Moriarty Vol.4 - Actualité manga
Moriarty Vol.4 - Manga

Moriarty Vol.4 : Critiques

Yûkoku no Moriarty

Critique du volume manga

Publiée le Jeudi, 21 Mars 2019

Un agent anglais est mystérieusement assassiné à Calcutta, siège des colonies des Indes britanniques. Albert et le MI6 ont reçu, par l’intermédiaire de Mycroft Holmes, l’ordre d’enquêter sur sa disparition, et qui de mieux placé pour cette mission qu’un ancien soldat de la Guerre d’Afghanistan, le Colonel Moran.

Celui-ci a été spécialement choisi par William pour remplir la tâche difficile de trouver et neutraliser l’assassin de l’espion britannique dans un climat sous haute tension politique puisqu’au même moment des tractations internes cherchent à résoudre la Guerre d’Afghanistan qui s’enlise progressivement vers une guerre d’usure. Mais rapidement, notamment dans les premières pages du volume, on nous informe de la difficulté chronique de résoudre ce conflit qui reste par bien des aspects un moyen de stabiliser l’Empire britannique en occupant la presse et la pensée du peuple par cette guerre lointaine. Une grande dimension géopolitique ressort alors, on nous fait comprendre que des forces extérieures sont à l’œuvre, qu’il faut occuper une puissance étrangère, dans ce cas précis la Russie, dans une guerre coloniale hors de la sphère européenne afin de préserver le Vieux Continent d’un conflit sanglant à l’image de la Guerre de Crimée.

On centre donc ce volume sur le personnage de Moran qui restait pour le moment un exécuteur à la solde des Moriarty. On le suit dans son enquête à la solde du MI6 tout en apprenant son passé de militaire. En cela, le personnage est davantage humanisé, profondément torturé par un évènement antérieur qui l’a poussé à prêter allégeance à William. Et par le choix de ce dernier à lui confier l’affaire du MI6, il trouve un moyen détourné pour assouvir son désir de vengeance face aux démons de son passé. Il sera accompagné de Miss Moneypenny, secrétaire d’Albert à l’Intelligence Service, mais il ne faut pas en croire son apparence, c’est une femme de terrain dotée de talents d’espionnage et d’une condition physique certaine qui seconde Moran dans l’enquête tout en le surveillant du moindre faux pas par rapport aux plans de William.

Ce qui se dégage particulièrement dans ce volume c’est bien l’ambiance « James Bond » de certains passages, sensiblement liés au fonctionnement du MI6 et des phases purement d’espionnage que vont traverser Moran et Moneypenny. Déjà par l’allusion des surnoms tel que ‘M’ et ‘Q’ qui se réfèrent au directeur du contre espionnage et de l’ingénieur en chef des gadgets « futuristes » des espions de Sa Majesté. Et pour le coup, l’atelier de Q est un bien bel hommage aux premiers films du célèbre 007, on y aperçoit des armes complètement en décalage pour l’époque victorienne comme un fusil-mitrailleur MP-44 ou d’étranges revolvers servant au passage de fusil de Tchekhov. Et en retrouve en sous-main la recette du bon polar d’espionnage entre l’intrusion de nuit d’une manufacture illégale jusqu’à la réception en grandes pompes d’un officiel du Raj. Tout ce mélange entre la mythologie de Conan Doyle du personnage de Moran et la mission du MI6 nous donne un James Bond de la Belle-Epoque sur tous les tableaux.

Cependant oublions un peu le manichéisme traditionnel de ce genre d’ambiance. Car il ne faut pas oublier que nous suivons les antagonistes du célèbre détective de Baker Street. Personne n’est « bon », les deux camps qui s’affrontent dans ce volume ont tous un dessein peu orthodoxe et utilise les mêmes procédés pour arriver à leurs fins, c'est-à-dire l’élimination méthodique d’individus. En filigrane on revient à plusieurs reprises sur la futilité d’une guerre, notamment des sacrifices vains de soldats pour mener à bien une politique ou une idéologie ; on explique que ces sacrifices sont nécessaires pour la paix mondiale. Le tout est habilement imagé par les pièces d’un échiquier ; l’image des pions sacrifiables pour la survie du Roi et de la Reine est discernable ; après tout, les machinations politiques de Moriarty sont elles-mêmes un jeu d’échecs grandeur nature.

Alors oui, William est moins présent dans ce volume du fait que le fil conducteur se centrait autour du personnage de Moran et de son passé. Mais cela est résolu dans un dernier chapitre qui, par ailleurs, remet le duo Holmes/Watson sur les devants de la scène. Sherlock ressent le besoin amer de résoudre une nouvelle enquête qui peut le rapprocher à nouveau de ce fameux « Prince du crime ». L’introduction de cette nouvelle pièce de théâtre mise en scène par Moriarty trouvera sa conclusion au prochain volume mais on peut déjà entrevoir la joie morbide de Sherlock de pouvoir de nouveau résoudre une affaire qui vaut le détour.
  

Critique 1 : L'avis du chroniqueur

17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs