Monstre d'Einstein (le) Vol.2 : Critiques

Renommé Fran depuis que le docteur-sorcier Einstein lui a donné son coeur pour qu'il survive, Lerew poursuit son voyage à travers le monde avec son ami, avec qui il a bâti une relation forcément fusionnelle. Et alors que le Doc commence déjà à en avoir marre du voyage en mer, leur embarcation finit par accoster sur une île où ils ne tardent pas à faire deux surprenantes découvertes: les traces d'une sorcière, mais aussi la présence d'un mystérieux monstre qui semble garder les lieux. La découverte d'un carnet leur apprendra bien assez vite que ces deux trouvailles sont profondément liées par une tragédie passée...

Cette tragédie concernent les deux figures qui vont être au coeur de la majeure partie de ce deuxième tome: d'un côté Micau, un jeune homme humain qui s'est échoué sur l'île, et de l'autre Tsachila, la sorcière qui l'a recueilli et l'a soigné. Dans les grandes lignes, la mangaka Ryu Miyanaga offre alors une histoire d'amour on ne peut plus classique, jusqu'à prendre des allures un peu shakespeariennes dès lors que débarquent les parents de l'humain avec leurs préjugés sur les sorcières. Le tout ne peut qu'aboutir à un drame où l'autrice a le mérite non seulement de ne rien enjoliver (ce sera cruel jusqu'au bout), mais aussi d'évoquer jusqu'à quelles extrémités dramatiques peuvent mener les préjugés sur ce qui est différent. Une idée dont Lerew et Einstein furent eux-même cruellement victimes dans le premier volume, rappelons-le.

Au bout de tout ça, on ne peut malheureusement pas dire que la quête de nos deux héros ait beaucoup avancé... mais peut-être que ce sera le cas ensuite ? En effet, la dernière partie du tome ouvre une nouvelle partie où Fran et le Doc, après avoir navigué sur une mer gelée, découvrent sur la banquise une sorcière à l'apparence juvénile qui rappellent rapidement au sorcier de vieux souvenirs, souvenirs qui avaient tout juste été évoqués en début de tome autour de l'énigmatique figure de Perote. L'heure semble alors venue d'en découvrir un peu plus sur le passé d'Einstein, dans un flashback qui devrait se poursuivre pendant le tome suivant... Mais justement, rappelons que ce prochain opus sera déjà le dernier, alors espérons que Ryu Miyanaga saura correctement rebondir dans son intrigue pour se diriger vers une conclusion honnête.

En somme, l'intrigue générale avance peu ici, les nouvelles haltes effectuées par le duo principal nous offrent des récits annexes certes assez prenants mais plutôt classiques et parfois même un peu maladroits dans leur narration (où quelques transitions sont quasiment inexistantes) ainsi que dans leur mise en scène (car les quelques brefs moments d'"action" sont plutôt confus au vu du dessin chargé de l'autrice)... Mais il est pourtant difficile de bouder son plaisir devant ce qui reste avant tout une belle claque visuelle, entre les ancrages profonds, les designs élaborés et les décors vraiment foisonnants. L'autrice n'a alors aucune difficulté à nous emporter dans son univers où, une nouvelle fois, on en prend toujours plein les yeux tout au long de ces 250 pages et quelques.