Critique du volume manga
Publiée le Mardi, 17 Septembre 2024
Sasuke a fait son choix. Sa soif de vengeance l'empêche de profiter du quotidien que ses proches aimeraient lui offrir, aussi il décide de rejoindre Orochimaru, ce malgré les supplices de Sakura. L'heure est donc grave, et les shinobis de Konoha sont submergés par la situation de crise engendrée par le conflit précédent. C'est à Shikamaru, fraîchement promu chûnin, que Tsunade décide de confier cette mission capitale : Le jeune ninja du clan Nara doit réunir plusieurs compagnons d'armes afin de constituer une escouade qui devra ramener Sasuke au village.
Avec ce onzième tome de l'édition Hokage, l'arc final de la première grande partie de Naruto commence. Un arc souvent très apprécié pour son intensité dramatique, mais aussi sa capacité à mettre en avant des personnages plus secondaires, ce que cet épais opus ne tarde pas à prouver.
Alors, la capture de Sasuke passe par l'union de ninjas parfois déjà mis en avant, et d'autres, plus secondaires comme Chôji et Kiba. Masashi Kishimoto prouve d'entrée de jeu qu'il cherche à se focaliser sur ces combattants dans un premier temps : Naruto n'a que peu l'occasion de s'illustrer, et c'est même l'amitié sincère entre Shikamaru et Chôji qui est montrée dans un premier temps. Jusqu'ici, l'auteur a fait du jeune Akimichi une caricature de "gros", chose qu'il tente alors de déconstruire avec plus ou moins de réussite. Car malgré de jolis coups d'éclat, c'est cet archétype du gros qui ne pense qu'à manger que l'auteur ne parvient pas à gommer, ce qui n'empêche absolument pas de très jolis moments quant au fait que Chôji n'est pas un personnage rejeté, mais aimé.
En termes d'écriture, c'est aussi Neji qui est passé au crible avec un combat décisif et tactique pour lui. Entre autres, Kishimoto livre la deuxième partie du développement du personnage. Car après avoir retrouvé la lumière grâce à Naruto, le jeune Hyûga fait littéralement face au destin qu'il respectait pourtant jusque là. Un combat aussi prenant par ses rebondissements que par ses idées, donc.
Et si l'ensemble s'avère brillant, c'est surtout pour le schéma très "nekketsuesque" de l'ensemble, mais pourtant tellement efficace. Dans cette grande course poursuite, chacun des membres de l'équipe sera voué à se « sacrifier » pour affronter l'un des ninjas d'Oto, en un contre un. Ceci mêlé à des affrontements qui semblent d'avance désespérés, de par la puissance de l'ennemi, et on a un début d'arc typique du genre, mais qui le traite avec réussite. Les victoires (ou défaites) ne sortent pas du chapeau, tout est mérité et exige certains sacrifices, ce qui rend d'ailleurs chaque fin de bataille poignante et amère, laissant parfois le doute sur le sort des combattants.
Plus dramatique et intense, l'arc de la poursuite de Sasuke brille déjà par les ambitions de son auteur, aussi déterminé à exploiter les camarades de Naruto qu'à proposer des affrontements dans lesquels l'adrénaline ne faiblit jamais. C'est réussi, à tel point que le classicisme de l'ensemble contribue à sa force. Même aujourd'hui, le tome s'avère malin et prenant, malgré de petits reproches qu'on pourra faire à l'auteur (sur les clichés entourant Chôji et le rôle de Sakura, notamment). Et pourtant, cet arc n'a pas encore montré tout ce qu'il a dans le ventre...
En guise de bonus pour cette édition, c'est une belle interview de Masashi Kishimoto sur 8 pages qui nous permettent d'en découvrir davantage de la vie de l'auteur, ainsi que les prémices de la création de Naruto. Pour les fans de l'œuvre et pour tout lecteur qui s'intéresse à l'auteur, voilà un supplément indispensable.