My girl Vol.1 - Actualité manga

My girl Vol.1 : Critiques

My Girl

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 28 Juin 2010


Il arrive, de temps en temps, qu'un éditeur nous propose de découvrir une série ne ressemblant à aucune autre série de son catalogue, et c'est le cas ici. Ainsi, entre deux nouveaux titres à succès de sa collection "Shônen Up", les éditions Kazé Manga publient ici un seinen plutôt atypique quand on le compare à la majorité des séries de leur ligne éditoriale, un manga qui, de part la base-même de son histoire, peut rappeler un titre comme Un Drôle de Père chez Akata/Delcourt.

Laissé en plan il y a cinq ans de cela par Yôko, l'amour de sa vie, partie en Amérique, Masamune Kazama a continué sa vie paisible dans une petite ville de campagne sans jamais parvenir à oublier la jeune femme. Et voilà qu'un jour, il apprend que Yôko est morte accidentellement, et qu'elle laisse derrière elle Koharu, une petite fille de 5 ans... qu'elle a eue de lui. Suivant les dernières volontés de Yôko, le jeune célibataire, du haut de ses 23 ans, va accepter de prendre en charge la petite fille.

Ce sujet de l'homme célibataire soudainement propulsé dans un rôle de papa rappelle donc Un Drôle de Père, mais la comparaison s'arrête à peu près là, My Girl se voulant beaucoup plus mélancolique.

On devine rapidement que l'évolution de Masamune dans son nouveau rôle sera l'un des principaux ressorts de l'histoire, ce qui se confirme rapidement. Jeune adulte célibataire, notre héros va devoir changer son mode de vie peu palpitant (lever - travail - retour à la maison - télé - dodo), pour réorganiser toute son existence autour de Koharu, véritable petit bout de chou qui a tout de la gamine attachante: gentille, compréhensive et capable d'apprendre de ses erreurs, sociable, et parfois dotée d'une petite dose de caprices qu'elle refoule tant bien que mal.
Masamune fait du mieux qu'il peut, mais rien n'est facile, le doute est permanent sur la façon de gérer telle situation, tel problème, et c'est au fil du temps qu'il apprendra et évoluera dans son rôle de père, d'autant que sa petite fille, loin d'être un handicap, fait tout pour l'aider, se montre toujours compréhensive, ne demande pas grand chose, si ce n'est de l'attention. L'alchimie entre le jeune homme et la petite fille apparaît rapidement comme une évidence, d'autant que tous deux souffrent de la perte du même être cher, et doivent se soutenir de manière permanente. Et c'est sans doute là la plus grande force du récit de la mangaka Mizu Sahara: à travers les souvenirs qu'ils ont de Yôko, les deux êtres au coeur brisé se soutiennent à merveille et nouent un lien indéfectible. Bien qu'elle ne soit plus là physiquement, Yôko continue de vivre à travers ce lien entre le père et l'enfant, et c'est à travers ces souvenirs que tous deux se partagent que l'on découvre petit à petit la vie et le caractère d'une défunte qui, finalement, fait partie intégrante de l'histoire et se révèle tout aussi attachante que l'homme de sa vie et sa fille.

A travers les scènes quotidiennes que peut vivre un jeune papa, Masamune évolue donc dans son rôle de père, et en même temps, c'est également sa condition elle-même qui change. Dans une société au sein de laquelle il se contentait de vivre sans y chercher autre chose, le jeune homme, grâce à sa nouvelle vie de famille, et au fil des rencontres qu'il fera (les parents de la défunte, les employés de la garderie, d'autres parents d'élèves, d'autres enfants...) et qui enrichiront considérablement le background de l'oeuvre, va s'ouvrir un peu plus aux autres, s'épanouir, retrouver plus de goût en une vie qui était jusqu'à présent à moitié éteinte.

Visuellement, on se retrouve face à un coup de crayon maîtrisé assez éloigné des standards. Ici, pas de grands yeux aux pupilles proéminentes, l'expressivité des visages passe surtout par la bouche, les sourcils et le contour des yeux. A partir de là, les personnages, principalement nos deux héros, renvoient des expressions assez nuancées, parfois difficiles à cerner, mais qui dégagent toujours un petit brin de mélancolie et d'apaisement. Masamune est touchant, Koharu craquante à souhait, le côté "tranche de vie" et l'ambiance mélancolique jamais trop pesants. My Girl ne prend pas le parti de chercher à nous émouvoir à tout prix, il n'y a ici rien de larmoyant, ou même de profondément palpitant. Mizu Sahara se contente de raconter son histoire avec sincérité, et malgré une narration parfois grossière, le tout touche par son ton simple qui ne tombe jamais dans le pathos.

Porté par ses deux attachants êtres brisés, ce premier tome de My Girl, bien que parfois maladroit, touche facilement grâce à sa simplicité de ton, et mérite qu'on lui laisse une chance.

Du côté de l'édition, Kazé Manga nous gâte ! Au total, ce sont pas moins de 12 superbes pages en couleurs que l'on retrouve tout au long du volume. L'impression est bonne, la traduction convaincante.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
16 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs