Critique du volume manga
Publiée le Jeudi, 15 Mai 2025
Alors que l'été bat son plein et que chacun semble décidé à en profiter à fond, y aurait-il de la romance dans l'air ? C'est ce que tout porte à croire pour certains de nos personnages, à commencer par notre chère Yomogi qui a accepté le rendez-vous proposé par Ishikawa. Le jour venu, l'écrivain minimaliste a pris soin de tout planifier, pour être sûr de passer une journée idyllique avec celle dont il est tombé amoureux. Mais entre les imprévus, l'appréhension d'un tel rencard et les goûts pouvant varier d'une personne à l'autre, tout va-t-il bien se passer ? La réponse est intéressante et assez bénéfique pour ces deux-là, dès lors qu'ils finissent par se laisser un tout petit peu plus guider par l'imprévu et qu'ils redeviennent tout simplement eux-même. Mais il reste que Yomogi, face à une déclaration qui semble de plus en plus inévitable au fil des pages, se surprend à penser à bien des choses: son célibat quand ses copines se marient, son arrière-goût amer vis-à-vis de son travail dans l'immobilier, son sentiment de prendre son boulot comme prétexte pour se défiler, et même sa manière de penser inconsciemment à Hiroto...
De son côté, Natsumi reste elle aussi un peu tourmentée, à la fois par sa panne d'inspiration l'ayant poussée à mettre en stand-by ses mangas, et par son côté gaine et immature qu'on lui fait parfois remarquer sans méchanceté mais en la faisant se questionner sur elle-même. A l'heure où Akari et Nakajima sont toutes les deux en couple, faudrait-il, elle aussi, qu'elle se trouve quelqu'un ? Est-ce une expérience de ce genre qui l'aiderait à devenir plus mâture voire à nourrir son inspiration de mangaka ? C'est dans ce contexte qu'à l'occasion d'un petit séjour en montagne avec ses amis, elle fait la rencontre de Shin'ichirô Ôrui, 21 ans, ami de Yamada et étudiant en 2e année de section peinture. Au premier abord peu expressif, ce jeune homme est souvent dans sa bulle et pourrait paraître un peu étrange pou les personnes ne le connaissant pas, mais c'est ce qui lui vaut aussi de rester lui-même en toutes circonstances. Et si, au départ, Natsumi est un peu mal à l'aise avec ce garçon difficile à appréhender, il se pourrait bien que, dans le fond, ils se ressemblent sur plus d'un point...
On a alors, naturellement, envie de dire que Yomogi et Natsumi sont les deux figures centrales de ce huitième volume de Hirayasumi, car leurs petits tourments intérieurs et leur désir d'évoluer, potentiellement via d'éventuelles relations amoureuses, sont ici au coeur du récit, en permettant surtout à Keigo Shinzo d'évoquer de très belles choses qui surpassent le cadre de l'hypothétique romance et qui concerne la façon d'être de ses personnages. Car tout en mettant en scène des héroïnes ayant, comme tout le monde, le désir d'évoluer dans sa vie, le mangaka évoque brillamment une question: Yomogi et Natsumi ont-elles raison de vouloir changer comme ça ? Leur façon d'être jusque-là, notamment la part d'immaturité de notre attachante Natsumi, est-elle un mal ? Il va de soi que non, et qu'il leur faut avant tout rester elles-mêmes pour se sentir bien et ensuite pouvoir saisir sainement les occasions qui se présentent, à l'image de notre jeune étudiante qui pourrait bien se relancer dans le manga à l'occasion de la kermesse de la fac.
Cependant, Yomogi et Natsumi ne sont évidemment pas les seules figures à l'honneur: au gré de rencontres parfois placées sous le signe du destin, de futures séparations et bien sûr de différents instants légers passés avec des proches, l'auteur continue aussi de sonder soigneusement ses autres personnages. Ici, l'ouverture d'Ishikawa à l'amour et aux liens sociaux plus prégnants le relance dans sa quête d'inspiratio, un peu à l'image de Natsumi grâce à la proposition de Nakajima. Là, Hideki doit se préparer sereinement à rentrer à Yamagata et à s'éloigner de son vieil ami de toujours, tout en sachant qu'il ne sera jamais seul. Et puis, Hiroto lui-même, suite à une rencontre importante, est remis face à son passé d'acteur et à l'idée de reprendre cette voie... Seulement, a-t-il encore la flamme pour ça ? Est-ce vraiment cette voie-là qu'il devrait prendre pour rester heureux ? Notre héros, dans ce volume, se fait soigneusement sa réponse.
Au fil de ce huitième tome à la couverture absolument rayonnante, Keigo Shinzo frappe alors très juste, une nouvelle fois. Le mangaka sait amener tout ce qu'il faut de douces avancées, introspections et évolutions relationnelles chez ses personnages, dans une atmosphère qui reste toujours assez feel-good et bienfaitrice. Et cela, même si les toutes dernières pages nous laissent cette fois-ci sur un petit climax inquiétant et assez insondable dans l'immédiat...