Critique du volume manga
Publiée le Mercredi, 29 Mai 2024
Naruto peut profiter d'un peu de répit en attendant la phase finale de l'examen des moyennes classes, mais Kakashi lui impose un entraînement essentiel, qui sera assuré par Ebisu. Seulement, ce dernier est mis au tapis par un étrange ermite qui, jusqu'à présent, reluquait la gent féminine dans les bains voisins. Assumant ses actes, c'est lui qui prend en charge l'entraînement de Naruto. Et si le garçon pense n'avoir affaire qu'à un vieillard aux dons indéniables de shinobi, il n'imagine pas que ce Jiraiya est conscient du grand pouvoir qui sommeille chez le jeune homme, une puissance que l'ermite pourrait bien mettre à contribution dans cet entraînement...
Le second arc de Naruto profite d'une certaine longueur, ce qui lui a permis d'aborder certains éléments et d'en approfondir beaucoup d'autres. Cette partie autour de l'examen des moyennes classes (ou chûnin pour les plus japonisants) semble se diriger vers sa phase finale, marquée par un entracte consistant en un segment classique du genre nekketsu : L'entraînement. Une phase loin d'être anodine ici, les fans le savent bien, puisque c'est l'occasion de marquer la relation entre le héros et l'un de ses professeurs les plus emblématiques, à savoir l’exubérant Jiraiya. Et encore une fois, Masashi Kishimoto évite la redondance de l'entraînement, notamment parce qu'il développe plus en détail tout le pouvoir enfoui en Naruto, une étape qui devait forcément avoir lieu et qui est exécutée, ici, de manière logique. Notre héros progresse sans que le scénario force les choses, rendant une progression appréciable.
Mais dans ce sixième tome de l'édition Hokage, c'est davantage la deuxième partie de l'ouvrage qui interpelle, celle couvrant le 12e opus de la numérotation originale. L'étape finale de l'examen commence et livre ses premiers matchs, le plus mémorable étant celui opposant notre héros à Neji Hyûga. Au-delà du combat, c'est avant tout le récit de la lignée Hyûga qui captive, une histoire dramatique dans laquelle il est question des liens douloureux et parfois contradictoires de la famille (chose que l'auteur aime aborder et continuera de le faire à l'avenir...), ce qui aura forcément un impact sur Neji. L'affrontement est alors autant un moyen de faire progresser la compétition que de narrer l'avancée de ces deux personnages aux visions opposées. Neji incarne ici la fatalité du destin, tandis que Naruto cristallise l'idée que rien n'est jamais gravé dans le marbre pour tout humain. Encore une fois, l'auteur mêle efficacement ses thématiques à son histoire, de manière à ce que les exploits du protagoniste racontent quelque chose à chaque combat. Derrière un shônen de baston à la forme classique se cache une écriture pleine de finesse, que le mangaka aura tout le loisir d'étoffer par la suite, notamment en ce qui concerne Neji.
Et à côté des combats, il y a tout ce qui nous est dit sur l'univers et les tensions politiques qui régissent le monde créé par Kishimoto. Cela amène quelques apartés qui ne plombent pourtant pas le rythme du récit. Au contraire, on comprend la fragilité de cette société ninja et le fait que tout peut basculer à chaque instant, et en évitant de créer un véritable manichéisme. Une optique intéressante donc, qui portera forcément ses fruits tôt ou tard.
En guise de bonus propre à l'édition Hokage de la série, pas de one-shot ou de chapitre bonus cette fois. Dans l'optique probable de varier les plaisirs, Kana apporte ici quelques fiches liées aux mécaniques de combat de l'œuvre, autrement dit ses concepts surnaturels qui ne feront que se complexifier par la suite. Des pages dignes d'un guidebook, type d'ouvrage qui a son public, si bien qu'on peut croiser les doigts pour que les fameux guides sortent dans nos librairies, une fois la parution de l'édition Hokage portée à terme.