Moving Forward Vol.1 - Actualité manga
Moving Forward Vol.1 - Manga

Moving Forward Vol.1 : Critiques

Aruitou

Critique du volume manga

Publiée le Vendredi, 24 Mars 2017

Critique 2


Après Parfait Tic et Koibana, Nagamu Nanaji nous revient avec une nouvelle œuvre : Moving Forward. C’est à présent les éditions Akata qui en ont acquis les droits. Tout en restant dans ses centres d’intérêt (triangle amoureux, tranche de vie, lycée), l’auteure semble nous proposer une intrigue davantage adulte et intimiste.

Kuko est une jeune adolescente qui a pour habitude d’être forte, enjouée et courageuse. Mais derrière ce sourire se cache une part plus sombre. Les proches de la jeune fille (son père, son meilleur ami Kiyo ou encore sa meilleure amie Ibu) sont loin de se douter qu’il se cache une certaine tristesse au sein même de son cœur. Le quotidien de Kuko va être bouleversé le jour où deux garçons vont s’y immiscer. Car ceux-là seront capables de voir à travers son sourire, vers l’entrée même de son cœur.

« Kuko… Souris-moi. »

La bonne humeur de Kuko est contagieuse et pousse souvent les gens à répondre à son sourire. Mais ce train-train quotidien va commencer à se briser avec l’arrivée de deux garçons quelque peu étranges. Le premier, Outa, est un étudiant en art qui fréquente un atelier du quartier. Notre héroïne va d’ailleurs rapidement tomber sous son charme. Difficile de la contredire lorsque l’on sait que le garçon est un personnage calme et mystérieux aux rares sourires. Le second, quant à lui, est un adolescent qui vient à peine d’arriver dans le village. Il faudra attendre le prochain tome avant sans doute de connaître son prénom. Cet inconnu, au contraire du premier, n’a pas sa langue dans sa poche et se montre sous un jour direct et sec (ce qui énervera à plus d’une reprise Kuko). Ces deux jeunes hommes ont cependant pour point commun de voir au-delà du masque que notre héroïne essaie d’afficher. Les deux garçons vont pousser Kuko à remettre en question l’impact ‘forcément’ positif de son sourire. Faut-il toujours sourire au risque de nier totalement le malaise enfoui dans son cœur ?

« En vrai, le ‘quotidien’ ce n’est qu’un ensemble de choses qu’on a érigées en tant que tel. »

Nagamu Nanaji nous présente sa nouvelle œuvre à travers une tranche de vie qui oscille entre peps et nostalgie, à la limite parfois de la mélancolie. Elle nous signe donc là une œuvre bien différente de tout ce qu’elle nous avait proposé jusqu’à ce jour. Tout comme son auteure, ses œuvres se succèdent et prennent à chaque fois un peu plus de maturité et de pertinence. Il sera difficile de ne pas rester figer de contemplation face à cette magnifique couverture ainsi qu’aux différents plans dessinés par la mangaka qui s’ouvrent sur des décors, des paysages de la nature ou du village. De véritables instants graphiques et poétiques qui, durant un instant, capturent un moment banal, mais pourtant suprême de la journée. Difficile également de ne pas être touché par la passion de Kuko de photographier de manière originale ce qui se trouve autour d’elle, au travers de titres tout aussi originaux (chaque titre de photo prend le point de vue d’un animal, d’un oiseau), ou encore par ses réflexions profondes quant au sens de la vie.

L’interaction entre les protagonistes se montrera tout aussi rafraichissante, tantôt amusante, tantôt intrigante. L’auteure prend son temps pour développer sa trame et approfondir les divers personnages qui se révèlent à nous. Loin de vouloir stéréotyper, elle montre leur façon d’agir, leur caractère avant de laisser transparaître une profondeur qu’ils essaient pourtant de cacher. Dans un premier temps, Kiyo, le meilleur ami métis de Kuko, est présenté comme le ‘cliché’ de l’ami d’enfance désespérément amoureux de sa meilleure amie. Toutefois, Kiyo montrera très vite qu’il est loin d’être bête. Au contraire, il a tout à fait conscience de ce qu’il en retourne. De même, l’inconnu n’est pas que désagréable et franc, lui aussi cache ses propres préoccupations.

Nagamu Nanaji sait également allégé son récit par l’intermédiaire d’un petit humour bien senti et drôle : la tendance d’Ibu à faire le parallèle entre la vie amoureuse de sa meilleure amie et les clichés de ses shojos dont elle se passionne. Cette perspective permet à la mangaka de casser les codes du genre et de rendre son histoire plus réaliste et mature.

En ce qui concerne les dessins, on ressent ici toute l’expérience de la mangaka. Son trait est indéniablement dans la veine shojo, notamment au niveau de la représentation des personnages et de tout ce qui les entoure. Ceci étant dit, on remarque avec plaisir que l’auteure n’hésite pas à prendre le temps de nous confectionner des décors soignés et travaillés, notamment lorsqu’il est question des photos de Kuko. C’est fait avec naturel, sans mise en avant démesurée. Bref, son dessin, riche en détails lorsque le besoin s’en fait sentir, reste au service de son récit.

Pour ce qui est de l’édition proposée par Akata, on notera une traduction fluide et réussie. Ce que l’on retiendra, surtout, est le superbe travail effectué sur la couverture. Qu’il s’agisse du lettrage ou du matériau, tout met en avant de bien belle manière la série et invite indéniablement à la lecture.

En somme, Moving Forward démarre sous de très bons auspices. Au côté d’une couverture attrayante, l’œuvre introduit de bien belle manière son intrigue au travers d’une héroïne spitante, mais morose. Les protagonistes ainsi que le background sont soigneusement approfondis et mis en valeur. La série pousse également à la réflexion quant à la valeur et la signification réelles du sourire de son héroïne. Le second opus se chargera sans doute de répondre à cette question. Heureusement qu’Akata a sorti les deux premiers volumes en même temps…


Critique 1


Après le très bon La Valeur de ma vie, la deuxième nouveauté shôjo des éditions Akata en cette année 2017 est bouclée en 11 volumes et est l'oeuvre de Nagamu Nanaji, une mangaka que l'on connaît déjà bien en France pour deux romances lycéennes : Parfait-Tic! et Koibana. Avec Moving Forward, de son nom original Aruitou, l'autrice nous offre une nouvelle fois une héroïne lycéenne, mais dans un contexte que l'on devine très vite différent de ses précédents travaux, en affichant une volonté de réalisme, de plus grande maturité, et d'évocation de thématiques délicates.

Tout commence pourtant sur une scène qui respire l'insouciance : alors qu'il arrive tout juste dans la ville de Kobe où il va habiter, un jeune garçon, en montant une ruelle en pente, s'apprête à aider une personne âgée... mais se fait devancer par une adolescente qui bondit littéralement d'une hauteur pour porter la personne âgée sur son dos ! La première impression est donc marquante : voilà une demoiselle qui a l'air bien pétillante, pleine de vie, toujours prête à rendre service. Et c'est bien cette image que Kuko Tamada, la jeune fille en question, renvoie à tout le monde. Apparaissant forte, joyeuse et courageuse, prenant plain de photos du quartier où elle habite en se plaçant du pnoit de vue des animaux pour alimenter son blog, elle apparaît très épanouie et naturelle. Y compris auprès de son père, de son voisin métis Kiyo, et de sa meilleure amie la fan de manga shôjo Ibuki. Seul Outa, un étudiant en art venant peintre dans un atelier du coin, semble cerner que derrière le sourire constant de cette jeune fille se cache autre chose, une profonde douleur...

Avec son comportement toujours souriant, positif, énergique, volontaire, au point qu'elle pourrait paraître presque insouciante, Kuko semble tout avoir d'une héroïne de shôjo classique... et Nagamu Nanaji nous fait alors parfaitement tomber dans son piège, en nous montrant à quel point il ne faut pas toujours se fier aux apparences. Car on le cernera assez vite, Kuko cache une douleur, liée à sa mère que l'on devine assez rapidement disparue, et en cela la narration de Nanaji s'avère brillante, car elle n'a jamais besoin d'en dire trop pour nous faire ressentir que quelque chose ne va pas. Quelque chose que la jeune fille cache constamment, même à sa famille et à ses plus proches amis, derrière un sourire de façade permanent... Mais pourquoi ? Pour protéger les siens ? Pour se protéger elle-même ?

C'est ainsi que l'on fait connaissance avec une héroïne dont il reste tout à découvrir derrière ce quotidien huilé qu'elle entretient jour après jour. Quotidien qui, pourtant, pourrait commencer à se fissurer...
Déjà, certaines de ses camarades de classe, derrière sa jovialité, semblent déceler quelque chose d'autre, comme si elle était fausse ou ailleurs.
Mais c'est bien Outa qui trouble le plus son quotidien dans ce premier volume, tant ce jeune peintre semble peu à peu lire en elle, deviner que son sourire est faux et qu'elle dit que ça va même quand ça ne va pas, alors qu'elle-même n'arrive pas à comprendre ce garçon qui ne sourit jamais pour de vrai... Cacherait-il, lui aussi, quelque chose en lui ? Comment voit-il les choses à travers ses peintures ? Et elle alors, que voit-elle à travers ses photos ?
Cependant, c'est encore une autre personnalité qui risque de bousculer le plus le quotidien presque factice de Kuko : le garçon apparaissant au début, venant d'arriver dans le quartier, qui n'est pas encore nommé, et qui v susciter beaucoup de choses chez notre héroïne. De la colère face à lui qui dit d'emblée détester cette ville et qui lui fait des remarques pas très sympathiques, mais aussi de l'incompréhension face à sa façon d'être. Une façon d'être où il dit tout ce qu'il pense, semble avoir pleinement confiance en lui et assume d'être tel qu'il est. Des choses dont la jeune fille semble incapable... Où veut-il aller ? Vers quoi avance-t-il pour affiche une telle confiance en lui ? N'a-t-il pas lui aussi ses blessures ? Pour l'instant, l'incompréhension domine chez Kuko, mais une chose est pourtant déjà sûre : il est le seul à qui elle ne sourit pas, à qui elle se dit incapable de sourire, à qui elle n'affiche pas son sourire de façade. Et si c'était là le premier pas pour qu'elle devienne réellement elle-même et qu'elle avance ? Seule la suite nous le dira...

En attendant, Kuko est une héroïne qui parvient à séduire facilement grâce à son caractère qu'elle veut fort et assez indépendant, mais où l'on devine une tristesse cachée dont tout reste à découvrir, et la narration posée et assez introspective rend très bien cela. Concernant les autres personnages que l'on n'a pas encore vraiment évoqués, on appréciera beaucoup les deux amis de notre héroïne, Kiyo et Ibuki. Le premier est un beau garçon pas bien malin, mais positif et entretenant un lien plein d'énergie avec Kuko, pour qui on devine vite qu'il ressent certaines choses que notre héroïne ne veut pas calculer. Quant à la deuxième, elle a une sacrée bonne bouille, et ses analyses sentimentales de fan de manga shôjo permettent de se moquer gentiment de certains clichés sentimentaux classiques du genre (que Nagamu Nanaji a elle-même déjà utilisé dans ses précédentes séries !).

Très agréable à regarder, précis, clair et expressif, le trait de la mangaka brille surtout pour quelques jolis instants tout en non-dits. On peut par exemple noter la brève scène où le père de Kuko pose sa cannette juste à côté du portrait de son épouse en écoutant sa musique, le dos courbé : on y capte parfaitement, en seulement une page, ce qu'il peut ressentir, sans qu'il y ait forcément besoin de mots. Nanaji joue également très bien sur la sensation d'incompréhension, d'ambiguïté de personnages délicats à bien cerner, ne serait qu'avec sa façon de dessiner à certaines reprises des yeux très profonds. Il faut aussi signaler le réalisme de décors totalement immersifs : l'action se déroule dans le quartier de Kitano-cho de Kobe, un endroit que l'artiste avoue beaucoup aimer, et elle dépeint ce cadre avec une précision folle, où l'on ressent la beauté et les spécificités des ruelles, des côtes, des vues.

Attardez-vous également sur les blablas assez nombreux de la mangaka, qui valent très souvent le détour, notamment pour ses petites présentations des lieux-clés, ou pour ses colonnes où elle explique pas mal de choses, par exemple sur le nom de la série, sur la publication de l'oeuvre, ou sur ses problèmes de santé. C'est à la fois plaisant et touchant de voir une artiste se livrer autant.

L'édition proposée par Akata est dans les standards de qualité de l'éditeur : papier souple et sans transparence, bonne qualité d'impression, jaquette soignée avec un logo sans surenchère et bien trouvé. La traduction, signée Miyako Slocombe (généralement plus habituée aux livres de l'éditeur Le Lézard Noir où son travail est toujours irréprochable), est très limpide, à la fois vivante et bien évocatrice quant aux tourments des personnages et à leur parler. Le lettrage d'Adèle Houssin est excellent, et comme toujours on appréciera le gros travail effectué sur les onomatopées.

Moving Forward s'offre une entrée en matière belle, prenante et intrigante, où pour l'instant on cerne avec une bonne part de mystère et de proximité des personnages dont les tourments profonds restent à découvrir. En un mot : prometteur !


Critique 2 : L'avis du chroniqueur
titali

16 20
Critique 1 : L'avis du chroniqueur
Koiwai
15 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs