Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 03 Juin 2025
En acceptant de céder temporairement son corps au fantôme d’Atsushi, Ryôsuke se met dans une situation plus qu’étrange. Le voilà plongé dans un monde énigmatique, sorte de for intérieur du défunt jeune homme où Rokka est représentée sous forme de Poucette pour guider le voyageur. De son côté, Atsushi ne parvient pas à quitter Rokka, et n’est donc pas prêt à rendre l’enveloppe charnelle qui lui a été confiée. À l’inverse, la veuve accepte toujours plus ses sentiments pour Ryôsuke, mais elle se rend bien compte que quelque chose cloche chez lui depuis peu…
Avec ce volume, nous entrons déjà dans la deuxième moitié du récit unique de Haruka Kawachi. Car sur ses deux premiers tomes, le manga a su nous porter par son traitement du thème du deuil à travers ses trois personnages centraux, puis nous surprendre en intégrant à son histoire une dimension plus fantastique et onirique.
La démarche de l’autrice continue de faire ses preuves dans ce troisième opus qui jongle toujours entre les retrouvailles entre Atsushi (via le corps de Ryôsuke) avec Rokka, et les pérégrinations du protagoniste dans un monde qui l’aide à comprendre l’état d’esprit du fantôme du défunt mari, ce toujours avec une certaine poésie et une manière de conter cet aspect avec délicatesse et pureté, sous forme de conte. De l’autre côté, la partie « monde réel » du récit offre une approche bien plus mélancolique, à travers laquelle Atsushi adopte un comportement plus que suspect, ce qui en fait un personnage qu’on pourrait mépriser de prime abord. À côté, l’évolution de Rokka se fait tout en douceur, et c’est bien par elle que le récit donne l’impression de progresser.
Deux aspects très différents, mais qui vont de pair, ne serait-ce pour leur manière de dresser un portrait complexe d’Atsushi. Véritable fauteur de trouble du récit, son développement n’en est pas moins juste et touchant, un rendu que la mangaka apporte grâce à son traitement via la double dimension du scénario. D’une manière générale, les trois figures centrales dévoilent peu à peu leurs complexités, Atsushi et Rokka en premier plan, le tout dans une tonalité toujours douce-amère que Haruka Kawachi manie d’une main de maîtresse grâce à son trait d’une grande finesse et sa narration d’une belle pureté.
En somme, ‘Les fleurs du passé’ est une œuvre qui continue de briller par son ambiance comme par sa densité humaine, poussant l’idée du deuil encore plus loin à travers les regrets d’Atsushi tout en donnant une lueur d’espoir à la thématique via une Rokka qui semble aller de l’avant. Et étant donné les dernières pages, on a plus que hâte de découvrir le quatrième tome qui signera le fin mot de l’histoire, puisque le cinquième volume (inédit en France à ce jour, là où les quatre premiers furent autrefois édités chez Komikku) apportera des chapitres complémentaires.