Critique du volume manga
Publiée le Vendredi, 07 Février 2025
En la personne de Sumika Iori, sa nouvelle voisine bruyante et adepte du streaming, Kentaro Komori a d'abord vu surgir un encombrant imprévu dans sa vie confinée, en totale isolation. Et pourtant, petit à petit, en l'aidant pour certaines choses et en faisant des parties en ligne de Waste World avec elle, notre héros s'est rapproché de cette joviale étudiante, au point de même se confier un peu à elle sur son quotidien et sur ses traumatismes... le tout en ne sortant pourtant jamais de chez lui, donc en ne voyant jamais la jeune femme IRL, si bien qu'une question se pose toujours: alors que Kentaro a déjà constaté des tentatives d'effraction chez lui, "Iorin" est-elle vraiment digne de confiance ?
La réponse à cette question arrive très vite dans ce volume, et dès lors on peut assurément dire que l'histoire de Neeting Life prend un tournant assez brusque, Tetsuya Tsutsui réussissant très bien son effet et son soudain changement de ton... le mieux étant que ce n'est qu'un début puisque, après une première partie de volume un peu plus proche de l'ambiance des thrillers habituels du mangaka, la suite va prendre encore un autre virage aux allures presque dystopiques, quand bien même Tsutsui y joue sur quelque chose qui nous pend au nez et qui pourrait facilement arriver un jour.
Clairement, l'auteur a à coeur ici de surprendre, d'éloigner totalement son oeuvre de la zone de confort qui aurait pu arriver suite au tome 1. Au vu de ces différents rebondissements, on ne va alors pas en dire beaucoup plus sur le déroulement de l'histoire, afin de ne rien spoiler. En revanche, on peut souligner que ce parti-pris a à la fois du bon et du moins bon. Du bon, car en plus de surprendre voire de prendre plus d'une fois au dépourvu son lectorat, le mangaka, à chaque étape, ne manque aucune occasion d'offrir un certain portrait critique de la société actuelle et, au bout du compte, de véhiculer quelque chose d'assez humain derrière les aspects les plus asociaux de son personnage principal, au vu de la fin assez intéressante quant à ce qui pourrait enfin motiver Kentaro à sortir de chez lui. Et du moins bon car, au-delà de quelques éléments critiques ayant un petit arrière-goût boomer, on constate surtout que la brièveté de la série contraint Tsutsui à aller très vite dans ses développements, et que le portrait de société reste en surface, sans oublier le fait que la fin, même si elle cristallise très bien l'évolution du personnage principal, reste rapide et ouverte et pourra éventuellement frustrer un peu.
Neeting Life est donc, à l'arrivée, une série limitée par son format court, mais bourrée de bonnes idées, et franchement efficace dans ses changements de ton soudains. Cette brève série ne manque assurément pas de qualités qui, globalement, compensent largement les quelques lacunes, et on en ressort alors sur une impression plus que convaincante.