Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 13 Juin 2024
Bien qu'il soit désormais très peu productif dans le domaine du manga X, sugarBt est un artiste qui garde une solide niche de fans, si bien que la publication française chez Hot Manga de son recueil "No need for Love" (le tout premier de sa carrière) devrait en réjouir plus d'un. De son nom original "Ai ga Nakutemo Ecchi wa Dekiru!" (littéralement "Tu peux faire l'amour même sans amour!" ), cet ouvrage est sorti au Japon en 2017 aux éditions Akaneshinsha, et regroupe huit histoires courtes initialement prépubliées dans le magazine Comic Sigma, dont la première s'étale sur deux chapitres pour un total d'environ 40 pages, tandis que les sept autres durent environ 20 pages chacune. Soulignons toutefois que dans son pays d'origine, le recueil compte neuf histoires: en effet, l'édition française occulte l'un des récits pour une raison logique, à savoir la présence de shotacon, scènes mettant en images un très jeune garçon.
Comme son nom le laisse bien deviner, cet ouvrage propose des récits où il est question de sexe sans amour, et pour cause: les relations sont généralement plus ou moins forcées par les hommes au départ, tandis que les héroïnes ne peuvent que subir d'un bout à l'autre, subir avant d'en redemander, ou rapidement se laisser aller au plaisir. On est donc ici majoritairement sur des fantasmes liés au viol, ce qui rebutera une partie du lectorat (dont votre serviteur) et saura satisfaire les autres.
Et pour satisfaire son public de niche, sugarBt pourra assurément compter sur certains atouts à commencer par son jeu sur certains fantasmes bien spécifiques: collants noirs, maillot de bain scolaire serré et peinant à camoufler une très généreuse poitrine, uniforme de judo bien trop grand pour une toute petite et adorable pratiquante novice, fille très fière qu'il "convient" de punir par l'anus... Et de manière générale, on retrouve dans la majorité des histoires des filles de bonne famille tour à tour naïves, hypocrites ou hautaines, que les personnages masculins vont donc se faire un plaisir de souiller.
A partir de là, l'auteur peut déballer un travail visuel impeccable pour bien exploiter lesdits fantasmes, en croquant des héros assez vicelards qui ne vont pas se priver pour faire vivre des pratiques coquines assez variées à une ribambelle de jolies filles dont les fans apprécieront à coup sûr les formes souvent assez généreuses et bien mises en valeur (mention spéciale à Madoka et à la façon dont son coach profite de son maillot et de sa poitrine généreuse) ainsi que les expressions faciales oscillant entre surprise, détresse et plaisir. Il faut bien le dire: que l'on aime ou pas ce style de hentai, le dessin de sugarBt est beau, assez riche et profond, et plutôt diversifié dans les looks, les positions, les angles de vue et même les lieux (salle de classe, vestiaires de la piscine, salle de club, cybercafé, transports en commun, toilettes...).
A l'arrivée, No need for Love a beau proposer des récits courts, chacun d'entre eux a son charme, bénéficie d'un joli travail visuel et a de quoi plaire à son public-cible, la seule condition étant d'accrocher à ce genre de titre mettant en scène des relations souvent forcées. Qui plus est, l'édition française se révèle satisfaisante avec une bonne qualité de papier et d'impression, un lettrage convaincant de la part d'Asian Quest, et une traduction bien dans le ton de Jean-Baptiste Bondis.