Moving Forward Vol.2 - Actualité manga
Moving Forward Vol.2 - Manga

Moving Forward Vol.2 : Critiques

Aruitou

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 17 Avril 2017

Critique 2

Le 16 janvier 1995, la famille de Kuko se composait encore de trois membres jusqu’à ce que le drame arrive. C’est un jour comme les autres, le papa part au travail et la maman reste à la maison pour veiller sur leur petit bout de chou à peine né. Le soir, un tremblement de terre a lieu (surnommé le grand séisme de Hanshinawaji). Le papa revient en catastrophe. La maison est effondrée, la maman et le bébé sont sous les décombres. Le papa arrive à sauver l’enfant mais il est trop tard pour la maman. Le feu se déclenche. Il est définitivement trop tard. Depuis, la famille de Kuko ne se compose que de deux membres. Son père sourit toujours, alors elle sourit toujours. Après tout, la joie est communicative…

« Kuko… Arrête de sourire… »

Nagamu Nanaji introduit ce second opus en révélant la tragédie passée qui a secoué la famille Tamada. Une introduction surprenante et originale qui permet de plonger le lecteur de manière directe et radicale dans l’intrigue de Moving Forward. En un rien de temps, la série prend une nouvelle tournure. Une tournure plus profonde et intrigante. Par l’intermédiaire de cette introduction, l’auteure fait d’une pierre deux coups puisqu’elle révèle en même temps de ça la raison profonde qui pousse Kuko à toujours sourire. C’est en effet en grandissant que notre héroïne va pleinement se rendre compte du drame qui s’est déroulé deux petites semaines à peine après sa naissance. Elle entendra parler du séisme, des personnes aimées disparues et des proches encore anéantis. Après cela, Kuko sera d’autant plus convaincue de devoir sourire pour les autres.

Mais aujourd’hui ses certitudes sont ébranlées. Quand l’amour s’en mêle, plus rien n’est pareil. Notre héroïne s’est rendue compte que son sourire est capable de blesser autrui. Si en plus le garçon qu’elle aime lui demande d’arrêter de sourire, Kuko ne peut qu’en ressortir troublée et attristée. Sans rentrer dans le pathos, la mangaka nous dépeint les conséquences de la ‘brouille’ entre Outa et Kuko. Kiyo, le meilleur ami de la jeune fille, se rend compte de la situation et est prêt à intervenir. De façon hasardeuse, Sazuku, l’inconnu au ton direct et sec, finira par en être également mêlé, amenant sans doute à un début d’amitié forcé par les circonstances entre Kiyo et Kuko (un quiproquo fort amusant d’ailleurs). La trame prend dès lors une nouvelle ampleur : les relations se développent pour mieux se complexifier, chaque personnage a ses démons et ses secrets, etc. Ibu, la meilleure amie de Kuko, apportera de son côté son vent de fraicheur et d’humour en faisant le parallèle entre les déboires amoureux de sa meilleure amie et ses fameux shojos (l’auteure se fera d’ailleurs un petit clin d’œil en introduisant dans les shojos : Parfait Tic, sa première œuvre).

Ainsi, le triangle amoureux commence à se former, le quotidien de Kuko ne cesse d’être remué. Il n’y a aucun temps mort pour notre pauvre héroïne éprouvée qui doit faire face à ses sentiments naissants et aux émotions de Kiyo qui veulent passer à la vitesse supérieure. C’est dans ce tumulte que le protagoniste de Suzuka sera étoffé et deviendra en quelque sorte le confident par défaut de Kuko et de Kiyo.

A force de sourire pour autrui, on finit par oublier la propre sincérité de son sourire. Faut-il sourire au dépend de soi-même, de son mal-être ?


Critique 1

Le sourire de Kuko, ce sourire de façade qu'elle a toujours affiché depuis l'enfance pour protéger les autres et se protéger elle-même dans son quotidien, aurait-il des épines à même de blesser son entourage ? La jeune fille est obligée de se poser la question depuis qu'Outa lui a soudainement demandé d'arrêter de sourire, tout en l'empêchant d'aller voir l'esquisse de son nouveau tableau... Le quotidien de l'adolescente et l'image positive qu'elle prenait soin de toujours renvoyer menacent alors de se fissurer encore plus, alors qu'ils trouvaient une origine profonde...

C'est sur cette origine que s'ouvre ce deuxième tome. Mise à mal dans ce qu'elle affichait jusqu'à présent, Kuko se remémore ce qu'elle a appris de son père. Nous retournons jusqu'à l'année de naissance de la jeune fille, l'an 1995. Une année que quiconque connaît un minimum, l'Histoire de la ville de Kobe se remémorera facilement... Le lecteur attentif pouvait déjà deviner la nature du drame vécu par la jeune fille, encore nourrisson à l'époque du grand séisme, n'ayant finalement jamais réellement connu sa mère, mais ayant assurément marquée par son image. Entre double-pages et découpage en petites cases diagonales, la dramatique scènes jouit d'une impeccable mise en scène et dégage une grande puissance en seulement quelques planches, et ce qui en découle est tout aussi fort : les origines du sourire de Kuko et de son désir de sourire pour les autres, puis le temps qui passe, la naissance de ses amitiés avec Kiyo et Ibuki tandis qu'elle grandit... Le talent de Nagamu Nanji est fou : pas besoin d'un grand nombre de pages pour nous faire ressentir l'essence de tout cela, et pour nous faire comprendre non seulement la mentalité avec laquelle Kiku a grandi, mais aussi la manière dont Ibuki et surtout Kiyo (dont le rôle sera important dans la suite du tome) ont forgé leur amitié avec elle et la considèrent.

"Quand quelqu'un sourit, moi aussi, je souris... Quand je souris, les autres sourient..."

Ayant constamment vécu avec cette idée en tête, Kuko doit désormais s'interroger, car elle prend peu à peu conscience que son sourire est contradictoire : alors qu'elle voudrait une main qui l'accepte (celle d'Outa ?), ce sourire est en quelque sorte un mur qu'elle se dresse, alors doit-elle rester la Kuko qu'elle a toujours été comme semble le souhaite Kiyo, ou montrer ce qu'elle est au fond d'elle-même à l'instar de Sazuku (dont on découvre enfin le nom) ? Il est difficile ici de ne pas être touché par la complexité et la profondeur que la mangaka cherche à apporter à son héroïne crédible, tout comme il est difficile de ne pas rester très intéressé par ce que chacun des trois jeunes garçons qui l'entourent représentent. Ce petit monde et les personnages qui le constituent se peaufinent avec beaucoup d'intelligence et de sensibilité.

Les "épines" de Kuko sont un peu comme le drame de Kobe, ou même celui de Fukushima que Nagamu Nanaji évoque aussi : impossible de s'en débarrasser, impensable de ne pas s'en souvenir, mais difficile également de bien vivre avec. Dès lors, on a plus que hâte de découvrir la suite de l'évolution de cette jeune fille poignante et de son entourage.
En attendant, il est également impossible de ne pas apprécier les talents narratifs et visuels d'une artiste appliquée : des regards qui en signifient long sans rien dire, des scènes parfaites dans la signification des gestes (comme à la page 75), la puissance des dernières pages muettes hormis ces "biiip"... Et l'on appréciera à nouveau tout le soin apporté aux décors, la mangaka expliquant d'ailleurs dans ses mots son processus de création les concernant. On y voit toute l'implication d'une artiste vérifiant si tel ou tel bâtiment existait à l'époque de son récit, présentant ses arrières-plans faits à moitié de reproductions d'après photos et à moitié de calques d'après photo... Les mots de l'artiste ne s'arrêtent pas à cela, celle-ci revenant aussi sur certains éléments de la genèse de son manga, sur ses doutes sur ce qu'elle pouvait raconter, sur l'impact qu'a eu sur elle un drame alors tout récent, celui de Fukushima... A l'instar du tome 1, il est passionnant de voir Nanaji se dévoiler autant, et cela participe aussi à la réussite des débuts de son oeuvre.

Le choix des éditions Akata de publier simultanément les deux premiers volumes s'avère judicieux : après un premier opus très prometteur, ce deuxième tome fait complètement décoller un récit juste et poignant, à suivre de très près.

Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

17 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs