Nagahama to be, or not to be : Critiques

Nagahama to Be, or Not to Be

Critique du volume manga

Publiée le Mercredi, 03 Avril 2024

Mangaka devenue une autrice emblématique du catalogue boy's love de Taifu Comics depuis déjà quelques années, en plus d'être l'une des représentantes du genre les plus en vue au Japon ces derniers temps, Scarlet Beriko a fait son retour chez l'éditeur en février dernier avec Nagahama To Be, or Not To Be, l'avant-dernière oeuvre de sa carrière à ce jour (la dernière étant Redeem, série tout juste lancée en ce début d'année sur Piccoma à la fois au Japon et en France en numérique). Prépublié dans son pays d'origine pendant l'année 2023 dans le magazine Cheri+ des éditions Shinshokan, ce récit en 5 chapitres a ensuite eu droit à une belle mise en avant à l'international avec une sortie simultanée de son unique volume broché au japon et dans plusieurs pays du monde dont la France, ce qui est un signe supplémentaire de la popularité de cette autrice. Qui plus est, cette parution a été accompagnée d'un chapitre épilogue exclusif de 16 pages, portant la longueur totale de cette histoire à un petit peu plus de 170 pages.

Dans une ville côtière du nom de Nagahama, vivent notamment deux adolescents à un tournant de leur vie. Derrière son allure de délinquant (cheveux teints en rose, coiffure longue, clope souvent au bec même s'il ne les allume pas, chemise débraillée...), l'élève de terminale Nagisa n'est absolument pas un mauvais lycéen. Pour preuve, il s'entend très bien avec l'un de ses profs, et accepte même d'entraîner certains cadets au football, lui qui était auparavant une de stars du club de foot mais a décidé d'arrêter en ne sachant plus trop quoi faire. Quant à Issa, il semble assez opposé à Nagisa à première vue: malgré son look propre sur lui, ce costaud gaillard a récemment arrêté d'aller au lycée pour travailler au marché aux poissons de la ville et pour, petit à petit, s'orienter vers sa passion pour la pêche. Une passion telle qu'il ignore complètement des choses normalement banales pour des garçons de son âge (il n'a pas de smartphone, sa fiche d'internet, ignore les possibilités du wifi...), ce qui ne l'empêche aucunement d'être tout à fait heureux en vivant sa passion et en restant toujours au plus près de Nagisa, sur qui il veille quasiment comme un bon toutou. En somme, malgré leurs différences, ces deux-là s'entendent parfaitement, car ils sont amis depuis leur plus tendre enfance, et parce que rien n'a jamais su les séparer, au point que dès les premières pages on sent parfaitement qu'il y a entre eux un lien à part, transcendant la simple amitié et sur lequel ils ne posent pas de nom ni d'étiquette pour l'instant. Mais à l'heure où certains choix pour leur avenir doivent être faits, l'heure d'une prise de distance serait-elle venue ? En effet, en plus de surprendre Issa avec une fille qu'il pense être sa petite amie, Nagisa devra bientôt composer avec le rêve de son si cher compagnon, et réfléchir à ses propres perspectives d'avenir.

Tranche de vie dépeignant la relation de deux jeunes garçons qu'absolument rien ne semble pouvoir séparer mais qui arrivent en même temps à un carrefour de leur vie, Nagahama To Be, or Not To Be ne laisse en réalité, dès les premières pages, aucun doute quant à l'avenir commun de Nagisa et d'Issa, tant on les sent proches et indispensables l'un pour l'autre depuis des années. Ainsi, les quelques doutes ne sont vraiment là qu'en surface, pour mieux cristalliser la force de leur lien et pour les pousser à faire un nouveau pas important pour eux dans ce lien. De ce fait, tout sonne avec beaucoup de naturel dans les douces avancées de ce récit où, avant tout, on se régale en observant tous les petits détails affirmant la grande complicité/cohésion entre ces deux garçons si différents et qui en même temps se connaissent si bien, le tout étant ponctué de chouettes notes d'humour (en tête le coté "bon toutou" d'Issa). Si bien qu'au bout de tout ceci, on a simplement le sentiment que ces deux-là forment le genre de couple bienveillant, apaisant et logique que rien ne semble pouvoir briser, ce qui fait plutôt du bien à voir, mine de rien.

Qui plus est, cette atmosphère assez apaisante, Scarlet Beriko tâche au mieux de la souligner à travers sa narration posée, douce et limpide, et surtout via son travail visuel très plaisant. Bien sûr, on peut toujours compter sur le talent habituel de l'autrice pour dépeindre des expressions faciales très claires et fluides, d'autant plus qu'ici elle se focalise souvent uniquement sur les têtes dans des cases dominées par le blanc, ce qui fait parfaitement ressortir les petits moments de doutes et surtout les instants de plaisir que ressentent les héros rien qu'en passant du temps ensemble. Et a cela s'ajoute le cadre de Nagahama, ville côtière donnant son titre à l'oeuvre, et étant quasiment un personnage à part entière avec l'atmosphère tranquille qu'elle dégage ainsi que ses recoins où Nagisa et Issa ont leurs habitudes depuis l'enfance.

On ressort alors facilement conquis par cette petite tranche de vie qui a quelque chose d'assez lumineux, entre le cadre paisible de Nagahama, la narration et le dessin maîtrisés, et la façon logique et agréable qu'a l'autrice de nous faire ressentir les choix faits par ses héros à l'aube de l'âge adulte et surtout leur relation transcendant naturellement un peu tout.

Qui plus est, Taifu Comics livre une édition tout à fait honnête, où l'on se questionnera juste sur la présence, en quatrième de couverture, d'une mention "Pour public averti" alors que l'oeuvre est soft à 100% (aucune nudité, aucun érotisme, juste quelques petits bisous). A part ça, la jaquette reste très proche de l'originale japonaise, la première page en couleurs sur papier glacé nous gratifie d'une jolie illustration, l'impression est très correcte, le papier est souple, assez opaque et agréable à manipuler (malgré, pour vraiment chipoter, une légère transparence par moments, mais vraiment rien de flagrant), le travail d'adaptation graphique et de lettrage par Jef.Mod est propre, et la traduction effectuée par Nicolas Pujol est toujours claire.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs