Neon Genesis Evangelion - Perfect Edition Vol.1 - Actualité manga
Neon Genesis Evangelion - Perfect Edition Vol.1 - Manga

Neon Genesis Evangelion - Perfect Edition Vol.1 : Critiques

Shinseiki Evangelion

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 25 Mai 2022

Evangelion est une saga qui aura marqué à bien des égards, aussi bien l'animation japonaise que ses fans. A sa manière, l'adaptation manga de la série aura connu un franc succès. Character-designer sur la production animée, Yoshiyuki Sadamoto lance cette version plusieurs mois avant le début de la diffusion de l'anime. C'est en décembre 1994 que la revue Shônen Ace des éditions Kadokawa Shoten accueille une autre lecture de la création de Hideaki Anno pour une aventure qui durera près de 20 ans. Souffrant d'une parution sporadique, le manga principal Evangelion s'achèvera en novembre 2014 au Japon, avec son 14e ouvrage.


Loin du simple manga promotionnel (ne serait-ce sur le principe d'une publication qui a perduré bien au-delà de la diffusion télévisée), le manga de Yoshiyuki Sadamoto marquera suffisamment les esprits pour qu'une édition dite « collector » soit lancée au Japon début 2021. Sous la forme de luxueux tomes doubles, les 14 tomes d'origines sont compilés en 7 grands volumes incluant les pages couleur de la prépublication. Un véritable cadeau pour les fans qui, à l'époque, attendaient avec impatience le quatrième et dernier film de la saga « Rebuild of Evangelion », autre relecture de la série initiale.


Glénat, toujours très attentif concernant ses séries phares, annoncera cette version chez nous avant même la parution nippone du premier tome. D'abord planifiée pour le printemps 2021, la mise en chantier de cette mouture, renommée Perfect Edition pour nous, prendra du retard pour finalement pointer le bout de son nez ce 18 mai 2022. Une attente récompensée ne serait-ce par l'allure de ce premier tome, des qualités éditoriales sur lesquelles nous reviendront plus tard dans cette chronique.


Pour les non initiés à Evangelion, s'il y en a encore, petite piqure de rappel de son plot de base. En l'an 2000, la chute d'un astéroïde restera dans les livres d'Histoire sous le terme « Second Impact », en plus de causer de multiples dégradation climatiques et de mener la société vers son déclin. Quinze ans plus tard, l'humanité n'est pas épargnée quand apparaissent les « Anges », des humanoïdes de combat que la technologie humaine ne parvient pas à égaler. Pourtant, quand l'organisation gouvernementale nommée Nerv parvient à mettre au point des robots de combats capables de rivaliser, les Eva, l'espoir est de nouveau permis. Shinji Ikari, adolescent ayant grandi dans ce monde en ruines, est soudainement appelé par son père, ponte de la Nerv, après avoir été délaissé par ce dernier. Si le garçon ne nourrit pas beaucoup d'espoir quant à ses lendemains, l'appréhension de retrouver ce géniteur sera chamboulée quand il découvrira la raison de son appel : Partie intégrante du projet Eva, il doit monter à bord de l'une des machines afin de lutter contre les Anges. Mais pour ce garçon désabusé, la tache n'aura rien de simple...


Evangelion est une œuvre quasi légendaire, au même titre que la première série Gundam, mais qui a davantage su s'imposer dans le monde que ne l'a fait la saga crée par Yoshiyuki Tomino. Le manga, bien qu'un chouïa moins réputé que la série animée, n'a pas quitté les esprits, le trait de Yoshiyuki Sadamoto couplé à sa fidélité à l'œuvre d'origine et au temps que sait prendre la version papier pour développer cette intrigue riche ayant servi cette adaptation, au point de justifier cette nouvelle version. Alors, la Perfect Edition semble tomber à point nommer à la fois pour permettre aux fans de profiter du manga dans la meilleure mouture possible, et pour les néophytes de découvrir l'Evangelion de Sadamoto.


