Monster Vol.8 - Actualité manga

Monster Vol.8 : Critiques

Critique du volume manga

Publiée le Lundi, 06 Septembre 2010

Johann doit assister à la présentation d'une collection d'ouvrages à la bibliothèque de Munich. Pourtant, il sait qu'il est visé par Tenma, ce dernier ayant décidé de le liquider. Ce volume 8 est placé sous le signe de la souffrance des personnages, sous toutes ses formes.

Tandis que Tenma se procure un fusil de sniper pour éliminer Johann, il est déjà confronté à ses démons : ôter la vie pour en sauver d'autres, en sera-t-il capable ? S'imposant une nouvelle hygiène de vie, c'est à un Tenma fatigué et usé que le lecteur fait face : le graphisme d'Urasawa est là pour illustrer ce personnage en plein déclin, avec des cernes sous les yeux, pris de nausées. Beaucoup de réalisme, et pas de pitié de l'auteur, pour cette descente aux enfers d'un personnage ô combien attachant !

Le commissaire Runge continue quant à lui de rechercher Tenma, en mettant la pression sur d'anciennes connaissances mais aussi en fréquentant un groupe d'hommes d'affaires japonais. Cela est l'occasion pour Naoki Urasawa de distiller une certaine dose d'humour, contrastant avec l'ensemble des autres chapitres. La dérision ne manque pas, beaucoup de clichés y passent : karaoké, boniments dans la présentation... Néanmoins, toute cette fête ne sert à Runge qu'à se rapprocher psychologiquement de Tenma pour le comprendre. Runge s'isole, néglige toujours plus ses liens familiaux : il veut être Tenma ! Un enquêteur totalement obsédé qui se laisse dépérir pour mieux résoudre une affaire : encore un personnage dont on devine la souffrance !

Mais Urasawa n'en reste pas là et va jusqu'à déstabiliser les lecteurs, puisque Johann, le jeune homme paraissant intouchable, est pris d'un... malaise hystérique à la vue d'un livre pour enfants tchèque ! Une place est aussi laissée à une perversité certaine dans ce volume. Dieter découvre que Johann a imposé un nouveau phénomène de mode chez les enfants bavarois : un jeu ravageur du « cap' ou pas cap' », duel entre deux enfants sur le toit d'un immeuble, celui étant pris de vertiges et tombant le premier étant le perdant ! Johann est donc à la fois renforcé dans son statut d'être abominable et affaibli par ce fameux malaise...

Notons encore l'apparition d'un passage tendant vers le tranches-de-vie, où Tenma fait la rencontre d'une demoiselle tenant une clinique dans un quartier pauvre, s'occupant des patients seule... et d'origine asiatique. Cela est l'occasion pour Urasawa de glisser une des répliques les plus fortes de la série et représentative de ce tome : « Quand on reste trop longtemps dans l'obscurité, on finit par s'y enfermer. Va vers la lumière ». Les personnages de Monster expérimentant tous la souffrance à leur manière seraient bien inspirés de se conformer à cette recommandation du médecin...

Urasawa n'oublie pas de se placer dans le contexte allemand. Tandis que Johann fréquente le quartier des junkies (le graphisme se renforçant soudain vers la violence morale), la jeune demoiselle tenant la clinique nous révèle que son père a été tué par des néonazis à cause de sa couleur de peau.

Ce tome étonnant par sa violence et sa diversité fait du livre tchèque une des clefs permettant de résoudre le mystère, et l'une des répliques cultes et redondantes de la série continue de faire des apparitions remarquées : « Regarde moi ! Regarde moi ! Le monstre qui est en moi est en train de grandir ! ». L'intérêt suscité par ce chef d'oeuvre du seinen grandit de même, toujours plus.


Critique 1 : L'avis du chroniqueur
RogueAerith
17 20
Note de la rédaction
Note des lecteurs