! Ce dernier, Joker, est un anima, une créature ignoré des hommes qui a besoin de s'incarner dans un objet, vivant ou non, pour pouvoir utiliser ses pouvoirs à leur maximum.
Toah est en fait un chasseur d'Anima, des êtres qui le plus souvent se nourrissent des souffrances des humains, et avec l'aide de Joker il les enferme dans son livre d'où ils n'auraient jamais du sortir.
Il va de village en village espérant trouver les maîtres anima, les plus puissants d'entre eux, chacun relié à un élément mais également sa sœur, Pandora, à l'origine de la libération des anima et désormais possédé par le plus puissant d'entre eux.
Dès les premières pages, force est de constater que ce titre ne se montrera pas plus original que son aîné: toutes les cases imposées par le genre sont cochées: un orphelin qui voyage de ville en ville, un artefact magique et mystérieux, une mascotte mignonne / ridicule qui cache un grand pouvoir, une évolution (transformation) du héros, un passé tragique, un héros naïf et un peu benêt (avec un comique de répétition sur son sens de l'orientation qui fait à peine sourire)...tout y est! Mais peut être est ce un passage obligé pour que les lecteurs soient rassurés en se lançant dans une nouvelle aventure.
Et même dans le traitement, cela reste très classique, voire très enfantin, ce qui élimine une partie du lectorat dès le départ. Ne serait ce que les premiers personnages à entrer en scène dès les toutes premières pages, pourraient en décourager un grand nombre: des brigands portant des masques de fruits...qui peut prendre au sérieux un adversaire avec une tête de banane?
En fait tout dans ce titre, de l'univers au dessin rappelle Mar de Nobuyuki Anzai (pour ceux qui s'en rappellent). Ce qui n'est pas une mauvaise chose, Mar était une série très agréable, mais vraiment très enfantine.
Une fois passé ce premier contact (pas tellement surprenant), on constate que l'auteur a construit son concept en s'inspirant de récits bibliques: l'arche de Toah faisant évidemment référence à l'arche de Noé (Noah en Anglais). On va ainsi découvrir un récit prenant des libertés mais qui a le mérite d'être inspiré et travaillé. On apprend donc que Toah est un descendant de Noé, que sa célèbre Arche recueillant les animaux était en fait un livre emprisonnant les anima, et à partir de là les références bibliques et mythologiques seront nombreuses, on constate également que l'auteur mélange un peu tout mais que cela donne un ensemble cohérent plutôt plaisant.
Ainsi on trouve, pas forcément dans l'ordre, Pandore qui ouvre la boîte contenant tous les maux de la Terre (ici le livre enfermant les Anima), une référence à la mythologie Grecque; on trouve les quatre animaux mythiques Chinois (ici les quatre anima royaux) mais rebaptisés pour coller davantage à l'ambiance biblique. Ainsi le dragon n'est pas Seiryu mais Léviathan qui est lié à l'eau, la tortue n'est pas Genbu mais Béhémoth qui sera ici lié à la terre, le phénix Suzaku sera baptisé...Phénix (ici il ne s'est pas fait chier), logiquement lié au feu et enfin le tigre ne sera pas Byakko mais Rudra (lié au vent...et à la mythologie Hindouiste)...
On a aussi une créature lié à la mythologie Nordique qui devient un Pégase (mythologie grecque) et un lapin...avec des oreilles en feu sobrement nommé Burny Bunny (et lui à priori ne vient d'aucune mythologie). Je vous dis, ça part dans tous les sens!
A cela s'ajoute un récit guerrier avec des royaumes qui s'affrontent, sans doute juste ici un prétexte pour lancer la quête de notre héros, on ne sait pas encore si cela sera exploité par la suite...
Tout ça donne un univers plus brouillon qu'autre chose, l'auteur s'inspirant de tant de choses qu'on peut se demander s'il arrive à clarifier ses idées et a une idée précise de la direction qu'il prend.
Cela n'en reste pas moins agréable à lire, c'est mignonnet, malgré des ficelles bien grosses et des clichés dans lesquels l'auteur saute à pieds joints.
Pour l'heure les personnages ne sont pas spécialement attachants mais ils ne sont pas agaçants non plus, donc on leur laisse le bénéfice du doute!
On l'a déjà évoqué mais le dessin est par contre très enfantin, donc dans un sens cela colle plutôt pas mal avec l'univers mais cela pourrait rebuter ceux qui recherchent une aventure de fantasy plus mature sans pour autant vouloir de la dark fantasy.
Mais peut être tout simplement que je ne suis pas la cible de ce titre, que je commence à être trop vieux et que malgré mon amour pour les shonens, tous ne sont pas faits pour moi.
A voir donc comment le titre va évoluer, j'attendrais la suite avec curiosité, la lecture de ce premier tome s'étant avéré divertissante malgré tout...mais ce ne semble pas être une future référence de la fantasy comme l'aurait sans doute souhaité Kana... J'aimerais me tromper, et je serai le premier à le reconnaître...mais cela semble peu probable!