Dans cette exercice de fidélité à la série originale, ce premier tome puise dans les premiers épisodes pour développer habilement son idée de base, qui passe autant par le conflit dépeint que par les dilemmes qui se construisent autour des premiers personnages implantés dans le scénario. Ces débuts offrent évidemment un bien beau concept en terme de série de robot, opposant l'humanité à des entités inconnue soupçonnées d'être l'oeuvre du divin, tout en s'enrichissant d'une autre profondeur à travers ses drames, et notamment ceux vécus par son héros. On le comprend avec ce premier volet, Eva marche sur les traces de Gundam, en apportant ce qui était à l'époque une idée nouvelle, et en poussant les enjeux relationnels vénéneux encore plus loin.


Deux optiques viennent alors nous captiver sur cette première phase, l'une d'elles étant Shinji, héros bien particulier qui ne créera pas l'empathie chez tous les lecteurs. Garçon presque spectrale dans son tempérament tant il ne montre que peu ses expressions, malgré ses regrets souvent mis en évidence, le protagoniste jouit d'entrée de jeu d'une vrai complexité, marquée par son rapport conflictuel avec un père qu'il veut autant défier que contenter, tout en nouant un lien intime, presque filial, avec la pétillante et séduisante Misato, sans oublier quelques connexions avec des camarades de classe qui s'établissent chapitre après chapitre. Sur ses éléments, qui ne forment pourtant que des bases, le lecteur aura vide compris l'habilité de l'écriture, les multiples idées qui sa cachent derrière Evangelion, et la volonté du titre à parler de l'humain, être empli de contradiction, rendu ici fascinant.


Et à côté, Yoshiyuki Sadamoto conte l'histoire de la série, celle d'un groupe humain confronté à un envahisseur venu de nulle part. L'intrigue d'Evangelion, par ses multiples zones d'ombre, ne manque pas de panache, et ce premier volet parvient à condenser toutes les promesses de l'intrigues, allant de l'origine des Anges à celle des Eva, des secrets que garde pour lui le père de Shinji, aux quelques machinations gouvernementales qui se construisent dans l'ombre.


Dans son scénario comme dans ses thématiques, développements et autres parti-pris de réflexion, le premier tome offre un vrai terrain d'expérimentation et captive par l'ensemble de ces éléments. Au terme de la lecture, il y a mille et une questions à se poser et bien des manières d'apprécier le casting comme de douter de lui. Mais concernant le développement global et le résultat final de l'écriture de Hideaki Anno ici reprise par Yoshiyuki Sadamoto, seule une lecture complète du manga pourra nous donner le fin mot. Les lecteurs étant passé par l'anime le savent, Evangelion est une œuvre propice au débat, qui fédère autant d'inconditionnels qu'il ne rebute par son achèvement, au point de nourrir encore les discussions aujourd'hui. Alors que la récente série de films « Rebuild » a été conclue il y a quelques mois, remettre à l'honneur cette autre version du récit, aujourd'hui complète, sonne comme une bonne idée pour cristalliser la profondeur qu'incarne Evangelion.


Et puisqu'on parle de la série reprise par Sadamoto, difficile de ne pas évoquer sa patte, très expressive et pourvue d'un cachet un poil daté mais séduisant, tandis que son découpage de l'action est aux petits oignons. Il est souvent difficile, dans un manga, de retranscrire avec fluidité l'opposition entre deux géants mécaniques, ce que le mangaka opère ici avec brio au point de rendre les affrontements immersifs et parfaitement compréhensibles.


L'édition proposée par Glénat, de par sa qualité, contribue à un tel confort de l'expérience, ce qui passe aussi bien par son grand format que par la qualité d'un papier épais et qui ne laisse que peu de place à la transparence. La présence des pages couleur est, elle aussi, un plaisir visuelle, le style de Sadamoto prenant un autre aspect dans ces colorisations.

Le tout forme un bel objet par l'enrobage, celle d'une jaquette de haute qualité aussi bien par sa maquette que par le papier au grain très particulier et accentué par différents effets de vernis sélectif. Contrairement aux propositions d'un autre éditeur, le terme « perfect » n'est pas usurpé sur Evangelion.



Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Takato
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs