Néo Parasite - Actualité manga
Néo Parasite - Manga

Néo Parasite : Critiques

Neo Kiseijû

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 20 Février 2020

Initialement publié au Japon de 1988 à 1994, Kiseijû/Parasite s'est rapidement imposé comme un incontournable du manga. Tout en proposant un concept surnaturel/SF captivant, son auteur Hitoshi Iwaaki a su y développer un univers d'une richesse folle en seulement 10 tomes, avec à la clé des développements de personnages aussi ambigus qu'attachants, et des éléments de tranche de vie se mêlant à l'horreur, à la romance, à des questions de survie, ou encore à tout un travail psychologique et à des questions environnementales. Une oeuvre complète à la croisée de nombreux genre, qui a considérablement marqué de son empreinte nombre d'artiste, et pas seulement dans le manga et au Japon puisque, par exemple, James Cameron, fan du manga qu’il découvrit dès sa sortie, dit s’être inspiré de Miggy pour la conception du T1000 (et son fameux bras protéiforme) dans Terminator 2. Encore ces dernières années, la réputation de l'oeuvre ne tarit pas, 2014 ayant même été une année importante avec des adaptations en film live (inédit en France) et en série animée (disponible en France en dématérialisé sur Crunchyroll et Netflix et en version physique chez Black Box), ainsi qu'une nouvelle édition au Japon.

En France, Parasite a été initialement publié chez Glénat entre 2002 et 2004, dans une édition souffrant quelque peu des choix éditoriaux typiques de son époque de parution. Depuis longtemps, une nouvelle édition était donc attendue par les fans, et c'est finalement en ce mois de février 2020 qu'elle arrive enfin chez Glénat. Au programme de celle-ci, une édition dite "originale", que l'on peut comparer à ce que l'éditeur a fait pour la nouvelle édition de Ranma 1/2: format seinen, maquette réactualisée, nouvelles couvertures, pages en couleurs... Et Glénat ayant visiblement souhaité bien faire les choses, il accompagne la sortie du premier tome de cette nouvelle édition avec une jolie friandise destinée au plus gros fans: Neo Parasite. Derrière ce nom se cache une anthologie collective de 290 pages environ, initialement lancée au Japon en 2014 (pour les 20 ans de la fin du manga) avant de sortir en tome papier en 2016, et au fil de la quelle 12 grands auteurs se réapproprient l'oeuvre de Iwaaki avec une seule consigne: que leur histoire ait un rapport de près ou de loin avec Parasite. Les récits peuvent aller de simplement 3 pages à une soixantaine de pages.

Si quelques noms étaient jusque-là inconnus en France, comme Moare Ohta ou Riichi Ueshiba, la plupart des artistes ici présents ont déjà été publiés une ou plusieurs fois dans notre langue, et certains sont même très connus. On va donc de l'immense Moto Hagio (une figure ayant révolutionné le manga féminin, connue en France pour son indispensable anthologie parue chez Glénat en 2013 et pour Le Coeur de Thomas sorti chez Kazé en 2012... Il est un peu frustrant et triste d'avoir dû attendre une anthologie collective pour pouvoir la relire un peu en France) à Akira Hiramoto (Prison School, Me & the Devil Blues) en passant par Hiro Mashima (Fairy Tail, bien sûr), Peach-Pit (Rozen Maiden), Ryôji Minagawa (Peacemaker, Arms), Hiroki Endo (Eden), Takatoshi Kumakura (Mokke), ou encore Yukari Takinami (dont en France on n'a eu que le one-shot Te dire merci chez l'éditeur Rue de l'échiquier, mais qui est bien connue au Japon pour le fun Rinshi!! Ekoda-chan, un manga adapté l'année dernière en anime qui fut diffusé en France sur Crunchyroll). Signalons aussi la présence des artistes multifacettes Yasushi Nirasawa et Takayuki Takeya (bien connu dans le modélisme, son nom dira quelque chose aux fans de figurines), pour deux courts récits expérimentaux en couleurs et très originaux.

Si l'intérêt des histoires pourra largement varier selon les goûts de chacun tant les choses se veulent éclectiques (par exemple, à titre personnel, mon gros coup de coeur va à l'histoire quasiment muette et visuellement foisonnante et pleine de légèreté de Riichi Ueshiba, puis aux récits de Moto Hagio et de Ryôji Minagawa, tandis que les histoires de Peach-Pit, Hiro Mashima et Yasushi Nirasawa m'ont laissé complètement indifférent), force est de reconnaître que chaque auteur a cherché à se réapproprier, de près ou de loin, l'univers de Parasite, dans des ambiances et des styles très divers. Ainsi, par exemple, Moto Hagio a pris l'oeuvre d'Iwaaki en parallèle pour développer une fascinante réflexion sur l'espèce humaine, Hiro Mashima a décidé d'imaginer avec humour Lucy de Fairy Tail se faisant parasiter par Migy, Hiroki Endo a repris la figure du parasite dans un contexte encore plus SF, Takayuki Takeya s'est fait une expérimentation visuelle digne d'un modéliste, Yukari Takinami est partie dans la parodie, Riichi Ushiba offre une sorte de suite heureuse rêvée... Et ce qui est alors passionnant, c'est de voir, à travers cette variété, à quel point chaque artiste a sa propre vision de Parasite, ses propres éléments l'ayant marqué(e) et inspiré(e), l'ensemble témoignant alors bel et bien de toutes les différentes richesses que l'on peut trouver dans le manga d'Iwaaki. Ajoutons à cela le fait qu'après chaque histoire l'auteur(e) concerné(e) expose ce qu'il/elle aime dans Parasite et ce qu'il/elle a voulu faire avec son histoire, et on obtient une anthologie très intéressante, dépassant plus d'une fois le statut de simple hommage.

Côté édition, la jaquette attire l'oeil avec son surprenant effet brillant et son vernis sélectif. A l'intérieur, la traduction de David Deleule est soignée, les choix de lettrage du studio Charon sont convaincants, les 20 pages en couleurs sur papier glacé sont évidemment très appréciables, le papier est fin mais sans transparence, et l'impression est bonne.
   

Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15.25 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs