Critique du volume manga
Publiée le Lundi, 22 Juin 2015
On ne dirait pas comme ça, mais nous en sommes déjà à la moitié de Moonlight act en France, la série s'étant conclue au Japon en 29 volumes au printemps 2014. Kazé maintient le cap malgré les difficultés commerciales (très injustement) rencontrées par sa série, en nous proposant une édition travaillée, en particulier au niveau de la traduction déjantée et de l'encrage très propre, mais avec quelques coquilles.
L'arc lancé il y a quelques tomes, destiné à révéler les origines de Gekkô, se poursuit. Fait remarquable, Gekkô est totalement absent de ce tome...il me semble que c'est une première. Autre première dans la série, une dont je suis certain cette fois-ci : ce tome est de qualité discutable. Il faut croire que cela arrive même aux meilleurs !
Le scénario n'avance pas, alors même que l'on attend impatiemment le fin mot de l'histoire sur le passé de Gekkô, esquissé dans les précédents tomes qui eux, étaient excellents. L'auteur se concentre sur un fil conducteur quasi unique tout au long du tome : la protection du maillet enchanté, objet de toutes les convoitises, capable de résoudre un vœu insensé. Pour tout dire, le côté débridé et dingo totalement assumé de Moonlight act et de son auteur Kazuhiro Fujita, d'habitude si plaisant, montre ici ses limites. Ce tome est d'une linéarité étonnante, avec des combats à 3 (gentils) contre 2 (méchants). Certains pouvoirs semblent sortis du chapeau pour mieux facilite l'issue des combats, ce que l'on voit généralement dans de mauvais shonens, pas dans Moonlight act. Les personnages sont beaucoup trop nombreux, bien que tous intéressants et fous à lier. De gros problèmes de proportions apparaissent, avec cette impression que l'auteur ne gère plus grand-chose dans tout ce bazar, et il n'est pas rare que les transitions entre les cases ne soient pas très logiques, avec des personnages se trouvant à un endroit dans une case, alors qu'ils étaient à l'opposé lors de la précédente. Où est passé la maîtrise vue dans un Karakuri circus ?! Tout est beaucoup trop anarchique ici pour qu'on puisse en profiter.
Le scénario se contente de rester dans le manichéisme gentil contre méchant, s'éloignant de la profondeur et des moments intenses des tomes précédents, vus avec « La petite fille aux allumettes » et « Si le faisan n'eût point chanté ». Certaines situations semblent parodier les mauvais shonens tant elles sont clichées (spéciale dédicace aux Anciens, censés être les big boss chez les gentils, qui se libèrent de leurs chaînes, en affirmant qu'il fallait bien faire semblant d'être en déroute pour mieux se reposer pour le combat final...). De deux choses l'une : soit l'auteur parodie vraiment ces retournements de situation totalement neuneus, soit il en use lui-même par facilité.
Et que dire des derniers chapitres, dont les premières pages résument la situation en voix off (un reliquat de délais trop longs entre deux prépublications ?), qui font perdre pas mal de pages à l'auteur pour dynamiser son récit. Il n'y a que la fin qui étonne un peu, à travers du mauvais goût censuré.... mais on ne sait si le cliffhanger lancé est réellement prometteur ou pas pour la suite. Effectivement, en dépit du sort réservé à une Engekibu en mauvaise posture et sans aucune (re)tenue, il semble que le prochain tome ne différera pas beaucoup de celui-ci : il reste pas mal de gros ennemis, et une ribambelle de persos pour les affronter.
Voilà... après 14 tomes de grande qualité (et plus encore pour certains), ce quinzième opus étonne par sa linéarité, son manque de rigueur et d'idées. Fort heureusement, il reste les mimiques irrésistibles, l'humour totalement barré et le côté Alice au pays des mille et une nuits sous acide.
Espérons que l'auteur ne s'attarde pas trop sur les combats, qu'il peine à gérer correctement, dans le tome 16, pour se reconcentrer sur ce qui fait la force de son manga : ses personnages et son histoire.