Mutant Hanako : Critiques

Sombre et immoral. On autorise les mangas, et les œuvres en général à l'être, mais à certaines conditions. Il faut qu'il y ait une portée critique (comme chez Asano), poétique (comme chez Kamimura), psychologique (comme chez Maruo), ou au moins une chute, une originalité, un concept (comme chez Kago). Mutant Hanako s'en bat les reins.

Mutant Hanako est sale, pédophile, scatophile, caricatural, ultranationaliste, méchant, gratuit, stupide. Mutant Hanako n'est même pas bien dessiné (ne vous fiez pas à la couverture). Mais alors, pourquoi Mutant Hanako est-il aussi génial ?

Justement pour les raisons évoquées ci-dessus. C'est parce qu'il est aussi éloigné des convenances que le manga de Makoto Aida est si bon à lire, et rien n'est fait pour que le lecteur puisse trouver une raison d'exister à Mutant Hanako sur le plan intellectuel. C'est pour ça qu'il est aussi difficile d'en parler, on écrit en général à propos d'une œuvre avec cette pensée communément admise qu'elle doit apprendre quelque chose, ou avoir un intérêt quelconque qui puisse lui donner un poids dans l'amas de nos connaissances dont on puisse s’enorgueillir en société.
« Bien sûr, j'adore Maruo. Oui c'est glauque, mais c'est ultra référencé, notamment par l’expressionnisme allemand, et c'est très psychologique ».
Dans tous les cas, une œuvre se doit au moins d'avoir un intérêt émotionnel, dans le registre du drame ou de la comédie. De par son invraisemblance et son horreur exagérée, Mutant Hanako ne permet pas cela, et ça en fait une lecture totalement personnelle. On le lit, on est choqué, on peut être rebuté ou au contraire adorer, et on peut toujours le conseiller ou pas par la suite, mais il est impossible d'avoir une discussion à son sujet allant au-delà de « Put*in que c'est c*n. Génial, c'est l'ultime défouloir. Mais put*in que c'est c*n ».

Pourtant il est possible de voir en Mutant Hanako une critique, un concept, voire même de la poésie, pourquoi pas. Si Mutant Hanako a un concept, c'est celui de ne pas en avoir, s'il est critique c'est envers la soi-disant nécessité d'en avoir une, toute sa potentielle prose réside dans les étrons qu'elle déverse sur le lyrisme. Il n'a pas de portée ni politique ni antinucléaire, il n'est que le bouillon brouillon de tout ce qui choque, sans aucune raison valable, et il n'en a pas besoin.

Bien évidemment ceci est mon avis blablabla subjectivité blablabla les goûts et les couleurs.
L'important c'est de prendre son pied à la lecture, et de profiter de la tête de ses parents quand on leur met entre les mains.